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Focus sur la construction : le BTP boosté par la demande sociale

Dans la réalisation d’hôpitaux, la modernisation du réseau routier ou l’alimentation en eau, les opportunités sont multiples, y compris pour les PME. Mais voilà, après les Chinois, les Turcs, les Espagnols et d’autres encore s’engouffrent dans les brèches laissées béantes par des Français, que le modèle de l’investissement à capital majoritaire algérien (la règle du 51/49) rebute.

L’État algérien a décidé d’affecter le plus gros des ressources budgétaires disponibles à la réalisation de projets d’habitat, d’équipements sociaux et de grandes infrastructures de base. Quelque 300 milliards de dollars avaient déjà été injectés dans les deux premiers programmes de développement entre 2001 et 2004 et 2 004 et 2009, ce qui avait permis de rattraper une part non négligeable du déficit en logements et équipements sociaux accumulé durant les années 1990.

Début 2011, environ 280 milliards ont été mobilisés dans le cadre du plan quinquennal en cours (2010-2014) pour réaliser les 2 millions de logements. Pour répondre à la demande sociale, les pouvoirs publics ont décidé de maintenir le cap en investissant massivement dans le bâtiment, les travaux publics et l’hydraulique (BTPH). Ne lésinant pas sur les moyens financiers en matière d’habitat, l’Etat algérien a réservé pas moins de 50 milliards de dollars. Près de 1,5 million de logements ont pu ainsi être mis en chantier, en attendant le lancement, dans le courant de cette année, de 650 000 autres unités.

Le bâtiment connaîtra un développement prodigieux avec la construction d’un nombre considérable d’équipements publics. Le programme officiel comprend ainsi la construction de 3 000 écoles primaires, 1 000 collèges, 850 lycées, 30 établissements d’enseignement supérieur, 172 hôpitaux, 377 polycliniques, 220 établissements de formation professionnelle, 340 bibliothèques, 44 théâtres, 12 conservatoires de musique et écoles des beaux-arts, 80 stades de football, 400 piscines et 750 complexes sportifs de proximité.

La part belle est également faite aux travaux publics et à l’hydraulique qui seront dotés d’un budget de 80 milliards de dollars pour réaliser 2 500 kilomètres de routes nouvelles, moderniser le réseau routier existant, construire 35 nouveaux barrages, 8 stations de dessalement d’eau de mer, 34 stations d’épuration et réaliser plus de 3 000 opérations d’alimentation en eau potable et d’assainissement des eaux usées.

Seule ombre au tableau : l’incapacité des entreprises algériennes à prendre efficacement en charge la réalisation de ces ambitieux programmes. Il faut en effet savoir qu’il n’existe en Algérie qu’une dizaine d’entreprises locales en mesure de livrer un millier de logements par an ou de réaliser de grandes infrastructures dans des conditions de délais et de qualité raisonnables. Plus de 200 000 logements seraient en attente d’entreprises de réalisation et environ 500 000 autres connaîtraient de longs retards de livraison, selon les affirmations d’un haut responsable du ministère de l’Habitat et de l’urbanisme, dont les propos ont été corroborés par les déclarations du Premier ministre algérien lors d’une récente visite de travail à Annaba.

D’où l’impérieuse nécessité de faire appel à de grandes sociétés de BTP étrangères, un recours jugé inévitable et « structurel » par les plus hautes autorités du pays. Le ministre de l’Habitat et de l’urbanisme s’étant engagé à lancer à très court terme 650 000 logements, en grande partie sous forme de cités intégrées comportant au minimum 8 000 logements chacune, il est bien évident que les petites et moyennes entreprises algériennes ne pourront concourir à leurs réalisations qu’à titre de sous-traitants de grands groupes étrangers appelés à les construire.

Dans un pays qui ne produit qu’une part négligeable des produits et des équipements de bâtiment et de travaux publics, la coopération étrangère est indis- pensable, non seulement pour construire, mais aussi pour fournir toute la panoplie des produits entrant dans la composition d’un logement. Le champ d’intervention des entreprises locales et étrangères est immense, car il y a matière à coopération pour produire localement les 2 200 articles (plomberie, électricité, revêtements, articles de menuiserie, etc.) nécessaires à la réalisation d’un logement, aujourd’hui acquis à l’étranger. L’importation de matériaux de construction et d’autres articles nécessaires à la construction de logements coûte, bon an mal an, entre 10 et 14 milliards de dollars par an à l’Algérie, on comprend l’intérêt que devrait susciter la fabrication locale de ces articles en partenariat avec des fournisseurs étrangers.

Dans sa nouvelle politique de réalisation de grandes cités, le ministère algérien de l’Habitat a choisi de confier les grands chantiers aux plus grandes firmes internationales de BTP, parmi lesquelles seraient d’ores et déjà sélectionnées une dizaine de groupes espagnols, portugais, turcs et libanais. Cette nouvelle orientation en matière de choix d’entreprises étrangères met fin à la domination des sociétés chinoises qui s’étaient accaparées, dans des conditions souvent défavorables à l’Algérie, des programmes d’investissements publics plusieurs années durant. Les sociétés chinoises qui emploient, selon l’ambassadeur de Chine en Algérie, 30 000 personnes, auraient réalisé environ 150 000 logements au cours de ces dix dernières années.

Nordine Grim

Batimatec : un salon professionnel pour développer des partenariats

L’ampleur de l’investissement public dans le secteur algérien du BTPH n’a évidemment pas échappé aux entreprises et Chambres de commerce et d’industrie françaises. C’est pourquoi elles multiplient les contacts pendant des forums et de grandes manifestations économiques comme le salon du Bâtiment, des Matériaux de Construction et des Travaux publics Bâtimatec. Lors de ce rendez-vous de l’industrie et de la sous-traitance, qui se tiendra du 4 au 8 mai prochains à Alger, 58 sociétés françaises y participeront, selon Sadek Stiti, Pdg de la société Bâtimatec Expo.

L’organisateur algérien déplore l’absence d’engouement des Français pour des partenariats industriels avec des entreprises algériennes. « Contrairement aux patrons espagnols, portugais, italiens ou allemands qui n’hésitent pas à conclure des contrats de partenariat industriel avec leurs homologues algériens, les entrepreneurs français semblent se complaire dans le rôle exclusif de fournisseurs de produits fabriqués dans l’Hexagone », tient à préciser notre interlocuteur, qui explique ainsi les nombreuses opportunités d’affaires ratées par les firmes françaises.

Ayant rapidement saisi l’appel pressant des autorités algériennes à produire localement le maximum de produits et d’équipements de BTP, de nombreuses sociétés turques, italiennes, espagnoles, allemandes ou chinoises ont déjà commencé à produire en partenariat avec des entreprises algériennes du matériel de travaux public, de l’outillage, et toute une panoplie de matériaux de construction et d’articles destinés au bâtiment et aux travaux publics. La dynamique semble être favorablement engagée en dépit de l’obstacle du 49/51 % imposé aux investissements étrangers. Seules les entreprises françaises ne semblent pas s’y accommoder, passant ainsi à côté de juteuses affaires.

N. G.

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