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Développement urbain : Medellín parie sur l’innovation

Capitale mondiale du crime au début des années 90, la ville de Medellín a entrepris une transformation à marche forcée. De grands projets de développement urbain ont été lancés et la municipalité fait un pari audacieux : faire de la ville le hub latino-américain de l’innovation.

Pendant plusieurs années, Medellín a été la ville de Pablo Escobar, des narcotrafiquants et de la violence. Les équipes municipales, qui se sont succédées à la tête de la ville depuis dix ans, ont profondément changé l’image de la ville en réalisant des investissements sociaux dans les quartiers les plus défavorisés, tout en améliorant la transparence. La municipalité a ainsi « reconquis » des territoires où les différentes bandes criminelles régnaient impunément, même si l’insécurité n’a pas été totalement éradiquée. Le taux des homicides est tombé de près de 381 pour 100 000 habitants en 1991, un record mondial, à moins de 30 actuellement. Les projets de développement urbain de la deuxième ville de Colombie (2,5 millions d’habitants) comportent une dimension d’« inclusion sociale ». La première ligne du téléphérique urbain (Métrocable), fourni par POMA, relie le quartier déshérité de Santo Domingo à une station de métro. Il permet à ses habitants d’éviter d’utiliser les autobus et de réduire de manière substantielle le temps passé dans les transports en commun. Des travaux d’urbanisme social (espaces verts, etc.) figurent également au projet. À cela s’ajoutent les centres d’éducation et de loisirs, les UVA. La rénovation urbaine a même donné lieu à un tourisme spécifique, celui des experts et visiteurs étrangers qui viennent constater sur place les progrès enregistrés. « Les habitants proches de la dernière station du téléphérique ont peint la façade de leurs maisons », explique un responsable de la municipalité.
En matière de transports urbains, Medellín fait figure de ville pionnière, et ce bien avant les années 2000. C’est en effet la seule ville de Colombie qui dispose d’un métro inauguré en 1995 (deux lignes, 28,8 km en tout). Une deuxième ligne du Métrocable a été inaugurée en 2008 et deux autres sont actuellement en travaux. Pour construire la première ligne du tramway (4,3 km), sur un terrain en pente, c’est la solution du tramway sur pneus de Translohr qui a été retenue. Le projet et les deux lignes du Métrocable bénéficient d’un financement de l’Agence française de développement (AFD). Le métro, le Bus à haut niveau de service (Metroplus), les lignes du Métrocable et le futur tramway constituent un système de transport intégré unique en son genre en Amérique latine.
La société EMTVA (Empresa de Transporte Masivo del Valle de Aburra), qui gère l’ensemble du système de transports urbains, envisage des investissements ambitieux dans le plan directeur 2006-2030. Le portefeuille de projets à l’étude inclut : une deuxième ligne de tramway (13,5 km), des extensions du métro, de nouvelles lignes de téléphériques, etc. Le rythme d’exécution dépendra, bien évidemment, des financements disponibles.
Il est  vrai que Medellín est une entité solide du point de vue financier. La ville est la capitale du département d’Antioquia, un des plus riches de la Colombie, et héberge les sièges sociaux de plusieurs grands groupes industriels et financiers. Les finances sont bien gérées et l’endettement est faible.
Autre particularité, la municipalité dispose d’un important secteur public dont le fleuron est EPM (Empresas Publicas de Medellín) qui opère les services de base : eau, assainissement, électricité, gaz et télécommunications. La société dispose de ses propres unités de production hydro-électrique et a investi en Amérique latine, devenant ainsi une « multilatina » colombienne. Surtout, EPM, qui est une société rentable, transfère chaque année une partie de ses dividendes à la municipalité. « La privatisation d’EPM n’est pas à l’ordre du jour », précise Felipe Hoyos, maire adjoint de Medellín, en charge des questions économiques. La municipalité a une marge de manœuvre appréciable pour réaliser des projets et envisage de poursuivre la transformation urbaine de Medellín. Il y a d’abord le projet du Parc de la rivière Medellín, qui consiste en un aménagement des berges du cours d’eau qui traverse la ville. La première étape (1 km) doit débuter en 2015. Le coût total du projet est estimé à 3,8 milliards de pesos (1,4 milliard d’euros) L’autre grand projet consiste à créer une « ceinture verte » sur le haut des pentes qui entourent la ville afin de bloquer la progression des constructions illégales tout en créant un espace de loisirs.
Mais la ville veut franchir une étape supplémentaire. « Nous voulons transformer Medellín en une ville innovante et entrepreneuriale », affirme Felipe Hoyos. Medellín est la seule ville de Colombie qui a mis en place un plan de développement de la science et de la technologie.
La municipalité est à l’initiative, conjointement avec EPM et l’entreprise de télécommunications UNE, de la création de Ruta N, une agence municipale pour le développement de l’innovation. « Nous avons sélectionné trois secteurs prioritaires : l’énergie, la santé et les TIC » explique dans un français parfait David Sierra, gérant des projets spéciaux de Ruta N et diplômé de l’École nationale des ingénieurs de Metz (ENIM). Le siège de l’agence est implanté dans ce qui sera le District de la science, la technologie et l’innovation, un véritable « quartier de l’innovation », sur un espace de 168 hectares dans la partie nord de la ville. Ce projet s’étale sur une période de dix ans. L’objectif est d’y héberger des entreprises innovantes et de créer près de 29 000 emplois. « Nous voulons être le hub de l’innovation en Amérique latine » explique Paulina Villa, gérante du projet.

Daniel Solano

Uraba se cherche un nouvel avenir

La région d’Uraba se trouve au nord du département d’Antioquia, autour du Golfe du même nom, et a une frontière commune avec Panamá. Connue pour être une zone de culture de bananes, l’Uraba a été aussi pendant plusieurs décennies une zone de non-droit, caractérisée par la violence et la prééminence des groupes illégaux.
Les autorités du département d’Antioquia ont mis en place un plan de développement de l’Uraba. Prenant appui sur le programme de construction d’autoroutes lancé par le gouvernement central, qui devrait désenclaver la région, le plan comprend plusieurs projets d’infrastructures, dont la création d’un port en eaux profondes sur la cote (« Puerto Antioquia ») et une zone franche à Apartado, déjà en fonctionnement.
« La construction d’infrastructures n’a pas de sens si en parallèle il n’y a pas de progrès en matière de développement local, de prise en compte de l’environnement et de la biodiversité, d’action sociale et surtout d’éducation qui est le moteur de la transformation sociale. Tout doit être mené en même temps » affirme Luis Fredy Mejia Betancur, gérant régional du projet de développement de l’Uraba. L’AFD appuie ce projet et apporte un appui technique en matière de valorisation de la biodiversité et développement de filières durables dans l’Uraba.

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