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Secteurs porteurs en Colombie : infrastructures, biens de consommation…

La Colombie offre des possibilités d’affaires dans une grande variété de secteurs, depuis les infrastructures jusqu’aux biens de consommation courants en passant par l’environnement et l’agroalimentaire. Dans la mesure où la dynamique de croissance devrait se maintenir pendant les années à venir, la Colombie devrait être un important marché porteur pour les entreprises françaises.

 

Infrastructures : des concessions dans les routes ou le fer

En matière d’infrastructures, le gouvernement a décidé de mettre les bouchées doubles, en accordant la priorité au réseau autoroutier. Le 31 octobre dernier a eu lieu la réception des offres pour le dixième projet de la première tranche des autoroutes dites « de quatrième génération » (4G). Les investissements prévus pour l’ensemble du programme, qui est piloté par l’Agence nationale de l’infrastructure (ANI) et qui comprendra en tout trois tranches, doivent s’élever à 47 milliards de pesos (18 milliards d’euros) en vue de réhabiliter 7 000 km.
« La deuxième tranche comportera quinze projets et le processus d’adjudications démarrera en février 2015 », affirme Maria Lorena Gutierrez Botero, secrétaire générale de la présidence de la République de Colombie, qui est en charge du suivi des affaires économiques. Le gouvernement table principalement sur la participation du secteur privé sous la forme de concessions.
L’enjeu est capital. Il s’agit de doter la nation d’un véritable réseau autoroutier moderne et d’abaisser le coût de la logistique. Dans le passé, plusieurs grands projets
ont été bloqués, en raison notamment de déficiences dans les études et la structuration des projets. Les responsables colombiens affirment que les leçons des expériences passées ont été tirées.
En même temps, ces investissements devraient dynamiser le secteur de la construction et contribuer à la croissance de l’économie nationale.
En matière d’aéroports, le projet de modernisation de celui de Bogota (El Dorado) est opérationnel et permet à la Colombie de disposer d’un véritable hub international. En septembre 2014, le gouvernement a lancé les appels d’offres pour la modernisation et l’extension de capacité des aéroports de plusieurs villes de province : Armenia, Popayán, Neiva et Barranquilla.
Le gouvernement a décidé également de relancer les concessions dans le secteur ferroviaire. La Colombie a eu dans le passé un des principaux réseaux ferroviaires d’Amérique latine. Après plusieurs années de déclin, des concessions ont été attribuées à la fin des années 90. L’un des concessionnaires, Fenoco, en charge de la Concession ferroviaire de l’Atlantique, construit actuellement une nouvelle ligne. De nouveaux projets seront lancés en 2015. Pour l’heure, le réseau ferré est utilisé principalement pour le transport du charbon depuis les mines jusqu’à la côte des Caraïbes.

 

Agriculture : la transformation, premier gisement à exploiter

« L’agriculture colombienne a un gros retard lié à l’insécurité. Si les accords de paix avec la guérilla se concrétisent, il y aura une grande expansion de ce secteur », affirme Alexandre Toulemonde, président de la Chambre franco-colombienne de commerce et d’industrie (CFCCI). La violence dans les campagnes a provoqué l’exode de 3,6 millions de paysans et a bloqué les investissements pendant plusieurs décennies. Un des principaux problèmes du secteur réside dans le fait que la moitié des propriétaires agricoles n’ont pas de titres de propriété.
Sans attendre la signature des accords de paix, le gouvernement du président Juan Manuel Santos a fait de l’agriculture un des secteurs prioritaires de son action. Le développement du réseau autoroutier devrait contribuer à faciliter l’écoulement des productions. Les initiatives se développent afin de développer des produits de qualité, notamment dans le café-cacao. Le gouvernement de la province d’Antioquia a lancé un programme d’appui aux caféiculteurs afin de leur permettre de développer des productions de qualité. Celles-ci sont présentées aux acheteurs internationaux qui sont demandeurs de ce type de variétés, dont le prix peut être plus de vingt fois supérieur à celui du cours ordinaire.
Le développement de l’agriculture devrait ouvrir des débouchés pour les entreprises françaises dans différents domaines : intrants, transfert de savoir-faire, vente d’équipements, appui à la structuration de filière, etc. Mais c’est surtout la transformation des produits qui ouvre des perspectives intéressantes. « La Colombie exporte presque exclusivement des produits bruts », souligne un consultant.

 

Biens de consommation : l’émergence de nouveaux acheteurs

« La consommation est très dynamique en Colombie et la classe moyenne représente le plus gros potentiel », affirme Olivier Pradet, directeur du bureau Ubifrance en Colombie. Comme d’autres pays d’Amérique latine, la Colombie a connu au cours de la période récente une transformation de la structure des revenus. Le taux de pauvreté est tombé de 49,9 % en 2002 à 34,4 % en 2011. Le nombre de personnes appartenant à la classe moyenne, définie comme ceux ayant un revenu quotidien compris entre 10 et 49 dollars (en termes de parité de pouvoir d’achat ou PPA) est passé de 16,3 % de la population en 2002 à 26,5 % (12,5 millions) pendant la même période. Si on ajoute les « émergents » ou « vulnérables » (36,8 % de la population, 17 millions), c’est-à-dire ceux qui sont sortis de la pauvreté sans pour autant atteindre le niveau de vie de la classe moyenne, on constate qu’il y a une masse critique de près de 30 millions, équivalente à environ 60 % de la population (47 millions au total).
Les statistiques colombiennes mettent en évidence une croissance de la consommation des ménages. Les ventes d’automobiles neufs ont été multipliées par cinq entre 2000 et 2012 (de 60 000 à 316 000) ; celles de motocyclettes par 10 (de 57 000 à 598 009) ; et celles de tablettes et d’ordinateurs importés par 73 (de 30 000 à 2,2 millions), selon les statistiques colombiennes.
Cette explosion de la consommation, dans un contexte d’ouverture aux importations, a créé un véritable d’appel d’air pour les marques de confection étrangères. Les Français en ont bien profité : dans les centres commerciaux colombiens on retrouve des boutiques Lacoste, Chevignon, Petit Bateau, Celio, etc. « Les marques étrangères se placent en moyen et haut de gamme », souligne Olivier Pradet. L’Occitane en Provence a fait une percée rapide et spectaculaire à Bogota avec 7 boutiques sur les 12 ouvertes en Colombie à ce jour.
Le phénomène nouveau est le développement de centres commerciaux hors des grands centres urbains traditionnels (Bogota, Cali, Medellín et Barranquilla). Des villes comme Manizales, Pereira, Neiva, Cucuta, sont désormais de nouveaux pôles de développement de la consommation des ménages.
Le potentiel du marché colombien est loin d’avoir été épuisé. Dans l’automobile, la marge de progression est réelle. Le taux de motorisation en Colombie est bien plus faible que dans les pays voisins : on compte 100 véhicules pour 1 000 habitants contre une moyenne de 193 en Amérique latine. « Nous tablons sur un marché de 500 000 véhicules à l’horizon 2020 », explique-t-on chez Sofasa, la filiale colombienne de Renault.

 

Environnement : combler le retard dans le traitement de l’eau et des déchets

« La Colombie a posé sa candidature pour intégrer l’OCDE et souhaite être exemplaire en matière d’adoption de standards internationaux en termes de protection de l’environnement », affirme Olivier Pradet, directeur du bureau Ubifrance en Colombie. Or, beaucoup reste à faire pour satisfaire cette ambition. Même si la Colombie est un pays très bien approvisionné en ressources hydriques, on estime que 50 % des ressources en eau sont non utilisables en raison de la pollution.
« Les habitants des villes colombiennes sont de plus en plus exigeants en ce qui concerne la qualité des produits et des services. La pression est forte », explique un expert. Le traitement des déchets est devenu une priorité pour les municipalités colombiennes, car elles accusent un gros retard, les décharges étant actuellement la destination principale. L’heure est à la recherche de solutions comportant une séparation et un traitement des déchets. Au siège de la société Empresas Publicas de Medellin (EPM), qui gère les services publics de la deuxième ville du pays, on reconnaît une ignorance complète dans ce domaine. « Nous souhaitons créer plusieurs unités de tri des déchets et sommes intéressés par la valorisation. Nous allons nous rendre en France en 2015, dans le cadre d’une mission organisée par l’Agence française de développement (AFD), afin de connaître le système français », explique Juan David Echeverri Rendon, directeur des Relations extérieures d’EPM.
La biodiversité est un autre atout de la Colombie. Ce pays se classe au deuxième rang mondial après le Brésil pour ce qui est de la diversité des plantes, avec plus de 50 000 espèces végétales. Il y a là une source d’ingrédients naturels pour toute une série d’activités : cosmétiques, aliments, chimie verte, engrais, biocarburants, etc. Au moment où les chimistes et l’industrie des cosmétiques souhaitent incorporer des produits naturels, la Colombie dispose d’une vraie opportunité, qu’elle souhaite valoriser dans le cadre de partenariats avec des institutions et des entreprises étrangères.

Daniel Solano

 

 

Témoignage

Claudia Betancur, directrice exécutive de Biointropic

« Nous nous sommes inspirés du modèle des pôles de compétitivité français »

Biointropic est une association créée en 2008 et basée à Medellín, qui rassemble six universités et trois entreprises colombiennes, en vue de favoriser des projets d’innovation collaboratifs. L’objectif est de valoriser les ressources de la biodiversité colombienne. « À court terme, nous travaillons dans trois domaines : l’agriculture, les aliments et la cosmétique », expose Claudia Betancur, directrice exécutive de Biointropic. Les possibilités sont immenses. Les ingrédients naturels peuvent fournir, par exemple, des biopesticides et s’inscrire ainsi dans le phénomène de substitution des produits chimiques traditionnels. L’açai, qu’on trouve dans la partie occidentale de la Colombie, est complémentaire de celui du Brésil. Il a comme ce dernier une série de propriétés (antioxydant, prévention de maladies, etc.). L’association peut intervenir à différents stades d’un projet et de différentes manières : chercher un partenaire industriel pour un laboratoire de recherche, assister les entreprises en matière de propriété intellectuelle, faciliter l’accès aux marchés, etc. Elle est résolument tournée vers l’extérieur et veut promouvoir des partenariats. « Nous souhaitons travailler l’Europe, car il y a une conscience de l’importance de la biodiversité, et la France est pour nous un partenaire stratégique. Nous nous sommes inspirés du modèle des pôles de compétitivité français », souligne Claudia Betancur. Biontropic a signé des accords de coopération avec plusieurs pôles : Cosmetic Valley et Vegepolys en 2011 et Valagro en 2014.
La valorisation de la biodiversité n’en est encore qu’à ses débuts en Colombie. Bien évidemment, la conclusion de la paix avec la guérilla ne pourra que donner une nouvelle impulsion. Pour les entreprises françaises, la Colombie pourrait donc être une source d’approvisionnement et le lieu de développement de projets conjoints de valorisation.

 

 

Matériel agricole : CFCAI perce dans le séchage et le nettoyage des grains

Fabricant spécialisé de matériel agricole, le groupe CFCAI a réussi une belle percée en Colombie. « À la fin de l’année, nous aurons installé cinq séchoirs, d’une capacité allant de 5 tonnes/heure de séchage de grains en flux continu jusqu’à 30 tonnes/heure, pouvant sécher 600 tonnes en une journée de travail », affirme Luis Felipe Gonzalez, responsable Amérique du sud de CFCAI, basé à Bogota. Six unités de pré-nettoyage et un équipement de classification très spécifique ont été également livrés. Tous ces matériels ont été importés et montés sur place grâce à une équipe locale qui assure également la maintenance. « La Colombie est confrontée à la nécessité urgente de développer son agro-industrie et d’adopter de bonnes pratiques en matière de production et de qualité », souligne Luis Felipe Gonzalez. L’innovation apportée en matière de séchage des grains (maïs, soja, riz, etc.) est une composante essentielle du succès de la société : il s’agit d’une solution avantageuse en termes d’efficacité et de coûts. « Il convient de souligner que la Colombie est également une plateforme d’entrée vers les marchés d’Amérique du sud et d’Amérique centrale », complète Luis Felipe Gonzalez.

 

Centres commerciaux : à la conquête des petites villes

L’augmentation du niveau de vie et l’élargissement de la classe moyenne concernent désormais les villes ayant au moins 100 000 habitants. En témoigne la vague actuelle de construction de centres commerciaux sur tout le territoire colombien. Selon l’Association des centres commerciaux de Colombie, 35 nouveaux centres commerciaux devraient être construits dans des villes, telles que Quibdo, Apartado, Cartago, Tunja, Palmira, Popayán, Ipiales, Manizales ou Anapoima, qui n’ont actuellement que peu ou pas de centres commerciaux. En Colombie, le centre commercial est le passage obligé pour une marque qui souhaite ouvrir une boutique, puisqu’il est pratiquement impossible de s’établir ailleurs. D’autre part, le centre commercial, qui est aussi un centre de loisirs et de promenade, apporte une fréquentation et une clientèle potentielle. Dans la mesure où les loyers des centres commerciaux des grandes villes ont tendance à grimper et, parfois, à atteindre des niveaux astronomiques, les « villes de province » sont des destinations à ne pas négliger pour les marques étrangères. À condition, bien sûr, que la demande soit au rendez-vous.

 

Vendre : les conseils du Groupe Exito aux PME françaises

Le Groupe Exito, dont Casino détient 62 % du capital, est le leader de la distribution moderne en Colombie avec 539 points de vente répartis sur tout le territoire national, y compris dans des villes petites et moyennes. « Il est très important d’offrir des produits nationaux provenant des différentes régions de la Colombie. Actuellement, 94 % de nos ventes sont générées par des produits achetés dans le pays », explique Felipe Da Silva, vice-président financier et administratif du Groupe Exito.
Le Groupe est intéressé par les produits importés dans la mesure où ceux-ci constituent un élément d’innovation et de différentiation. Les produits français représentent actuellement 1 % des ventes : il s’agit principalement d’articles de la marque Casino. Les vins, les biscuits et les fromages sont les principaux produits importés de France.
Felipe Da Silva adresse les recommandations suivantes aux entreprises qui souhaiteraient vendre en Colombie via le Groupe Éxito :
• Se renseigner sur les exigences techniques du Registre sanitaire de Colombie.
• Tenir compte du fait que, selon le type de produit, la documentation exigée peut varier.
• Étudier le marché pour identifier les possibilités réelles du produit.
• Enfin, il est recommandé de proposer des produits nouveaux et différenciateurs, c’est-à-dire des articles qu’on ne trouve pas sur le marché colombien.

 

Bus, métro… : les grandes villes ciblent le transport urbain

Après avoir opté de manière exclusive pour un système de Bus à haut niveau de service (BHNS), avec Transmilenio, arrivé aujourd’hui à saturation, la municipalité de Bogota a engagé un important changement d’orientation. Elle souhaite construire la première ligne du métro (27 km). Le projet, ayant fait l’objet de plusieurs études ces dernières années, a un coût évalué à environ 15 milliards de pesos (5,7 Mds d’euros).
Comme pour tous les projets de transport urbain, la principale contrainte est celle du financement. La municipalité travaille actuellement sur un schéma de financement et négocie avec le gouvernement central son degré de participation. La loi colombienne prévoit que ce dernier peut financer jusqu’à 70 % du coût d’un projet de métro. La municipalité souhaite lancer l’appel d’offres de construction en 2015.
D’autres projets de transports urbains sont envisagés dans la capitale, notamment un téléphérique urbain et un tramway. À Medellín (voir article précédent), la 1re ligne de tramway et deux lignes de téléphérique urbain sont en construction et il existe un important portefeuille de projets. Dans les autres grandes villes colombiennes qui ont fait le choix, comme Bogota, du BHNS, des évolutions sont constatées, comme à Cali où on envisage de se doter d’un train léger. « Les projets ne manquent pas : la principale contrainte réside dans la disponibilité de financements », explique un expert.

 

 

 

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