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Guide business Pologne 2014

La Pologne a su utiliser les fonds de cohésion pour rattraper une partie de son retard économique. Mais dans six ans la manne européenne sera réduite. Varsovie doit donc inventer un modèle économique, ne reposant pas seulement sur l’investissement étranger, mais aussi sur l’innovation et le capital humain.


Il y a dix ans, la Pologne est entrée de plain-pied dans l’Union européenne (UE) avec neuf autres pays (Chypre, pays baltes, etc.). « C’est aujourd’hui la success story de la vague d’adhésion de 2004 », assure à Varsovie l’ambassadeur de France Pierre Buhler. Il est vrai que le niveau de développement de ce pays par rapport à la moyenne européenne est passé entre-temps de 44 % à 67 %. 

Pourtant la politique libérale imprimée par Donald Tusk, Premier ministre depuis 2007, n’aura pas permis de gommer de fortes disparités entre régions de l’ouest et de l’est. « S’il y a un échec de la politique économique du gouvernement, c’est peut-être l’écart de développement entre les régions occidentales, les plus développées et appelées Pologne A, et celles qui restent pauvres à l’est, qualifiées de Pologne B. C’est pourquoi jusqu’en 2020 plus d’argent européen va être déversé sur les régions, ce qui signifie plus de fonds aussi donnés aux municipalités », explique Ignacy Niemczycki, Senior analyste pour les Affaires européennes au think tank Polityka Insight (émanation du journal Polityka). 

Quand la Pologne a commencé à bénéficier des fonds de cohésion européens – attribués aux États membres dont le revenu national brut (RNB) est inférieur à 90 % de la moyenne communautaire –(12,9 milliards d’euros entre 2004 et 2006 et 67,3 milliards de 2007 à 2013), « les disparités régionales existaient déjà. Nous ne pouvions pas tout concentrer sur les régions pauvres, c’est tout le pays que nous devions maintenir et développer. C’est pourquoi nous nous sommes efforcés d’offrir à la population les conditions pour améliorer sa productivité au travail et d’obtenir des services de qualité en matière d’infrastructures bien sûr, mais aussi de santé ou d’éducation », plaide Piotr Popa, le porte-parole du ministre des Infrastructures et du développement (en charge notamment des fonds de cohésion). 

Le 8 janvier, le Conseil des ministres à Varsovie a adopté le projet d’accord de partenariat entre la Pologne et la Commission européenne, ainsi que les programmes opérationnels pour les années 2014-2020, représentant une enveloppe globale de 82,5 milliards d’euros, répartis entre six programmes nationaux (45,6 milliards) et un régional (31,2 milliards). Ces différents documents font maintenant l’objet de négociations avec l’exécutif européen dont la durée est estimée au plus à six mois. « Nous avons décidé aussi de décentraliser la gestion des fonds. Elle était de 35 % entre 2007 et 2013 et sera de 40 % de 2014 à 2020 », promet Piotr Popa, qui pointe aussi le fait que son ministère gère directement un petit plan de 2,1 milliards de fonds de cohésion en faveur de la Pologne orientale. 

Toutefois, à l’échelon central, ce sont les infrastructures, avec plus de 60 % du total, soit 27,5 milliards d’euros, qui se taillent la part du lion. « À la demande de la Commission européenne, le chemin de fer sera une priorité, mais à mon avis la route sera encore privilégiée. Non pas qu’il s’agisse de réaliser de grands ouvrages, des autoroutes notamment, mais le pays a un besoin criant de voies express, de routes nationales, de ronds- points ou de périphériques », observe Cezary Saganowski président du Conseil d’administration d’Egis Poland, filiale du spécialiste d’ingénierie français Egis. Certaines infrastructures figureront plutôt dans le programme de développement de la Pologne orientale. Un ouvrage attendu de tous les acteurs économiques est la route vers la Russie entre Varsovie et Moscou. 

« Lors de la précédente période 2007-2013, les fonds de cohésion européens ont été engagés à 97 % », pointe Konstancja Piatkowska, directrice adjointe du département en charge de coordonner l’engagement des fonds européens au ministère des Infrastructures et du développement (MID). Or, « on estime que chaque année en moyenne 1 % de la croissance économique a été générée par les fonds européens », rapporte Iwona Chojnowska-Haponik, directrice des Investissements étrangers à l’Agence polonaise d’information et d’investissement étranger (PAIiIZ).
 
La réalisation d’infrastructures, synonymes de grands contrats, a été un aimant incontestable pour les investissements directs étrangers (IDE). « Les opérateurs internationaux sont venus ici pour produire, exporter en Europe de l’Ouest, puis en Europe de l’Est et de plus en plus pour livrer le marché domestique », se félicite la francophone Iwona Chojnowska-Haponik. En 2012, les IDE cumulés ont dépassé les 178 milliards d’euros, dont 93,5 % en provenance de l’Union européenne, 31,7 % dans la production et 24,3 % dans le secteur financier. 
Parmi les grands projets lancés entre 2007 et 2013, figure le terminal portuaire de gaz naturel liquéfié (GNL) de Winoujscie, à l’extrême nord ouest, à la frontière avec l’Allemagne. Cet ouvrage en voie d’achèvement s’inscrit dans la politique d’indépendance énergétique du gouvernement Tusk. Dans le mix énergétique de la Pologne, le gaz est utilisé pour le chauffage et la chimie et ne représente que 4 %. Mais il est importé à 70 %, directement ou indirectement, de Russie, et, à raison de 400 dollars par 1 000 m3, il se révèle onéreux, traduisant ainsi la politique de Moscou vis-à-vis d’un pays souvent critique et, de surcroît, proche du pouvoir actuel en Ukraine.

« Le reste, ce sont les énergies renouvelables et surtout à 87 % le charbon pour produire de l’électricité, ce qui explique les interrogations au niveau de l’État sur le nucléaire et l’utilisation du gaz de schiste, très présent, semble-t-il en Pologne », expose Jean-Marc Fenet, chef du Service économique régional pour l’Europe centrale et balte. Avec son charbon, la Pologne est le mauvais élève de l’UE en matière de pollution. Et Varsovie bloque toujours les ambitions de ses partenaires de baisser les émissions de carbone. Le gouvernement a, d’ailleurs, indiqué qu’en 2060 60 % de son électricité dépendra du charbon. « Il y aura certainement des investissements dans les énergies renouvelables, mais pas autant qu’en Allemagne, en France ou au Royaume-Uni », prévoit donc Ignacy Niemczycki. En fait, « toutes les options sont ouvertes, affirme Adam Czerniak, chef économiste à Polityka Insight. Un jour, on dit vouloir investir dans le charbon, puis, un autre, dans le nucléaire. Or, tout est coûteux et c’est une vraie préoccupation pour les sociétés étrangères ».
 
Aujourd’hui, les 10 milliards d’euros de fonds européens que reçoit la Pologne chaque année compte pour 50 % dans l’investissement public, ce qui fait dire à certains observateurs économiques que le modèle de développement de ce pays est « peu innovatif ». La main-d’œuvre est bien formée, polyglotte, pas chère. Les salaires augmentent de 3 % par an et le salaire moyen brut dans le secteur privé atteignait 922 euros fin février, selon l’Office des statistiques (GUS). « Le salaire horaire chargé est encore de 7,50 euros », remarque Michel Oldenburg, directeur du bureau Ubifrance à Varsovie.
 
Toutefois, il n’est que de 2,50 euros en Roumanie. Donc, la Pologne n’a d’autre option que d’accroître la recherche et le développement (R&D). Or, publique et privée cumulée, elle contribue juste à 0,77 % du PIB, soit plus deux fois moins que la moyenne européenne. Avec les différents programmes nationaux de R&D (8,6 milliards de fonds européens), d’apprentissage et formation (4,4 milliards) et de télécommunications et nouvelles technologies (2,3 milliards), le MID vise ainsi à faire passer ce taux à 1 % en 2023, à favoriser le rapprochement de l’Administration avec l’enseignement et le secteur privé et à faciliter l’accès à l’Internet large bande ou à des services publics numériques. Le tout pour augmenter la productivité. 

De notre envoyé spécial en Pologne François Pargny

 

Chiffres clés

Superficie : 312 679 km²
Population : 38,533 millions d’habitants (au 1er janvier 2013)
Produit intérieur brut (PIB) : 391 milliards d’euros en 2013
Croissance économique : 1,6 % en 2013
Inflation : + 0,7 % (février 2014)
Importations : 154, 436 milliards d’euros en 2013
Exportations : 152, 134 milliards d’euros en 2013

Sources : Office des statistiques (GUS), GTA/GTIS (Douanes polonaises)

 

Pour découvrir la carte sur l’évolution et le niveau de développement de 16 régions polonaises cliquer ici

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