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Deux questions à Frédéric Donier, directeur général du cabinet de conseil franco-brésilien Crescendo Kea & Partners

Le Moci. Quelle évaluation portez-vous sur le partenariat stratégique de 2008 et sa mise en œuvre jusqu’ici ?

Frédéric Donier. Mon évaluation est positive pour le sens France-Brésil. Au-delà du volet défense, je constate sur le terrain un regain d’intérêt des entreprises françaises envers le Brésil. En revanche, dans le sens Brésil-France, je n’ai pas vu d’inflexion.

Les entreprises de taille intermédiaire (ETI) se sont enhardies. Avoir des positions hors d’Europe devient un impératif stratégique et le Brésil est un BRIC [Brésil, Russie, Inde, Chine] accessible culturellement. Des ETI de différents secteurs (pharmacie, alimentaire, logistique, manufacture, services, etc.) y prennent pied. Les grands groupes français continuent quant à eux de renforcer leurs positions. 

Je distinguerais deux phases du partenariat stratégique : la première a été la « lune de miel », de 2008 à 2010. Les relations personnelles Lula-Sarkozy ont fait la différence. Dans la tourmente de la crise des subprimes, le Brésil a été perçu comme un eldorado, poussé par une croissance exceptionnelle du PIB de 7,5 % en 2010. Avec l’arrivée au pouvoir de Dilma Rousseff début 2011, le partenariat entre dans une phase moins « glamour » et plus opérationnelle. Au Brésil, l’heure est à l’austérité budgétaire, le programme de renouvellement des avions de chasse (FX-2) est gelé […]. Dilma, plus technicienne que Lula, approfondit les dossiers et privilégie la politique intérieure. Afin d’entretenir la relation bilatérale, Alain Juppé, Michèle Alliot-Marie [ministres des Affaires étrangères français] et François Fillon [Premier ministre] se sont succédés au Brésil en 2011.

Le Moci. Quels doivent être à votre avis les éléments de la relation France-Brésil au cours des années à venir ?

Frédéric Donier. L’enjeu, pour les deux pays, sera de faire vivre le partenariat de 2008, pas de le contempler. Ni la France, ni le Brésil ne souhaitent de relation exclusive. Le Brésil a multiplié les partenariats stratégiques avec l’Italie, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, la Malaisie, etc. L’influence des États-Unis s’est réduite. Sur le volet de la défense, un rebond français est possible sur le programme FX-2. Il faut pour cela que Dassault conclue favorablement les négociations en Inde et que les transferts de technologie français avec le Brésil signés en 2008 avancent conformément à ce qui a été prévu. Il paraît souhaitable que la France approfondisse l’effort d’attraction d’entreprises brésiliennes sur son sol. Les investissements français au Brésil vont continuer de prospérer naturellement. Sur le long terme, l’éducation est le volet qui pourra consolider durablement les relations. Former en France le plus grand nombre de talents brésiliens fera une énorme différence dans une génération. 

Propos recueillis par D. S.

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