fbpx

Moci communication Kazakhstan 2019. Le pari des énergies renouvelables

Aussi étonnant que cela puisse paraître pour un pays dont le sous-sol regorge de pétrole, d’uranium et de charbon, le Kazakhstan s’est lancé dans une ambitieuse politique de conversion aux énergies renouvelables. Dans la filière solaire, les entreprises françaises apportent expertise et savoir-faire.

 

 

Pendant l’été 2017, Astana (future Noursoultan) a accueilli une gigantesque exposition internationale qui a réuni 115 pays et 22 organisations internationales autour du thème de « l’énergie du futur ». Soucieux d’attirer les investisseurs étrangers, le Kazakhstan avait mis les bouchées doubles, créant un éco-quartier de 25 hectares pour accueillir les participants et qui héberge désormais le nouveau « centre d’efficacité énergétique de Noursoultan ». Smart grid pilotant la production et la consommation d’électricité, ventilation s’adaptant au nombre de personnes présentes dans une pièce, éclairage intelligent… l’efficacité énergétique était à l’honneur (et le pavillon français l’un des plus grands de cet événement). Montant total de l’investissement : entre 3 et 5 milliards de dollars. Une démarche qui peut paraître paradoxale pour un pays dont l’économie dépend en grande partie des exportations de pétrole et dont 80 % de l’électricité produite est issue de centrales à charbon. Et pourtant…

 

Une politique ambitieuse
Conscientes de la nécessité environnementale d’une conversion aux énergies renouvelables et soucieuses de ne plus dépendre du cours mondial des hydrocarbures, dont les gisements finiront un jour par se tarir, les autorités kazakhstanaises ont impulsé en 2013 une ambitieuse politique en lançant la « Stratégie de transition du Kazakhstan vers une économie verte ». Celle-ci a pour but de porter la part d’énergies renouvelables à 3 % de la consommation nationale en 2020 (elle est aujourd’hui sous la barre du 1 %), à 30 % en 2030 et à 50 % en 2050. Comment ? En attirant sur son marché les investisseurs et entreprises étrangers.

En 2009 et 2013, le Kazakhstan a promulgué deux lois qui ont introduit des préférences d’investissements pour les projets dans les énergies renouvelables ainsi que des tarifs fixés de rachat d’électricité (« feed in tariffs ») pendant 15 ans. Le Gouvernement a complété ce dispositif en introduisant une indexation partielle du tarif de rachat en devise forte et en créant un fonds de réserve pour couvrir les pertes à court terme. « Avec l’appui des organisations internationales, le gouvernement a fait un travail important pour améliorer le régime juridique des énergies renouvelables » affirme Vitalie Vremis, Représentant résident adjoint du PNUD au Kazakhstan.

 

Un potentiel considérable
Pays de steppes, le Kazakhstan est battu par les vents. Dans les régions de la capitale et de Fort-Shevchenko qui représentent seulement 5 % de la surface du territoire kazakhstanais, l’énergie éolienne suffirait à couvrir l’ensemble des besoins électriques du pays. Une aubaine pour développer une filière, en particulier dans les régions septentrionales et centrales ainsi qu’au bord de la mer Caspienne. Et un défi logistique pour acheminer sur place des éoliennes dans un pays qui n’a pas accès à une mer ouverte, dont le réseau de transport intérieur est encore faible et dont les températures oscillent entre moins et plus 50 °C. Des obstacles qui n’ont pourtant pas arrêté Eni et GE Renewable Energy. Les deux entreprises ont annoncé en septembre 2018 leur collaboration pour fournir au Kazakhstan son plus grand champ d’éoliennes dans la région d’Aktobe, dans le Nord-Ouest du pays. Avec une capacité totale de 48 MW, il devrait permettre d’augmenter de 25 % la capacité de production nationale d’électricité éolienne.

L’hydroélectricité n’est pas en reste. Avec 15 centrales d’une capacité supérieure à 50 MW (dont six datant de l’ère soviétique et d’une capacité totale de 2,5 GW), elle représente 9 % de la production d’électricité. Plus récemment, les autorités ont opté pour des infrastructures de taille moins importante. 27 petites et moyennes centrales totalisant 200 MW ont été mises en service. Le climat kazakhstanais, très ensoleillé, favorise également le développement de la filière solaire en particulier dans le sud du pays. Son potentiel atteindrait entre 3,9 et 5,4 TWh soit 5 % de la consommation annuelle d’électricité. La France s’intéresse de près à ce secteur depuis 2010. Kazatomprom et le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) ont signé un accord sur des projets de recherches communs dans le photovoltaïque.

 

Forte implication de la BERD
Pour l’instant, l’énergie solaire ne représente que 209 MW ce qui laisse augurer une belle marge de progression. Il semble que le mouvement soit en marche vers le développement de cette filière, notamment grâce aux financements de la Banque européenne de reconstruction et de développement (BERD), très impliquée dans le développement des énergies renouvelables en Asie Centrale. Au Kazakhstan, les financements passés et en cours de la banque dans les énergies renouvelables atteignent deux milliards de dollars ayant permis le lancement de 32 projets. Ainsi, c’est en partie grâce à un prêt de 53 millions de dollars que la plus grande station solaire du pays, construite par l’allemand Solarnet, a pu sortir de terre et entrer en production en janvier 2019. Ses 307 664 panneaux solaires installés sur un terrain de plus de 160 ha la dotent d’une capacité de 100 MW. La BERD finance également la construction, actuellement en cours, de deux importantes stations solaires de 50 MW chacune dans la région de Zhambyl. En septembre 2019, la banque a annoncé une extension de 300 millions d’euros de ses financements dans les énergies renouvelables au Kazakhstan.

Cependant, malgré l’énorme potentiel de ce pays dans les énergies renouvelables et les efforts consentis par le Kazakhstan pour fournir un cadre législatif solide aux investisseurs étrangers, peu de projets ont vu le jour en dehors de ceux financés par la BERD. Dans ce contexte, le pays a adopté fin 2017 une loi mettant en place un système d’enchères pour le rachat d’électricité issu des énergies renouvelables qui a commencé à fonctionner à partir de mai 2018 en régime pilote. Malgré ces freins, le secteur des énergies renouvelables au Kazakshtan, encore embryonnaire, a de beaux jours devant lui et accueille l’expertise des investisseurs étrangers à bras ouverts.

 

Les entreprises françaises à l’assaut du secteur photovoltaïque

Total Eren, filiale du groupe pétrolier spécialisée dans les énergies renouvelables, a fait en juillet 2019 une entrée remarquée sur le marché solaire kazakhstanais en annonçant le début de deux chantiers qui fourniront à terme une capacité totale de 128 MW. La centrale Nomad (région de Kyzylorda) et M-KAT (Zhambyl) doivent entrer en exploitation d’ici à la fin de l’année. Cette filière en pleine expansion a également attiré des entreprises françaises de taille plus modeste, à l’instar de EMC Technologies. Cette entreprise grenobloise de 365 salariés qui fabrique des lignes de production clef en main pour l’industrie photovoltaïque signe en 2011 un premier contrat de 38 millions d’euros pour la livraison d’une dizaine de fours de cristallisation, nécessaires au travail du silicium utilisé pour la fabrication de panneaux. Dans la foulée EMC Technologies installe une ligne de production de panneaux solaires. Depuis, l’entreprise iséroise a fait fructifier cette première expérience. Elle a ainsi signé en 2017 un accord de partenariat avec un partenaire chinois pour la construction d’une centrale solaire de 12 MW pour un coût de 20 millions de dollars dans la région de Mangystau (sud-ouest du pays). Après un premier contrat en 2012 pour la couverture d’une toiture de panneaux solaires, la PME montpelliéraine Urbasolar (rachetée en juillet 2019 par le groupe suisse Axpo) procède actuellement à la mise en service d’une station solaire de 14 MW qu’elle a conçue, construite et financée. Il s’agit de la première centrale photovoltaïque réalisée avec des financements entièrement privés. Une tendance forte de ce secteur qui suit la volonté de l’État de se désengager de l’économie.

Dernière édition

Bienvenue !

Connectez-vous

Créer un compte

Merci de compléter le formulaire

Réinitialisez votre mot de passe

Veuillez saisir votre nom d'utilisateur ou votre adresse e-mail pour réinitialiser votre mot de passe.