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Où exporter en 2017 ?

En ce début d’année 2017, les incertitudes qui planent sur l’économie et le commerce mondiaux sont telles qu’il n’est pas évident de répondre à la question : « Où exporter en 2017 ? ». La crainte d’un engrenage protectionniste est réelle. Il reste toutefois que cette année est aussi perçue comme une année de reprise et que de nombreuses opportunités vont être à saisir pour les exportateurs français.

Avec un taux de croissance anticipé par le FMI de 3,4 % en 2017, après 3,1 % en 2016, la croissance de l’économie mondiale est en phase de reprise (tableau ci-dessous). Et le commerce international devrait suivre : sa croissance en volume est attendue à + 3,8 %, soit une vive reprise après le très modeste + 1,9 % enregistré l’an dernier. D’après Euler Hermes, la demande supplémentaire adressée à la France, bien qu’amputée des effets du « Brexit », atteindra tout de même 28 milliards d’euros.

Tableau ou exporter

 

Faut-il craindre une montée du protectionnisme ?

Une ombre plane toutefois sur ces perspectives positives : faut-il craindre une montée du protectionnisme ? En réalité, ce phénomène remonte à la crise de 2008-2009. Depuis, le nombre de mesures protectionnistes prises par les États, et en premier lieux les pays membres de l’OCDE qui pèsent 85 % du PIB mondial, n’a cessé d’augmenter tandis que la montée du rejet de la mondialisation libérale dans les opinions publiques s’est traduite par une remise en cause du libre-échange tel qu’il était promu jusqu’à présent, en particulier aux États-Unis et en Europe. Le « yes » britannique au « Brexit » le 23 juin 2016 et l’élection de Donald Trump à la présidence américaine en sont une illustration. Dans un rapport publié le 21 juillet 2016, l’OMC constatait que depuis octobre 2008, sur les 2 800 mesures de restriction commerciale accumulées par ses membres, seulement 25 % avaient été supprimées… Entre mi-octobre 2015 et mi-mai 2016, 22 nouvelles mesures protectionnistes en moyenne ont été prises chaque mois contre 15 durant la période précédente !

« Du multilatéralisme, on est passé au bilatéralisme et aujourd’hui, c’est le chacun pour soi », déplorait Frédéric Sanchez, président du directoire du groupe Fives et de Medef International, lors des Universités du Medef le 30 août 2016. Les saillies verbales de Donald Trump à l’égard de partenaires commerciaux traditionnels des États-Unis – remise en cause de l’Alena (Accord de libre-échange nord-américain) et mesures anti-immigration qui visent le Mexique, soutien du « Brexit », agressivité vis-à-vis de l’UE, de la Chine et du Japon… – vont-elles se traduire par des mesures concrètes ? Pour l’heure, si le président américain a bien décrété, le 4 février, le retrait de son pays du projet de Partenariat transpacifique avec onze autres pays**, qui avait été scellé l’an dernier par son prédécesseur, ce geste à surtout une portée politique car non encore ratifié par le Congrès, cet accord n’était pas en vigueur. De même, la dénonciation de l’Alena s’est transformée en renégociation… Il confirme néanmoins la volonté de la nouvelle administration de retourner à une politique bilatérale, loin de la stratégie d’accords de libre-échange plurilatéraux ou régionaux. En témoignent les déclarations plus tempérées enregistrées lors de la visite du Premier ministre japonais aux États-Unis, les 11-12 février.

Chantrieux

Évolution de la production dans les pays avancés
De loin inférieure à la production mondiale, l’activité dans les pays avancés, selon le Fonds monétaire international (FMI), va se maintenir au-dessus du niveau de 2016 pendant les deux années suivantes, tout en restant inférieure à celui de 2015. Champion de l’activité économique en 2015 et 2016, après un ajustement drastique, l’Espagne va retrouver un niveau de progression de son produit intérieur brut (PIB) inférieur à 2,5 % à la fin de cette année. Si ses performances demeureront bien supérieures à la moyenne dans la zone euro, en revanche, en Amérique du Nord, elle sera rattrapée en 2018 par le Canada et même dépassée par les États-Unis. Hors zone euro, la hausse du PIB va reculer au Royaume-Uni, qui sera ainsi dépassée en 2018 par les deux grands États membres de l’Union européenne, France et Allemagne. Enfin, d’après le FMI, l’activité continuera à tourner au ralenti en Italie et encore plus au Japon.

 

Dans l’attente d’une clarification sur les « taxes aux frontières »

À Paris comme à Bruxelles et dans de nombreuses capitales du monde, on attend tout de même les fameuses « taxes aux frontières » que le nouveau président américain a brandies contre les pays soupçonnés de détruire de l’emploi sur le sol américain, en premier lieu la Chine (jusqu’à 45 %) et le Mexique (jusqu’à 35 %). « La première question qui se posera sera leur compatibilité avec les règles de l’OMC », a observé Thomas Courbe, directeur général adjoint du Trésor, début février. Mais la menace n’est pas prise à la légère : la DG Trésor étudie divers scénarios incluant la politique budgétaire et monétaire.

« Tout cela montre qu’il y a le retour d’une sorte de patriotisme économique », concède Jean-Baptiste Velut, maître de conférences en civilisation américaine à l’Université de Paris III Sorbonne. Mais jusqu’à présent, il a surtout été fait d’effets d’annonce. « Beaucoup d’entreprises communiquent sur le reshoring, la relocalisation de leur production aux États-Unis, mais elles profitent d’un effet d’aubaine pour communiquer » estime le chercheur, qui reste convaincu que la désindustrialisation des États-Unis s’explique davantage par le progrès technologique que par le libre-échange.

En matière d’ajustement fiscal aux frontières, l’administration Trump pourrait se heurter à des obstacles de taille non seulement à l’OMC, mais aussi chez elle, au Congrès, en premier lieu, et dans les milieux d’affaires américains qui disposent de puissants outils d’influence comme l’US Chamber of Commerce (Amcham) ou encore la National Association of Manufacturers (NAM). Les États-Unis pourraient plus sûrement avoir recours aux instruments de défense commerciale traditionnels tels que les mesures anti-dumping ciblés sur des produits précis. Quant à la Chine, elle n’est pas le Japon des années 80 et ne se fera pas dicter sa politique : « La Chine n’a pas besoin du parapluie américain, elle est dans une phase montante, remarque à cet égard Jean-Baptiste Velut. Xi Jinping voulant prolonger son mandat à la tête du parti, il ne se laissera pas marcher sur les pieds ». De fait, les relations avec la Chine constitueront, pour lui, le véritable test « du degré de protectionnisme américain ».

À cet égard, Donald Trump n’arrive pas en terrain vierge : les États-Unis avaient déjà, sous le mandat de Barrack Obama, durci le ton avec Pékin à travers la multiplication des mesures anti-dumping (acier, panneaux solaires, notamment) et le refus du Congrès de voter en faveur de l’octroi du statut d’économie de marché à l’OMC. Quid de l’Union européenne ? « L’UE dispose d’outils pour réagir ». À condition qu’elles s’en servent. Dans ce contexte, les exportateurs européens et français en particulier, s’ils devraient rester en position d’attente sur le marché américain en attendant une clarification de la politique commerciale, devraient continuer à explorer les opportunités de la reprise qui touche de nombreux pays.

Christine Gilguy

* Australie, Brunei, Canada, Chili, Japon, Malaisie, Mexique, Nouvelle-Zélande, Pérou, Singapour, et Vietnam
**OMC, Rapport sur l’évolution récente du commerce, 25 juillet 2016. Sur www.wto.org

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