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Trois questions à Philippe Bonnevie, délégué général de l’AUTF

Le Moci. Comment les entreprises voient-elles le fret aérien aujourd’hui ?

Philippe Bonnevie. Elles cherchent à réduire l’importance du fret aérien pour des raisons d’économie et, pour certaines, afin de réduire leur empreinte carbone. Ce faisant, elles reconfigurent leur logistique et revoient même parfois leurs plannings de production pour basculer au maximum leurs flux sur le maritime. C’est vrai aujourd’hui même dans des domaines traditionnellement gros consommateurs de transport aérien comme les spiritueux ou les produits pharmaceutiques. A contrario, les produits à très forte valeur ajoutée, à durée de vie très courte ou devant respecter de fortes contraintes de respect de la chaîne du froid ou de sécurité restent fidèles au fret aérien.

Mais certaines entreprises ont supprimé la ligne budgétaire « fret aérien », réservant ce dernier aux cas exceptionnels et au dépannage. Et même si la grande majorité du « general cargo » peut embarquer sur des avions passagers, la stratégie des compagnies généralistes, avec la nette diminution des vols tout cargo, a des conséquences pour un certain type de fret. Dans le sens Asie-Europe, on relève aussi des problèmes de capacité. Nous sommes dans une période où il y a à la fois une baisse des tonnages et une baisse des capacités, ce qui traduit bien le fait que le périmètre de pertinence du fret aérien s’amenuise. 

Le Moci. Les chargeurs se plaignent régulièrement du niveau des surcharges. Quelle est la position de l’AUTF sur ce sujet ?

Philippe Bonnevie. Dans certains cas, les surcharges atteignent plus de 50 % du taux de fret de base ! 
Or, sur ce point, le secteur manque cruellement de transparence. J’en veux pour preuve les condamnations successives pour entente entre les transporteurs aériens d’une part et entre les commissionnaires de transport d’autre part. Sur ce dossier, la position de l’AUTF (l’Association des utilisateurs de transport de fret) est de demander la transparence des coûts et d’exprimer le souhait que les surcharges, éléments constitutifs des coûts de revient des transporteurs, puissent être intégrés dans les taux de fret en fonction de la politique d’achat de chaque chargeur. 

Le Moci. Qui est responsable de ce manque de transparence ?

Philippe Bonnevie. Les compagnies sont dans une situation beaucoup plus difficile que les gros commissionnaires internationaux. Ces derniers peuvent négocier un prix forfaitaire avec les compagnies et c’est légitime. Mais ils utilisent ensuite les niveaux de surcharge répertoriés sur le marché pour gonfler leurs prix et augmenter leur marge. Ce faisant ils jouent le court terme et pressurent les compagnies aériennes sans que cela bénéficie aux chargeurs. C’est en tout cas l’impression que nous avons en tant qu’utilisateurs de fret. Mais si les commissionnaires sont ainsi en position de force, c’est en partie la faute des compagnies. Elles ont en effet tendance à considérer comme clients les commissionnaires de transport plutôt que les sociétés qui génèrent le fret. C’est un point qu’il va falloir faire évoluer dans le futur.

Propos recueillis par Ph. D.

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