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Terrorisme, virus d’Ebola, fraudes : les risques s’internationalisent

Une quarantaine de pays où il n’est pas recommandé de se rendre en raison des menaces terroristes du mouvement Daech, trois pays africains particulièrement touchés par le virus d’Ebola, des fraudes en augmentation dans de nombreux États… Tour d’horizon des risques encourus par les PME à partir des données du ministère des Affaires étrangères et des analyses de sociétés privées de sûreté.

 

« En grec ancien, le même mot signifie risque et chance », déclarait en janvier 2014 le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius lors des 8e Rencontres sur la Sécurité des entreprises françaises à l’étranger organisées par le Quai d’Orsay. De fait, faire un voyage professionnel dans un pays étranger ou y travailler en tant qu’expatrié a toujours comporté des risques. Avec des précautions élémentaires à prendre. Mais aujourd’hui celles-ci doivent être redoublées face un phénomène nouveau : l’internationalisation des groupes terroristes, constate Frédéric Gallois, directeur général de Gallice Group, une entreprise privée de sûreté en plein développement (son chiffre d’affaires – 11 millions d’euros en 2013 pour 80 salariés – double chaque année depuis 2007). Parmi les pays les plus touchés par le terrorisme : le Nord du Cameroun et du Mali, le Niger, le Burkina-Faso, mais aussi la Jordanie, le Liban, Israël, la Turquie (aux abords immédiats des frontières avec la Syrie ou l’Irak), l’Arabie saoudite ou encore le Yémen, ajoute Frédéric Gallois. Un constat partagé par Louis Caprioli, conseiller spécial auprès du président du groupe Geos, leader français du secteur (30 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2013 pour 340 salariés). « Tous les alliés de la mouvance terroriste Daech, mais aussi du mouvement Jabhat al-Nosra affilié à Al-Qaïda, sont désormais liés entre eux, affirme-t-il. Et les menaces s’étendent à l’ensemble des États qui ont pris position contre eux ». De fait, il cite parmi les pays les plus sensibles l’Égypte et la Libye en Afrique, l’Indonésie, la Malaisie et les Philippines en Asie, ainsi que l’Irak, la Syrie et les Émirats arabes unis pour le Moyen-Orient.

 

La menace Daech et Boko Haram

Au premier plan de ces menaces terroristes se trouve le mouvement Daech (État islamique) pour lequel le ministère des Affaires étrangères a lancé dès le 25 septembre 2014 des alertes sur le fil « Conseils aux voyageurs » de son site régulièrement mis à jour. Au départ, ce sont 22 pays qui ont été listés dans lesquels les Français résidant ou de passage ont été invités « à faire preuve de vigilance (…) dans le contexte de l’intervention de la coalition internationale contre Daech, et face au risque accru d’enlèvements et d’actes hostiles contre les ressortissants des pays membres de la coalition ». On y compte un grand nombre de pays africains (Somalie, Tanzanie, Comores, Burundi, Mali, Djibouti, Éthiopie, Égypte, Algérie, Maroc, Burkina-Faso, Niger, Nigeria, Tchad, Sénégal, Mauritanie, Soudan), et du Moyen-Orient (Qatar, Syrie, Yémen, Afghanistan, Koweït, Bahreïn, Pakistan) auxquels s’ajoutent quelques pays asiatiques (Philippines, Indonésie, Malaisie) et Israël. En octobre 2014, la liste s’est allongée à 39 pays avec le Kenya, les Émirats arabes unis, la Jordanie, l’Ouzbékistan, l’Ouganda, la Turquie, et l’Inde. Depuis début janvier le groupe islamiste nigérian Boko Haram mène des attaques meurtrières dans le Nord-Est du Nigeria (13 000 morts et 1,5 million de déplacés suite à la prise de la ville de Baga par la secte terroriste, selon Amnesty International) et dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun. Le ministère des Affaires étrangères a demandé à « tous les Français présents dans ces zones de les quitter dans les meilleurs délais ». Des recommandations plus précises des zones formellement déconseillées (indiquées en rouge) ou déconseillées sauf raison impérative (indiquées en orange) figurent sur les cartes disponibles dans chaque fiche pays du site du Quai d’Orsay. Mais attention, modère Olivier Hassid, directeur du Club des directeurs de sécurité des entreprises (CDSE), ces fiches du ministère des Affaires étrangères s’adressent plus à des particuliers qu’à des hommes d’affaires. D’où l’importance de faire appel au pôle entreprise du Centre de crise du Quai d’Orsay pour avoir des informations et conseils plus ciblés.

 

Le Sahel, une zone à hauts risques

Une zone est considérée comme particulièrement dangereuse par le Quai d’Orsay : le Sahel et tous les pays limitrophes. Le ministère estime que « la menace d’attentat et d’enlèvement visant des Occidentaux y demeure élevée ». Il déconseille formellement de se rendre dans les zones rouges indiquées sur ses cartes au Mali, au Niger, et en Mauritanie, mais aussi dans l’ensemble des zones rouges des pays frontaliers. « Les ressortissants français qui se trouveraient dans ces zones doivent savoir que leur sécurité et leur vie sont explicitement et directement menacées », explique le ministère sur son site. De fait, confirme Frédéric Gallois de Gallice Group, « on assiste à une montée des risques en Afrique sub-saharienne et centrale suite à la chute de la Libye, qui est l’épicentre de la zone déstabilisée ». Pour Alain Flandrois, président de la commission Sûreté du CIAN (Conseil français des investisseurs en Afrique) et dirigeant de la société de sûreté DI2S, il faut nuancer le propos car ce sont des zones qui sont dangereuses dans chaque pays et non l’ensemble d’un territoire. « Il y a des pays avec des points rouges comme la République centrafricaine, le Soudan, le Mali, le Niger et le Sénégal (ndlr : sans parler des pays touchés par le virus d’Ebola) et d’autres comme le Nigeria qui combinent beaucoup de risques (criminalité, mouvement islamiste Boko Haram, piraterie maritime) », estime-t-il.

 

Vigilance pour Ebola

L’épidémie d’Ebola qui s’est déclenchée en mars 2014 en Afrique de l’Ouest avec trois pays particulièrement touchés (Liberia, Sierra Leone et Guinée Conakry) connaît un répit depuis début janvier grâce aux efforts importants qui y sont menés. Selon un bilan publié le 15 janvier par l’OMS, au moins 8459 personnes sont mortes des suites de la fièvre Ebola dans le monde pour plus de 21329 cas enregistrés. Le Liberia vient en tête des pays les plus touchés (3556 morts pour 8362 cas), puis la Sierra Leone (3067 morts pour 10 150 cas) et la Guinée Conakry (1821 morts pour 2817 cas). Le nombre de nouveaux cas d’Ebola détectés dans ces trois pays est en baisse depuis janvier, constate l’OMS. International SOS, l’une des sociétés leader pour la gestion des risques sanitaires en entreprise, a mis en place un site entièrement dédié au virus avec les dernières informations et des conseils pratiques. Comme le signale le Dr Yann Rouaud, directeur médical assistance d’International SOS, le voyageur d’affaires est malgré tout moins exposé au virus que les personnels de santé qui sont en contact avec les malades (voir son interview page suivante). Car la transmission interhumaine du virus se fait auprès de personnes malades par des contacts directs avec du sang, des sécrétions ou des liquides biologiques. Ce sont les contacts rapprochés avec des personnes malades ou des personnes décédées lors des rites mortuaires qui permettent la diffusion du virus. Le CIAN, qui représente les entreprises françaises en Afrique, s’était très vite positionné face au développement du virus en septembre dernier en estimant qu’il ne fallait « pas céder à la psychose et tomber dans l’application excessive du principe de précaution ». Dans une tribune libre publiée le 5 septembre dans Les Échos, son président délégué, Étienne Giros, s’était élevé contre « une sorte d’état de panique qui entraîne la prise de mesures extrêmes, inefficaces et pénalisantes pour l’économie telles que l’interdiction d’accostage, la mise en quarantaine de navires, la suppression de liaisons aériennes (jusqu’entre la Corée du Sud et le Kenya, pays non infecté !) ou la fermeture de frontières officielles alors qu’il existe des milliers de points de passage non contrôlés ». Le CIAN avait expliqué en outre que les entreprises françaises implantées dans les régions touchées par l’épidémie avaient pris des mesures de bon sens qui avaient permis la poursuite de leur activité et le maintien des effectifs. De fait, ces principes de bon sens appliqués au voyageur d’affaires sont expliqués dans une vidéo diffusée sur le site d’International SOS dédié à Ebola intitulée « What Business travellers need to know ». Il est ainsi rappelé qu’il est conseillé de différer ses voyages dans les zones infectées, de ne pas voyager en étant malade car vous pourriez être mis en quarantaine. Et si vous voyagez dans les zones touchées, prenez certaines précautions de base comme ne pas aller dans des hôpitaux ou dans des maisons où il y a des personnes infectées, éviter les transports publics, se laver les mains avec du savon fréquemment et ne pas se toucher la bouche, le nez ou les yeux.

 

Fraudes à l’échelle de la planète

Autre risque à ne pas négliger pour les entreprises, celui des fraudes et de la cybercriminalité, qui existent cette fois-ci dans tous les pays. Comme l’explique Louis Caprioli de Geos, « les fraudes, internes comme externes, sont inhérentes à l’entreprise, et ne dépendent pas d’un pays particulier. Il faut faire de l’intelligence économique pour en identifier les auteurs et engager des poursuites ». Il existe également des « ingérences économiques de la part de certains États où, sous couvert de sécurité et de contrôle douanier, les données confidentielles de vos ordinateurs risquent d’être récupérées », souligne le conseiller en charge des questions de sécurité à la D2IE (Délégation interministérielle à l’intelligence économique). Cette structure, dirigée par Claude Revel, fournit notamment sur son site internet des outils pratiques aux PME et aux ETI pour les aider à assurer leur sécurité économique. Dernière tendance de fond dégagée par la société Control Risks, le leader anglophone du secteur de la sûreté (voir cartographie pages précédentes) : « l’influence réduite des pouvoirs établis, occidentaux, sur la gouvernance mondiale et régionale. Cette tendance a pu être constatée lors des différentes réponses internationales, souvent désordonnées, face aux récentes crises, estime Control Risks. (…) Il en résulte un certain vide politique qui accroît les incertitudes stratégiques sur le moyen terme ». Avec une conséquence très concrète : « la liberté grandissante accordée aux organisations militantes et terroristes dans plusieurs régions du monde, et une menace croissante posée par les États dits défaillants ou fragiles encore trop souvent peu décidés à les contenir ».

Isabelle Verdier

Pour consulter la carte des risques pays 2015 de Control Risk cliquer ici

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