Idela Conseil, EOC, Expansio, CBCI, Stratexio … Les annonces par les acteurs privés de l’accompagnement export ayant obtenu leur agrément de Business France pour être éligibles au « chèque relance export » se succèdent sur les réseaux sociaux, un signe qu’ils jouent le jeu. Pour autant, la mesure est accueillie avec prudence à l’OSCI, fédération qui regroupe une partie de ces sociétés : où y trouve le « chèque » trop modeste, et l’on reste vigilant sur la mise en œuvre, craignant que cette manne soit majoritairement captée par les conseillers du dispositif public Team France Export.
Trop modeste, trop « fléchée», trop « primo-exportateur »
D’une façon générale, le montant du volet export du plan de relance est jugé trop modeste, même si l’on apprécie la recréation d’un ministère de plein exercice : « 247 millions d’euros sur 100 milliards, c’est à peine 2,5 %, c’est un peu insuffisant, confie au Moci Hervé Druart, coprésident de l’OSCI. En même temps, on a un ministre du Commerce extérieur de plein exercice, et l’on bénéficie d’une bonne écoute des élus et de la tutelle ».
C’est dans le détail des mesures que le diable se cache. « Nous avons participé aux travaux du groupe de travail Solex [Solutions export] qui a inspiré le gouvernement et nous en étions restés à un projet de chèque de 8000 euros qui serait versé à l’entreprise et qui choisirait elle-même le prestataire de son choix, poursuit Hervé Druart. Après l’été, ce chèque a été réduit à des montants plafonnés et assez fléchés sur les prestations de Business France, même s’il reste ouvert aux professionnels privés. De plus, la gestion de ce dispositif a été confiée à Business France qui, au sein de la Team France Export, est un peu juge et partie, même si l’agence a mis en place une cellule dédiée ».
C’est aussi la cible qui, pour les professionnels de l’OSCI, pose question : « Au regard du montant et des prestations couvertes, ce chèque s’adresse plutôt à des primo-exportateurs et ne permet pas de couvrir les frais de suivi qui permettrait de transformer un premier essai, constate Chloé Berndt, coprésidente de cette fédération. Les PME déjà implantées à l’étranger ne sont pas dans le spectre alors qu’elles auraient peut-être besoin d’un coup de pouce ».
Pour rappel, le « chèque de relance export » permet de bénéficier d’une enveloppe de subvention pour financer 50 % d’une prestation d’accompagnement dans la limite de plafonds : 2500 euros pour un stand sur un pavillon France dans un salon, 2000 euros pour un accompagnement individuel et 1500 euros pour une prestation collective.
La mise en œuvre suivie de près en attendant la nouvelle assurance prospection
Selon le dernier relevé des référencements rendu public sur le site de France Relance, au 7 octobre, 170 entités dans 91 pays avaient reçu un agrément pour le chèque relance export. Sur ce total, 81 sont des agréments à la Team France Export 5TFE). En France, 21 entités ont été agréées, dont la TFE. Parallèlement, les CCI, piliers de la TFE sur le territoire, se sont engagées auprès du gouvernement à contacter 30 000 entreprises pour promouvoir cette mesure.
Autant dire que la mise en œuvre du chèque relance export va être suivie de près par l’OSCI. Mais ses deux coprésidents conviennent que la mesure aidera sans aucun doute à soutenir l’activité de leurs membres en France auprès de TPE et PME hésitantes à se lancer ou se relancer dans un projet à l’export : « pour les membres de l’OSCI en France, ce sont des mesures qui vont les aider » estime Chloé Berndt.
En outre, le chèque de relance export sera complété, à partir de début janvier, par une nouvelle offre d’assurance prospection « accompagnement » proposée par Bpifrance, qui permettra de financer jusqu’à 40 000 euros les prestations de conseil en amont des missions destinées à bien structurer la stratégie des PME bénéficiaires : « une bonne mesure », estime Hervé Druart, qui salue également « le renforcement des budgets alloués à l’assurance prospection ».
Une bonne collaboration sur le VIE
Le ton est encore plus positif s’agissant du « chèque VIE », l’autre mesure phare du volet export du plan de relance. Cette subvention de 5000 euros sera mise en œuvre à partir de janvier 2021 par Business France pour inciter les PME et ETI à davantage recourir au volontariat international en entreprise (VIE) pour développer leur activité à l’international.
« Nous sommes très souvent une solution en proposant des services d’hébergement, de coaching et portage salarial à l’étranger, et nous-mêmes recrutons fréquemment des VIE, souligne Hervé Druart, par ailleurs co-dirigeant de Salveo. Nous avons d’ailleurs une bonne collaboration avec Business France dans ce domaine ».
Toutefois, prévient-il, le VIE, s’il est une solution, n’est pas « l’alpha et l’oméga de l’export français ». Autrement dit, il ne faut pas trop en attendre. D’autant plus que malgré les efforts déployés ces dernières années par Business France pour la promouvoir auprès des PME et ETI et diversifier les profils, la formule reste encore majoritairement utilisée par les grandes entreprises.
La Covid-19 a dopé la demande de certains services
En attendant, l’OSCI se positionne d’autant mieux que ses membres ont traversé la crise sans trop de casse : une dizaine tout au plus selon ses coprésident, surtout des consultants individuels, feraient face à des difficultés sur les 150 que compte la fédération, une majorité pouvant compter sur un portefeuille de clients pérenne. La plupart se sont adaptés en déployant des services digitalisés pour leurs clients.
En outre, avec la crise sanitaire mondiale, une solidarité s’est développée et la collaboration entre ceux en France et ceux à l’étranger s’est amplifiée : « On a cette chance que 50 % de nos membres sont implantés dans des pays : nous avons 40 délégations pays, c’est une vraie force » souligne Chloé Berndt.
Enfin, ces professionnels de l’accompagnement privé étaient déjà bien positionnés sur des services d’externalisation dont la demande a fortement augmenté avec la Covid-19 en raison des restrictions aux voyages. C’est le cas pour la gestion déléguée de l’export et la gestion des ressources humaines locales : « ces deux services avaient déjà le vent en poupe avant la crise mais les entreprises y ont davantage eu recours pour assurer la continuité de leurs activités à l’export » détaille Hervé Druart.
Autres demandes en hausse : « les sujets d’acquisitions ou d’implantations locales, par exemple pour renforcer les services après-vente », poursuit-il.
De quoi rester optimiste alors que certains pays repartent. D’après les deux coprésidents de l’OSCI, si l’Europe reste encore un peu atone, « l’Asie et l’Asean sont bien repartis, nos membres prennent des projets, et nous avons pas mal de projets en Amérique, du Nord surtout, même si la situation n’est pas brillante ».
L’OSCI, qui attend impatiemment que Business France communique plus amplement courant octobre sur les opérateurs référencés à l’étranger « Solution Team France Export » – une promesse de l’agence publique – prépare son université d’hiver pour début janvier 2021. Nul doute que le plan de relance et la reprise feront partie des sujets à l’ordre du jour.
Christine Gilguy