On ne finit pas de se perdre dans les méandres de la Grande Ile. Déjà, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale ont reporté aux 1er et 2 décembre la conférence des donateurs de Madagascar, qui devait se tenir au Palais de l’Unesco à Paris, les 24 et 25 octobre, « pour cause d’impréparation des Malgaches », précise, un peu dépité, à la Lettre confidentielle un proche du dossier. Mais le lancement, le 14 septembre, lors de la 1ère journée de la francophonie économique et numérique à Paris, de l’Agence Malagasy de développement économique et de promotion des entreprises (AMDP), ne va pas améliorer le climat des affaires.
D’abord, parce l’AMDP, sous l’égide de l’Organisation internationale de la francophonie (IOF), vient s’ajouter à une structure déjà existante l’Economic Development Board of Madagascar (EDBM), créée par l’ancien président américanophile Marc Ravalomanana. Que deviendra l’EDBM que la nouvelle agence est censée supplantée ? Et quelle sera l’efficacité de la seconde, alors que certains soupçonnent qu’elle est mise en place pour contrer le Groupement des entreprises malgaches (GEM), le patronat îlien très critique à l’encontre du président Hery Rajaonarimampianina.
Sommets du Comesa et de l’OIF, puis conférence des bailleurs de fonds
Ensuite, le directeur général de l’AMDP, Hugues Ratsiferana, est l’ancien directeur général d’Air Madagascar, « symbole de la gabegie et vache sacrée du pouvoir comme la compagnie d’électricité et d’eau Jirama que les institutions internationales n’ont pas réussi à dompter en trente ans », explique un industriel de la Grande Ile.
Ce choix ne redore pas l’image de Madagascar, qui va, pourtant, accueillir tour à tour dans sa capitale le Sommet du Comesa (Marché commun de l’Afrique orientale et australe), du 10 au 18 octobre, et le Sommet de l’OIF entre le 25 et 27 novembre. Pour ce dernier, quatre thèmes sont retenus : entreprises et territoires ; diplomatie commerciale francophone ; transformation structurelle des économies de l’espace francophone ; et numérique. Canadienne d’origine haïtienne, la secrétaire générale Michaëlle Jean aurait choisi « Mada par solidarité îlienne » tout en se voulant « pragmatique en poussant l’OIF hors de son cocon tout culturel ».
Si l’OIF est loin de concurrencer le Commonwealth, le Sommet devrait, néanmoins, accoucher d’un Livre blanc sur l’économie et le numérique dans l’espace francophone.
Le mécontentement du patronat français
S’agissant de la conférence des bailleurs de fonds, qui devait se tenir au Palais de l’Unesco, outre les institutions internationales qui avaient indiqué que les documents de travail n’étaient pas prêts ou conformes aux normes internationales, Medef International avait vu rouge à la lecture de la liste des projets privés : elle avait été jugée incomplète, et les intervenants, peu nombreux étaient essentiellement des seconds couteaux.
Une reculade qui s’en ajoute à une autre : le FMI a en effet décidé de reporter la mission d’audit à Madagascar, prévue à la fin de l’année, à fin juin 2017. Et ce, malgré les efforts du coordinateur général de la conférence des bailleurs de fonds, Henri Rabarijohn, ancien haut responsable au sein de la Société financière internationale (SFI), filiale pour le secteur privé de la Banque mondiale, et président de la Banque nationale de l’industrie (BNI), deuxième banque de l’île. Dans tout les cas, les autorités malgaches vont devoir revoir leur copie.
François Pargny
Pour prolonger :
– Madagascar / Conjoncture : la perspective d’une aide internationale s’éloigne un peu plus de la Grande Ile
– Madagascar : le bras de fer avec le FMI se poursuit, sans perspectives d’amélioration pour le secteur privé
– Guide Sénégal 2016
– Dossier spécial : Quand l’Afrique fait sa révolution technologique
– Guide Business Ghana 2016
– Guide business Côte d’Ivoire 2016
– Guide business Égypte 2016
– Dossier spécial : Travailler avec l’Afrique
– Rapport Cian 2016 : Les entreprises françaises et l’Afrique