Bio UV group, spécialiste des procédés innovants de traitement de l’eau par ultraviolets (UV), ozone ou électrolyse, vient de changer de dimension grâce à l’acquisition d’une autre PME française, Corelec. L’Export est un axe de développement stratégique pour nourrir sa croissance, et elle compte bien y entraîner sa nouvelle acquisition, en misant sur son savoir-faire et son réseau international.
Le groupe BIO UV, spécialiste des systèmes de traitement et de désinfection de l’eau par différents procédés innovants (UV, ozone, électrolyse) vient de quitter son statut de PME pour devenir une ETI en franchissant le seuil des 50 millions d’euros de chiffre d’affaires consolidé (pour un effectif de 160 personnes) : après l’acquisition en 2021 de Corelec, une société française spécialisée dans la fabrication de chaînes de traitement de l’eau, son chiffre d’affaires consolidé a bondi de 54 % en 2022, à 51,5 millions d’euros, dont 55 % à l’export. La croissance organique, hors Corelec, a toutefois été à deux chiffres : + 16 %.
« La part de l’export était plus importante avant l’acquisition de Corelec, qui est très franco-française, de l’ordre de 70 % », précise Isabelle Sost, directrice du Marketing et de la communication de BIO UV. L’un des objectifs de BIO UV est, justement, de « développer Corelec à l’international » : ses équipements, qui adressent notamment le marché des piscines, sont en effet complémentaires des produits de la jeune ETI montpelliéraine, déjà aguerrie à l’export.
Des marchés porteurs en France et à l’export
Les marchés sont porteurs à l’heure où les problématiques environnementales pénètrent tous les pans d’activités et où les épisodes de sécheresse se multiplient : traiter pour réutiliser les eaux usées devient un enjeu dans de nombreux domaines, du loisir à l’industrie en passant par l’agriculture. « Nous attendons le Plan eau en France, mais nous commercialisons déjà des solutions pour réutiliser les eaux usées au Maroc » observe Isabelle Sost.
Beau parcours pour cette société fondée il y a 22 ans par Benoît Gillmann, et dont il vient de passer les rênes à Laurent-Emmanuel Migeon, nouveau P-dg du groupe. Historiquement, le groupe a développé une gamme de produits pour traiter et désinfecter l’eau sans utiliser du chlore dans deux segments : les activités terrestres (piscines, aquarium, et de plus en plus l’industrie incluant l’aquaculture, etc.) portées par Bio UV d’une part, et les activités maritimes d’autre part, avec des systèmes pour le traitement des eaux de ballast des navires, assurées par Bio Sea, qui en a vendu 200 l’an dernier dans différents ports du monde.
La première s’appuie sur des accords avec des distributeurs et intégrateurs, la seconde sur des accords avec les armateurs ou des constructeurs de navires.
« Notre cœur de métier historique, c’est le marché du récréatif, avec les piscines privées et publiques et les aquariums, qui représentent encore 45 % de notre chiffre d’affaires, relate Patrick-Jean Pichavant, directeur des ventes export pour les activités terrestres. L’industrie, incluant l’aquaculture pèse 21 % et le maritime 34 % ».
Dans tous les segments, les ventes export sont en pleine expansion : + 30 % pour les seules activités terrestres en 2022. Bio UV commercialise ses produits dans 80 pays. « Nous sommes très forts en Europe » se réjouit Patrick-Jean Pichavant. Mais la société a également développé ses ventes en Asie, en bénéficiant du réseau de la société Triogen rachetée en 2019 à Suez, et au Moyen-Orient. Dans cette dernière zone, la demande est tirée par « le récréatif et la potabilisation de l’eau » précise le responsable.
Un plan export sur cinq ans
Patrick-Jean Pichavant anime une équipe d’une dizaine de commerciaux « Maison », en France et dans différents pays clés. Si les marchés de la péninsule ibérique sont couverts depuis Montpellier, Bio UV dispose de commerciaux au Royaume-Uni, en Pologne, en Hongrie à Dubaï et au Vietnam. Bio Sea dispose également d’une équipe commerciale de 4 personnes.
Le réseau de distribution international est appelé à se renforcer. Début février, un nouveau partenariat commercial a ainsi été annoncé avec un distributeur polonais, Fluidra Pologne, un des principaux acteurs du monde de la piscine : il s’agit d’un accord de distribution exclusive, sur trois ans, d’un nouveau produit développé par l’ETI française grâce au rachat de Triogen : le « triogen AOP Clear », un système qui mixe les deux technologies ozone et UV et cible les piscines.
« Nous avons un plan de développement export sur cinq ans qui prévoit notamment le renforcement des réseaux de distribution : des accords comme celui-là, vous en verrez de plus en plus » souligne Patrick-Jean Pichavant.
L’entreprise mise également sur le développement d’accords de partenariat avec des intégrateurs de solutions : c’est le cas dans l’aquaculture, avec un la société norvégienne Redox, qui commercialise des installations clés en main de traitement des eaux pour l’industrie et l’aquaculture. Elle a également des accords avec Veolia.
Quant à Bio Sea, elle travaille soit en direct avec les armateurs -son portefeuille client compte le Top 5 des compagnies, dont CMA-CGM-, soit avec des intégrateurs comme les chantiers navals. « La stratégie est d’avoir des partenaires dans tous les ports du monde » précise Isabelle Sost.
Les atouts concurrentiels d’une offre experte
A l’export comme sur le marché national, dès que l’on touche à l’eau, les réglementations et normes techniques à respecter sont draconiennes. Et les respecter est un prérequis pour entrer sur les marchés.
Un aspect que le groupe montpellierain prend très au sérieux, autant que la R&D : son bureau d’étude Maison compte une quinzaine de personnes, pratiquement 10 % de l’effectif, dont un « Monsieur norme ». Outre la R&D, il s’occupe du lien entre le commercial et la conformité. « Nous travaillons avec les plus importantes normes mondiales » souligne Patrick-Jean Pichavant. Tous les appareils sont certifiés par les organismes agréés.
Peu de brevets en revanche, sauf sur certains appareils : l’ETI mise avant tout sur son savoir-faire, qui mêle solutions technologiques de pointe et service, et sa spécialisation extrême sur certains segments du marché. « Notre valeur ajoutée face à des concurrents internationaux comme les fabricants chinois, c’est l’optimisation des matériels que nous vendons et la garantie de qualité. Nous garantissons par exemple le résultat pour nos systèmes UV. S’y ajoute notre réseau de distribution étendu, les services et la maintenance que nous assurons » souligne Isabelle Sost.
Accentuer l’internationalisation
Les perspectives de développement de l’entreprises passent évidemment par l’international avec différentes priorités. La première est de faire franchir les frontières aux produits de la dernière acquisition. « Nous allons concentrer cette année nos efforts sur l’internationalisation et le développement des ventes export de Corelec », explique Patrick-Jean Pichavant.
Sur le plan géographique, le directeur export de Bio UV entend d’abord « consolider nos positions sur l’Europe ». « L’Asie s’est réouvert mais nous ne savons pas encore comment ça va tourner », indique Patrick-Jean Pichavant. Des affaires se débouclent dans cette zone, ce qui est bon signe pour la suite.
Enfin, l’Amérique du Nord, un marché énorme – le premier mondial pour les piscines privées, devant la France- pour lequel Bio UV nourrit des ambitions mais pour le moyen terme. « Nous avons l’ambition de nous développer sur les segments du récréatif et de l’aquaculture d’ici 2 à 3 ans, souligne le directeur export. Nous pensons nous appuyer sur les distributeurs européens présents outre-Atlantique ».
Pour l’heure, si la priorité reste de consolider les récentes acquisitions, « pour l’Amérique du Nord, nous sommes sur les starting-blocks » conclut Patrick-Jean Pichavant.
En attendant, le groupe, qui a l’habitude de faire appel aux différents outils publics d’aide à l’export – assurance prospection, chèque relance export, missions sur les salons, VIE- a un plan d’action chargé sur les salons internationaux en 2023. Il a prévu notamment d’exposer sous pavillon France au METS d’Amsterdam (traitement des eaux de ballast), au salon Aquanor en Norvège (aquaculture), Aquatech aux Pays-Bas (traitement des eaux industriels) et Piscina Wellness à Barcelone pour le récréatif.
Christine Gilguy