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Commerce extérieur : la France peut faire mieux

Au Japon, où la culture de l’innovation et le pouvoir d’achat sont forts, l’investissement et la consommation privés restent toujours élevés, malgré les aléas économiques. La France doit profiter des nouvelles opportunités qui naissent dans l’archipel.

Après la catastrophe de Fukushima en 2011, l’activité s’est redressée au Japon, même si l’économie traverse une passe morose. La France, comme tous les pays fournisseurs avantagés par la force du yen, en a largement profité. Durant les neuf premiers mois de l’année, indiquent les Douanes japonaises, elle a ainsi affiché une croissance de ses exportations supérieure à la hausse globale des importations nipponnes. Mieux encore, la hausse de ses ventes dépassait celle des principaux fournisseurs de l’archipel (Chine, Etats-Unis, Australie). Résultat : sa part de marché, qui était tombée en un an de 1,51 % à 1,39 % à fin septembre 2011, est remontée à 1,41 %.

Toutefois, au moment où on annonce une récession économique au Japon, cette performance doit être nuancée. La France ne se place qu’au 16e rang des pays fournisseurs du Japon. L’Allemagne, 10e pays fournisseur avec 14,4 milliards d’euros de ventes entre janvier et septembre de cette année, affiche un score de l’ordre de 7,38 milliards d’euros, quasiment le double de celui de la France. Plus encore, les exportations de l’Hexagone n’ont représenté pendant la période que 6,8 % de celles de la Chine (108,6 milliards d’euros d’exportations), 16,25 % des expéditions des Etats-Unis (45,4 milliards) et 21,8 % de celles de l’Australie (33,8 milliards).

Pour Pascal Fürth, à la tête du bureau Ubifrance à Tokyo, le point faible du Japon est l’investissement public. « En revanche, le secteur privé est en pointe en matière de recherche et développement. Celle-ci est deux fois plus importante par habitant qu’en France », souligne le directeur de l’agence publique au Japon.
Même en cas de déprime, l’économie reste forte. Le taux de chômage est bas (4,2 %) et le marché du travail très flexible, ce qui favorise la cohésion sociale dans l’archipel. Et si la consommation privée, qui compte pour 60 % de l’économie nipponne, a reculé de 0,5 % au troisième trimestre, le pouvoir d’achat des ménages demeure particulièrement élevé parmi les pays développés : de l’ordre de 3 000 euros par mois en moyenne dans l’archipel, contre 2 068 dans l’Hexagone. Pour le luxe, le vin et la gastronomie française, le marché domestique demeure donc attractif.

« Depuis le tsunami et l’accident nucléaire de Fukushima, mais aussi les inondations en Thaïlande qui ont perturbé les chaînes d’approvisionnement des constructeurs automobiles, de nouveaux comportements, des réflexes, des opportunités sont apparus auxquels personne aurait pensé auparavant. Aujourd’hui, les Japonais montrent une certaine volonté de diversifier leurs approvisionnements », assure Pascal Fürth. La traçabilité dans l’alimentation, l’environnement sont des sources de préoccupation au Japon, tout comme le démantèlement des centrales nucléaires. Le gouvernement a fixé à 2030 le retrait total du pays de l’atome. Mais le zéro nucléaire pourrait toujours être remis en cause par une nouvelle équipe au pouvoir, après les élections législatives du 16 décembre prochain. Les économies d’énergie, l’efficacité énergétique, l’isolation thermique, avec, notamment, la construction de bâtiments intelligents, sont devenues aussi des priorités.
Une autre source d’inspiration pour les exportateurs français doit être le vieillissement de la population. L’espérance de vie est de 83 ans pour les hommes et 86 pour les femmes.

Or, les services à la personne demeurent sous-développés au Japon. D’abord, parce que jusqu’à présent le système de sécurité sociale était surtout l’affaire des entreprises. Ensuite, avec une dette représentant 200 % du PIB, l’Etat ne pouvait dégager des fonds dans ces domaines.

Un marché de niche se développe : les accessoires pour les animaux de compagnie. « Avec la dénatalité, nombre de Japonais se retrouvent seuls, ce qui explique le chiffre impressionnant de chiens, chats ou lapins (29 millions au total) qu’ils possèdent », explique Pascal Fürth. Pendant trois années successives, Ubifrance a poussé des entreprises à participer sur le Pavillon France au salon des animaux de compagnie Interpets à Tokyo (300 exposants japonais et étrangers ainsi que 60 000 visiteurs, dont 15 000 professionnels en 2012). « Le risque que nous avons pris a été payant », affirme le directeur au Japon. Ainsi, un exposant tricolore à Interpets implante aujourd’hui une filiale commerciale dans le pays.

François Pargny


Les ventes françaises en hausse de 13 %

D’après les Douanes françaises, les exportations françaises au Japon ont augmenté de 13 % au premier semestre 2012 à 3,6 milliards d’euros par rapport aux six premiers mois de 2011. Une hausse due essentiellement à l’agroalimentaire (+ 16 %) et à l’aéronautique (+ 220 %). L’agroalimentaire constituait ainsi le premier poste d’exportation de l’Hexagone (16 %), devant la pharmacie (15 %), le pôle habillement-cuir-chaussures (13 %) et l’aéronautique (8 %). Cette bonne performance à l’export, associée à une faible montée des importations (+ 0,9 % à 4,8 milliards d’euros), explique la réduction du déficit commercial de la France, tombé à 1,2 milliard d’euros. La France achète au Japon surtout des biens d’équipement et de transport. Ces deux secteurs, représentant les trois quarts du total de ses importations, sont les principaux responsables du déficit de la France, indique le Service économique à Tokyo.

F. P.


La conjoncture morose n’inquiète pas le Français Redex

Le 12 novembre, Tokyo annonçait un produit intérieur brut (PIB) en très légère hausse (+ 0,9 % entre le deuxième et le troisième trimestre), une baisse des exportations (- 5 %) et des investissements des grandes entreprises (- 3,2 %). Une situation qui n’inquiète pas Bruno Grandjean, président du directoire du spécialiste des mécanismes de transmission pour les machines-outils Redex SA. « Nous sommes dans une stratégie d’implantation à long terme et avons intégré dans notre analyse du marché son caractère fortement cyclique », expose le patron de cette société, leader européen en ingénierie et fabrication mécanique de haute précision. La mécatronique pour la machine est un domaine très pointu. « Le mauvais climat des affaires au Japon ne devrait pas affecter Redex car, outre que nos produits présentent une forte technicité, nous n’avons pas à affronter de concurrence locale », se félicite Bruno Grandjean.

F. P.

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