fbpx

Trois questions à Patrick Sabatier, président de la section Brésil des Conseillers du commerce extérieur (CCE)

La grogne des classes moyennes qui s’est exprimée dans la rue en juin a surpris. Qu’en penser ? Éclairage d’un homme d’affaire français* fin connaisseur du terrain brésilien.

Le Moci. Quelle est votre analyse de la situation actuelle du Brésil ?

Patrick Sabatier. Au cours du 2e mandat du président Lula, le Brésil a bénéficié d’un véritable effet de mode en raison d’une forte croissance de l’économie stimulée notamment par l’émergence d’une classe moyenne majoritaire dopant la consommation des ménages et l’obtention de grandes manifestations sportives : coupe du monde de football en 2014 et jeux olympiques de Rio de Janeiro en 2016. Cependant, la croissance s’est ensuite ralentie (+0,9 % en 2012) et, en juin 2013, il y a eu les manifestations de rues dans les principales villes brésiliennes. Des interrogations ont surgi sur la situation réelle du Brésil. Si la Maison Brésil a des fondations très solides (une offre unique de matières premières, une matrice énergétique exceptionnelle, une population de consommateurs de la classe C atteignant 100 millions d’habitants) les finitions n’ont pas été achevées. Le président Lula a su combiner capitalisme et redistribution sociale. Son successeur, Dilma Rousseff a maintenu cette stratégie n’amorçant pas les réformes (fiscale, politique, bureaucratique, etc.) et les grands travaux dont ce pays a tant besoin (ports et aéroports, routes, etc.). Certes, la pauvreté a sensiblement baissé mais le système des transports urbains est déficient et les services publics (santé et éducation) ne sont pas à la hauteur d’une population qui aspire à davantage de qualité de vie. Le Brésil est par ailleurs désormais confronté au niveau économique à un cycle plus problématique et notamment à une inflation de plus de 6 %, une dévaluation de plus de 20 % ces derniers mois, une croissance qui devrait caler à 2,5 %, un manque de compétitivité… En réalité, le Brésil doit « réinventer » son modèle de développement.

Le Moci. En prend-il le chemin ?

P. S. Les responsables politiques brésiliens, comme la plupart des analystes brésiliens, ont été pris de court par les événements de juin. Le Brésil va entrer en campagne électorale en 2014, les élections présidentielles et de gouverneurs devant avoir lieu en octobre. 2014 sera inévitablement une année de transition.
Dans ce contexte, l’erreur pour les entreprises françaises, particulièrement les PME, serait de « sur-réagir » à la situation actuelle. Il ne faut pas nier la force des fondamentaux de l’économie brésilienne. Le Brésil continue à offrir des opportunités d’affaires pour les entreprises qui proposent des produits et des services innovants, à condition d’avoir une vision à long terme. Je constate qu’un nombre croissant de PME s’inscrit dans cette démarche.

Le Moci.
Comment les CCEF peuvent-ils aider les PME ?

P. S. Les CCE résident au Brésil et connaissent parfaitement l’environnement des affaires local. Le Brésil est un pays latin et les Brésiliens sont, par nature, accueillants. Il ne faut pas pour autant en déduire que cela signifie une facilité pour faire des affaires. La complexité du pays n’apparaît pas forcément de manière immédiate à l’investisseur qui arrive sur place.

Les CCE peuvent aider les PME en témoignant de leur expérience et en donnant des conseils. Ils peuvent aussi apporter des contacts, un élément essentiel dans un pays où les réseaux jouent un rôle fondamental dans la vie des affaires. Les CCE peuvent donc éviter aux nouveaux arrivant de commettre des erreurs.

Propos recueillis par Daniel Solano

*Patrick Sabatier est directeur des relations institutionnelles de L’Oréal au Brésil, et également secrétaire-général de la Chambre de commerce franco-brésilienne.

Dernière édition

Bienvenue !

Connectez-vous

Créer un compte

Merci de compléter le formulaire

Réinitialisez votre mot de passe

Veuillez saisir votre nom d'utilisateur ou votre adresse e-mail pour réinitialiser votre mot de passe.