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Dossier Maroc 2017 : entretien avec Laurent Dupuch, président du Comité Maroc des CCEF

 

 

 

 

 

 

Le MOCI. Est-ce que la colocalisation, le co-investissement entre la France et le Maroc est possible en Afrique ?
Laurent Dupuch. Je remarque déjà que la colocalisation, la coproduction au Maroc est une réussite du passé, avec Renault, qui produit des véhicules à Tanger, avec tout autour un écosystème composé de PME françaises et de sous-traitants. C’est le premier axe fort qui va être dupliqué avec Peugeot. Maintenant, est-ce qu’on peut avoir des partenariats franco-marocains sur l’Afrique ? Il y a des entreprises françaises au Maroc ou franco-marocaines qui exportent en Afrique et il y a une volonté forte du Maroc, politique et économique, avec les banques, les assurances, les opérateurs de télécommunications ou l’Office chérifien des phosphates (OCP), de s’étendre. Aujourd’hui, 60 % des investissements marocains sont réalisés en Afrique. Le Maroc peut être un concurrent, mais aussi un partenaire. Mais ce ne sera pas exclusif. Dans la banque ou les assurances, les Marocains y vont seuls. Dans l’industrie, ils peuvent avoir besoin de savoir-faire en matière d’ingénierie, mais ils ont aussi déjà des capacités. Ils peuvent nouer des partenariats au coup par coup. Mais on est aussi dans un monde économique fait de compétition. Ce qui est sûr, c’est que dire que le partenariat franco-marocain en Afrique est impossible est faux. Il faut bien sûr que les entreprises françaises veuillent se rendre sur le continent. Dans l’automobile, il faut tenir compte des marchés, qui sont souvent étroits, et de ce qu’ils veulent importer, des habitudes des consommateurs et des économies d’échelle possibles. À partir du moment où Renault et Peugeot produisent au Maroc, c’est qu’ils sont compétitifs et il est logique de penser qu’ils iront vers l’Afrique subsaharienne. À quelle échéance, je ne sais pas. Aujourd’hui, le commerce extérieur de la France est mauvais et la France peut trouver dans le partenariat une solution pour conquérir des marchés. Le Maroc est depuis toujours un partenaire privilégié, mais nous ne sommes pas seuls. Les Chinois, plus présents en Algérie, vont venir au Maroc, les Espagnols et les Turcs sont déjà très offensifs.

 

Le MOCI. Les investissements au Maroc ne sont-ils pas insuffisants, sinon en nombre, du moins en efficacité ? Ne faudrait-il pas réduire les engagements dans le reste du continent ?
L. D. Le Maroc développe des programmes d’investissement locaux dans l’énergie, l’industrie – automobile, aéronautique. Parallèlement, il se projette plus loin, là où il peut trouver des relais de croissance. Il peut faire les deux. Il n’y a pas d’exclusion. Je ne vois pas d’arbitrage à faire. Certes, il y a dans la masse des investissements immobiliers, mais ils se sont réduits et les investissements sociaux se sont développés. Les entreprises marocaines sont performantes dans les logements sociaux, au point qu’elles sont appelées dans d’autres États du continent. Au Maroc, il y a beaucoup d’investissements industriels dans l’automobile, l’aéronautique, les énergies renouvelables et les banques ont les capacités financières de soutenir des investissements lourds. N’oublions pas qu’après la Cop 21 à Paris il y a eu la Cop 22 à Marrakech. Il y a des opportunités, y compris dans l’efficacité énergétique. C’est ainsi qu’Engie a été retenu pour un projet de rénovation énergétique de mosquées, avec un partenaire marocain. Le vrai sujet est de gérer ensuite dans plusieurs pays les risques, les ressources humaines. Aujourd’hui, il y a une volonté de maximiser l’investissement en développant la formation professionnelle, qui est indispensable pour améliorer la productivité. Il ne faut pas que le coût de production augmente plus vite que la productivité. C’est pourquoi il faut de l’efficacité et donc de la formation professionnelle et, au-delà, de l’investissement dans l’éducation, le primaire et le préscolaire.

 

Le MOCI. Les banques marocaines accompagnent largement les PME locales en Afrique. Vous être aussi le président du directoire de BMCI, filiale de BNP Paribas. Les banques françaises sont réputées ne financer que les grandes entreprises françaises…
L. D. Non, si les trois grandes banques à majorité française, BMCI (BNP Paribas), Société Générale et Crédit du Maroc (Crédit Agricole), détiennent ensemble 20 à 25 % de part de marché, c’est qu’elles ne financent pas seulement les sociétés françaises, mais aussi les entreprises marocaines. Nous les accompagnons toutes en Afrique, où nos groupes respectifs disposent de réseaux. Bien sûr, les banques marocaines ont prouvé qu’elles sont très actives et compétentes à l’étranger. Aujourd’hui, l’international, dont l’Afrique, représente 20 à 25 % de leurs actifs. Ces grands établissements sont la Banque marocaine du commerce extérieur (BMCE), Attijariwafa Bank et le groupe Banque Populaire.

Propos recueillis par François Pargny

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