Si les effets de la guerre commerciale déclarée par l’administration Trump touchent moins fortement les entreprises tricolores que leurs homologues dans 12 autres pays, ces dernières se montrent moins optimistes quant à leurs perspectives de croissance, révèle une récent sondage d’HSBC effectué auprès de 4700 dirigeants d’entreprise dans 13 pays*.
Pourtant moins dépendantes que l’Allemagne des échanges commerciaux avec les États-Unis pour se fournir ou écouler ses marchandises, les 250 entreprises françaises sondées par HSBC dans le cadre de cette enquête internationale affichent un niveau de pessimisme supérieur à la moyenne.
Ce baromètre réalisé auprès de dirigeants sur 13 marchés* dans le monde montre en effet que les trois-quarts d’entre elles anticipent des hausses de coûts dans les six mois à venir alors que la moyenne globale des répondants atteint 66 %.
Ces résultats seraient-ils à imputables à la propension des Français à râler quelles que soient les circonstances ? En effet, malgré des réponses plus négatives que la moyenne, les entreprises tricolores sont moins exposées que la plupart de leurs homologues dans les autres pays aux conséquences de la mise en place des droits de douane américains. La moitié d’entre elles (vs 66 % en moyenne) déclare en effet avoir subi des effets négatifs des nouveaux droits de douane américains.
Baisse des chiffres d’affaires
Elles sont également moins nombreuses (84 %) que la moyenne (89 %) à se dire confiantes dans leur capacité à développer leur croissance à l’international. Enfin, si 77 % de l’ensemble des entreprises interrogées estiment que l’imprévisibilité du commerce international peut être un catalyseur d’innovation, cette proportion tombe à 69 % dans l’Hexagone.
En revanche, 13 % des entreprises françaises s’attendent à une diminution de leur chiffre d’affaires en raison de retards ou d’interruptions des chaines d’approvisionnement, soit 5 points de moins que la moyenne. Une raison à cela, selon HSBC : elles sont en position de force sur la problématique de la hausse des coûts.
Les entreprises françaises s’approvisionnent davantage en biens et en services sur le marché national que les autres marchés, les fournisseurs étrangers venant ensuite, dont l’Allemagne, les États-Unis et le Royaume-Uni.
Idem à l’export : les entreprises françaises vendent plus que la moyenne sur le marché domestique, puis en Allemagne, aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Italie. HSBC souligne toutefois qu’elles accroissent actuellement leur présence sur les marchés européens et se tournent de plus en plus vers l’Asie du Sud.
Gérer l’incertitude
Parmi les mesures prises par les entreprises françaises pour contrer les effets de la guerre économique, l’élaboration d’un plan de gestion des risques arrive en tête, devant l’analyse de données, l’automatisation, le stockage et les recours à des outils de suivi des chaînes d’approvisionnement.
Si ce baromètre brosse le tableau d’entreprises (4 700 au total) en phase de préparation de la guerre commerciale qui s’annonce, il en ressort surtout des difficultés à anticiper les conditions des échanges internationaux dans les mois à venir. La suspension des droits de douane réciproques annoncés par Donald Trump le 2 avril prendra officiellement fin le 9 juillet prochain.
En attendant (et au-delà), l’incertitude pèse sur la vie des entreprises et les place dans une position attentiste. Ainsi, 52 % des dirigeants d’entreprise, tous pays confondus, déclarent ne pas être en mesure de prévoir avec précision la demande ou les coûts dans les 12 prochains mois.
Sophie Creusillet
* Bangladesh, France, Allemagne, Hong Kong, Inde, Chine, Malaisie, Mexique, Singapour, Emirats arabes unis, Royaume-Uni, États-Unis et Vietnam.