C’est une procédure « par étapes » que Karel De
Gucht a choisi de lancer contre les producteurs de panneaux solaires chinois ce
mardi 4 juin à Bruxelles. Ces derniers se verront donc imposer, dès jeudi 6 juin, des
droits de douane à hauteur de 11,8 %. Ils passeront à 47 % le 6 août prochain
si aucun accord n’est trouvé avec la Chine d’ici là.
« Nous offrons à
Pékin une ouverture de 60 jours », a souligné le Commissaire au Commerce,
précisant qu’il était de l’intérêt des deux parties d’aboutir à une solution
négociée dans cette affaire qui empoisonne des relations commerciales déjà
tendues entre les deux blocs.
En optant pour cette approche « modérée mais
déterminée », Karel De Gucht laisse ainsi la porte ouverte aux négociations sans
pour autant céder à la pression de certains Etats membres, l’Allemagne en tête.
« Ce n’est pas une mesure protectionniste », a déclaré le Commissaire
mais « une décision guidée par notre législation et non par la
peur ».
« Le prix logique serait de 88 % plus élevé à ceux pratiqués actuellement »
Selon ce dernier, les prix de vente des panneaux solaires chinois
sur le marché européen sont bien inférieurs à leur coût de production.
« Le prix logique serait de 88 % plus élevés à ceux pratiqués
actuellement », a-t-il précisé, soulignant par ailleurs l’impact
dommageable de ce dumping qui affecte l’ensemble du secteur des panneaux
solaires au sein de l’UE et menace directement 25 000 emplois.
Mais de l’aveu même du Commissaire, les chances d’aboutir à
cette solution négociée sont minces. Malgré plusieurs rencontres au niveau
administratif et trois entretiens ministériels récents – le dernier datant du
dimanche 2 juin – la Chine n’a pas modifié d’un iota sa position. « Nous
ne sommes pas proches d’un accord », a reconnu aujourd’hui Karel De Gucht.
Les responsables de la Commission en charge du dossier déplorent le manque de
« bonne volonté » de Pékin qui n’hésite pas à brandir la menace d’une
guerre commerciale plutôt que de mettre sur la table des « propositions de
compromis raisonnables ».
Et il est vrai que la stratégie chinoise de
« diviser pour mieux régner » a jusqu’ici très bien fonctionné.
Avant même de consulter ses homologues européens, la chancelière allemande a
déclaré, la semaine passée, être opposée a des sanctions susceptibles
d’aggraver les différends commerciaux UE/Chine. A l’heure actuelle 18 des 27
Etats membres seraient contre l’instauration de droits antidumping définitifs.
La décision devra être adoptée en décembre prochain. D’ici là la Commission
peut imposer, seule, des droits provisoires pour une période de 6 mois.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles