Le laboratoire pharmaceutique français Sanofi est la lanterne rouge du Cac 40. Depuis mardi 9 août et l’annonce de l’arrêt des recrutements des essais cliniques d’un traitement contre certaines formes de sclérose en plaques, la capitalisation boursière du groupe français a perdu plus de 20 milliards d’euros (Md EUR). Un gouffre qui s’explique également par les craintes des investisseurs de voir aboutir des poursuites judiciaires aux Etats-Unis concernant le Zantac, un médicament gastro-intestinal.
Sanofi, un des fleurons français à la bourse de Paris s’effondre depuis mardi. En tout, la capitalisation boursière du groupe s’est allégée de plus de 20 Md EUR. En cause ? Le laboratoire pharmaceutique a annoncé lundi soir, après la clôture des marchés américains, l’interruption du recrutement des essais cliniques du tolébrutinib, un traitement expérimental contre certaines formes de sclérose en plaques et de la myasthénie grave. A cela s’ajoute également les craintes des analystes financiers des poursuites judiciaires intentées aux Etats-Unis contre le Zantac, un médicament qui soigne les maux intestinaux.
Le 9 août, le titre Sanofi était évalué à plus de 95 euros. Jeudi 11 août, au plus bas, il chutait à 78,90 euros, soit – 17 % environ. Une perte colossale pour le groupe qui a publié dans la journée un communiqué pour calmer les marchés financiers. « Depuis 2019, les communautés médicales, scientifiques et réglementaires ont évalué de manière approfondie la sécurité de l’ingrédient actif de Zantac, la ranitidine, et les données montrent qu’il n’y a aucune preuve de préjudice pour le consommateur résultant de l’utilisation réelle de Zantac. La Food and Drug Administration (FDA) et l’Agence européenne des médicaments (EMA) ont évalué les données disponibles et n’ont trouvé aucune preuve que la ranitidine cause le cancer », a-t-il précisé.
Vendredi 12 août, à midi, l’action s’échangeait autour de 85,50 euros.
Suspension des recrutements mais poursuite des essais cliniques
Sanofi explique que l’arrêt du recrutement est effectué « à la demande » du comité indépendant de surveillance des données (iDMC) de la FDA en charge de superviser les études cliniques. En juin dernier déjà, l’autorité de santé américaine avait suspendu partiellement des essais sur le sol américain, après la survenue de cas de lésion du foie liées au traitement chez certains volontaires. Tous les participants, qui sont actuellement dans toutes les études, vont poursuivre le traitement selon les protocoles prévus, a toutefois précisé le groupe, conformément aux recommandations de l’iDMC.
Le laboratoire français poursuit qu’il va travailler en « étroite collaboration » avec les autorités réglementaires afin de reprendre le recrutement actif d’ici la fin 2022. Et s’engage à fournir les informations demandées d’ici la fin septembre.
Plus de 2 000 plaintes visent le Zantac
Par ailleurs, Sanofi fait face à plus de 2 000 plaintes déposées aux Etats-Unis contre le Zantac. Ce produit est prescrit contre les brûlures d’estomac, mais a du être retirer de la vente car il contient de la ranitidine, un agent potentiellement cancérigène chez l’homme. L’objectif des plaignants sera de démontrer si les laboratoires mis en cause savaient que ce médicament pouvait entraîner des risques de cancer et qu’ils n’en ont pas avertis le public.
Le premier procès doit s’ouvrir le 22 août dans l’Illinois, mais également d’ici la fin de l’année dans l’Etat de Floride. Le groupe français n’est pas le seul sur le banc des accusés.
Pour information, le Zantac a été commercialisé par GSK entre 1995 et 1998, par Pfizer de 2000 à 20006, puis par Johnson&Johnson (J&J) de 2006 à 2017, pour finir par Sanofi de 2017 à 2019 ; 2019, date à laquelle ce dernier a décidé de procéder à son retrait.
Claire Pham