Rien ne vaut un salon bien choisi pour déchiffrer un marché. Messe Stuttgart, qui a créé dans cette ville allemande le Salon international du travail des métaux (AMB), l’a compris en dupliquant AMB en Iran.
Compte tenu des relations historiques de Peugeot et Renault dans l’ancienne Perse, on pourrait penser les mécaniciens tricolores pressés d’accélérer dans ce pays prometteur de près de 80 millions d’habitants. Déjà peu présents à Stuttgart – ils y sont 19 annoncés entre le 18 et 22 septembre prochains – ils seraient deux aujourd’hui, Fives et RD Machines Outils, à avoir renouvelé leur participation pour AMB Iran, du 26 au 29 juin 2018, soit trois mois avant le salon allemand qui recevra 1 500 exposants et 90 000 visiteurs sur 120 000 m2.
Le retour des constructeurs français
Plus modeste, AMB Iran se tiendra sur 10 000 m2 au parc Shahr-e-Aftab Fairground, le plus moderne de Téhéran. En 2017, il avait attiré 202 participants de 17 pays et 5 736 visiteurs professionnels sur 10 000 mètres carrés bruts. Pour l’édition de cette année, 113 exposants de 10 pays sont à ce jour inscrits.
« En Iran, il faut que nous y soyons, surtout que Peugeot et Renault sont revenus et que d’autres constructeurs s’y sont installés », assure Jean-Camille Uring, premier vice-président de la Fédération des industries mécaniques (Fim) et membre du directoire de Fives.
Dans une joint-venture 50-50, Ikap, Peugeot et Iran Khodro ont déjà engagé un investissement de 400 millions de dollars pour réaliser dans l’ordre un 4X4 urbain Peugeot, une berline moyenne 301 et une petite cinq-portes 208, soit au total une production de 200 000 véhicules.
De son côté, Citroën prévoit de construire avec Saipa trois modèles, PSA ayant annoncé, à cet égard, injecté jusqu’à 300 millions d’euros étalés sur cinq ans. Ce qui constituerait une production de 150 000 véhicules.
J-C. Uring : « l’Iran est un vrai pays de débouchés »
Enfin, Renault veut ajouter 150 000 véhicules aux 200 000 déjà fabriqués sur place, en commençant par la Renault Symbol (une Logan de deuxième génération) et le 4X4 Duster.
Il faut aussi compter sur les autres constructeurs étrangers, comme Cherry et Hyundai, et les locaux, à l’instar Ikco et Saipa. Au total, la production locale serait de l’ordre de 1,2 million de véhicules.
« L’Iran est un vrai pays de débouchés autant pour les constructeurs d’équipements que les sous-traitants, avec à côté des usines de montage très rapidement des besoins de fournisseurs de rang 1,2 et 3 », juge le vice-président de la Fim.
Aujourd’hui, l’offre française représente environ 40 % du marché. « Mais n’oubliez pas non plus que l’Iran a une forte tradition de mécanique. Et dans le mesure où ce pays s’ouvre, il faut absolument y être présent », insiste Jean-Camille Uring.
Selon lui, « la capacité de production va rapidement doubler ». D’après Business France, la taille du marché de première monte augmente de 20 % par an à l’heure actuelle, un rythme qui devrait se maintenir « à moyen terme ».
François Pargny
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