Les Organisations non gouvernementales (ONG) ont généralement la cote. Peut-être trop, si l’on en croit le professeur Jean-Claude Javillier, président honneur de l’Association des auditeurs en intelligence économique de l’IHEDN (Institut des hautes études de Défense nationale), qui avertissait sur ce « monde idéal » des ONG « présenté par les médias », lors de la IVe Matinale de la mondialisation, animée, le 15 juin, par Le Moci, sur le thème « L’information stratégique, clé de compétitivité à l’international » (*).
Premier intervenant de la table-ronde « Décrypter les risques », cet ancien directeur des Normes à l’Organisation internationale du travail (janvier 2001-octobre 2006), a mis en garde sur les ONG « corrompues ou manipulées ». Selon lui, « peu de directions en parlent et, pourtant, ces organisations participent de l’ange et du diable et on y trouve de tout ». Et de se faire un peu plus précis, en alertant tout particulièrement les entreprises françaises sur le cas d’ONG « très professionnelles, souvent anglo-saxonnes, qui accumulent des informations ».
Il faut intégrer la « soft law »
Jean-Claude Javillier n’a pas dit ce qu’elles faisaient, ensuite, de leurs renseignements, mais il n’est pas difficile d’imaginer. Autant d’informations qui peuvent, ensuite, être utilisées par des concurrents, entreprises ou États, pour défendre des normes et des règles de droit, qui, à côté des législations, s’imposent de plus en plus au secteur privé, sans avoir, en principe, de caractère obligatoire. C’est ce qu’on appelle la « soft law », une loi qui n’a de légère que le nom car elle ne repose pas sur des lois ou traités internationaux traditionnels mais touche pourtant à des domaines divers comme l’environnement, la santé, les droits de l’homme, la responsabilité sociale en entreprise (RSE).
Dans la deuxième table-ronde, intitulée « Développer une stratégie d’intelligence économique pour réussir son développement à l’international », Dominique Lamoureux, directeur Ethique et responsabilité d’entreprise de Thales et président du comité Intelligence économique du Medef est revenu sur cette « soft law », la rapprochant des « grandes questions planétaires que sont le réchauffement climatique, le terrorisme, la crise économique, les grandes pandémies, le blanchiment ». Selon lui, « la gouvernance mondiale n’est pas évidente, les États n’y parviennent pas, avec, en plus, des contraintes court-termistes, électoralistes, et, du coup, la responsabilité de la société est de plus en plus exigée dans le monde ».
Comprendre les changements du monde est ainsi devenu essentiel. Jean-Claude Javillier a exhorté ainsi les entreprises françaises à pratiquer une « intelligence circulaire », qui permette d’englober tous les problèmes. Car d’après lui, « des sociétés de l’Hexagone sont formidables, mais elles ont du mal à concevoir le monde autrement que de façon pyramidale ».
François Pargny
* Lire en accès gratuit sur le site du Moci l’article : Matinale / Medef : s’informer, se protéger, se mettre en conformité, nouvelles priorités de l’intelligence stratégique
Lire également dans la Lettre confidentielle d’aujourd’hui : Intelligence économique / Stratégie : comment Danone et Fives ont structuré leur organisation interne
Pour prolonger :
–Corruption : la France se met aux normes internationales
–Dossier Etats-Unis 2017 : l’extraterritorialité des législations américaines
–États-Unis / Extraterritorialité : les idées des professionnels du commerce international pour gérer «l’US-compliance»
–Atlas des risques pays – 9e édition, 2017