Donald Trump a signé le 3 juin le décret instaurant portant de 25 à 50 % les droits de douane supplémentaires appliqués sur l’acier et l’aluminium. Il l’avait annoncé le 30 mai, au cours de la visite d’une acierie en Pennsylvanie, invoquant la sauvegarde de la « sécurité nationale ». Un nouveau coup dur pour ses partenaires commerciaux, mais l’industrie américaine pourrait être la première à en souffrir. Revue de détail dans cet article proposé par notre partenaire La newsletter BLOCS.
Comme pour faire oublier ses ennuis judiciaires, Donald Trump a annoncé vendredi [30 mai] le doublement des droits de douane américains sur les importations d’acier et d’aluminium. Ceux-ci doivent ainsi passer de 25 à 50 % dès ce mercredi.
Cette augmentation devrait soutenir la profitabilité des fabricants américains, qui ont déjà profité de l’augmentation des cours de l’acier et de l’aluminium provoquée par la mise en place des tarifs de 25 % cet hiver. Le secteur métallurgique américain reste toutefois alourdi par le prix de l’électricité et sa capacité de production limitée.
L’industrie américaine pénalisée
Ces nouveaux droits de douane devraient surtout pénaliser la compétitivité de l’industrie états-unienne.
« Les États-Unis sont un importateur net d’acier, nous avons donc besoin d’importations pour satisfaire la demande, a déclaré Josh Spoores, responsable de l’analyse de l’acier pour les Amériques au sein de la société de conseil CRU, cité par Reuters. Cette mesure n’empêchera pas les importations d’arriver, elle ne fera qu’augmenter les prix intérieurs pour les consommateurs d’acier aux États-Unis, tels que les fabricants ».
Environ un quart de tout l’acier utilisé aux États-Unis est importé, en grande partie des pays voisins, le Mexique et le Canada. La proportion grimpe à 70 % pour l’aluminium, importé majoritairement du Canada, qui bénéficie de l’énergie abondante produite par ses nombreuses centrales hydroélectriques.
L’industrie manufacturière américaine, fortement dépendante des importations de matières premières, s’est contractée pour un troisième mois consécutif en mai, pour atteindre son niveau le plus bas depuis six mois, tandis que les usines ont continué à supprimer des emplois, selon les données de l’Institute for Supply Management (ISM).
Sous la menace de mesures de rétorsion
L’industrie se retrouve, de surcroît, vulnérable face aux mesures de rétorsion que devraient prendre les partenaires commerciaux des États-Unis si les droits de douane dits « réciproques » font leur retour, début juillet.
Les nouvelles mesures prises sur l’acier et l’aluminium pourraient par ailleurs inciter les importateurs américains à privilégier les produits finis ou semi-finis constitués d’acier et d’aluminium, que les droits de douane ne visent pas pour le moment.
Ce qui pourrait encore renforcer la fuite en avant de l’administration américaine. Le département du Commerce étudie actuellement des requêtes d’inclusion, allant des congélateurs aux châssis de semi-remorques. Et il a lancé des enquêtes sectorielles sur plusieurs industries, dont les semi-conducteurs, l’aéronautique ou encore les métaux critiques.
Annoncée au cours d’un discours tenu devant des ouvriers métallurgistes en Pennsylvanie, ces nouveaux tarifs semblent par ailleurs constituer une diversion par rapport au rachat du géant américain US Steel par le japonais Nippon Steel (BLOCS#63), confirmé le même jour par M. Trump, alors qu’il avait été bloqué par Joe Biden (BLOCS#44).
Quand bien même cette acquisition est accompagnée de promesses d’investissements de 14 milliards de dollars de Nippon Steel dans les unités de production américaines, elle illustre la difficulté des Américains à conserver leurs fleurons industriels sous leur contrôle.