Le ministre délégué en charge du Commerce extérieur, de l’attractivité, de la francophonie et des Français de l’étranger, qui accompagnait Gabriel Attal au Canada cette semaine, prolonge son séjour en entamant, le 13 avril, une visite bilatérale de 5 jours dans les provinces anglophones de l’Ouest. Avec notamment l’objectif de renforcer les liens économiques et commerciaux et de démontrer « aux oppositions politiques » en France, la pertinence et le caractère équilibré de l’accord commercial AECG-CETA.
« On veut réconcilier le débat politique avec la réalité ». C’est ainsi qu’une source diplomatique explique une partie des raisons qui ont motivé le prolongement de cinq jours du déplacement de Franck Riester au Canada, après avoir été dans la délégation qui accompagnait le Premier ministre Gabriel Attal lors de sa visite officielle. Il s’agit donc de revenir sur le dossier de l’accord commercial AECG-CETA (Accord économique et commercial global, CETA pour le sigle anglais), après le rejet de sa ratification par une majorité de Sénateurs, dans une alliance de circonstance allant de l’extrême gauche à l’extrême droite, incluant les sénateurs LR.
Il s’agit de démontrer « sur le terrain » que les craintes d’invasion de produits canadiens, invoquées par les opposants, sénateurs et organisations agricoles, en pleine crise des agriculteurs, sont infondées et qu’au contraire cet accord est « gagnant-gagnant », pour reprendre les mots martelés par le Premier ministre français. Pour rappel, les échanges franco-canadiens ont augmenté de plus de 30 % depuis l’entrée en vigueur du volet commercial du traité, en 2017 pour atteindre 8,4 milliards d’euros l’an dernier. Les seules exportations françaises ont augmenté de 33 % en sept ans, de 3,2 Md EUR à 4,2 Md EUR.
Dans l’agenda de Franck Riester sont notamment prévues, à Toronto les 16 et 17 avril, des visites au LCBO, la régie des alcools de l’Ontario (au Canada, l’importation d’alcools, très réglementées, est aux mains d’organismes publics ayant le monopole), ainsi qu’au marché Saint-Lawrence (notre photo en couverture), un lieu de distribution de fromages. C’est que dans le cadre du volet commercial du CETA, en vigueur depuis sept ans, les fromages et vins et spiritueux français sont exemptés de droits de douanes alors qu’ils subissaient, auparavant, des droits de douane pouvant aller jusqu’à 227 % pour les premiers, et de 10 % pour les seconds.
Le programme des rencontres avec les autorités canadiennes et québécoises
Au cours de son déplacement, une série d’entretiens bilatéraux avec des homologues canadiens et québécois sont à l’agenda de Franck Riester.
Au Québec le 11 avril, il a notamment rencontré (en compagnie au gouvernement de ses collègues Roland Lescure et Sylvie Retailleau), Mary NG, ministre canadienne du Commerce international, de la promotion des exportations, de la petite entreprise et du développement économique ainsi que François Philippe Champagne, son collègue en charge de l’Innovation, des sciences et de l’Industrie. Franck Riester a également eu une réunion avec Martine Biron, ministre des Relations internationales et de la francophonie du Québec et Pierre Fitzgibbon, son collègue en charge de l’Economie, de l’innovation et de l’énergie.
Dans les provinces anglophones de l’Ouest, outre les autorités provinciales du Saskatchewan, Franck Riester a prévu une rencontre avec Caroline Mulroney, ministre des Affaires francophones de l’Ontario et de nouveau Mary NG, à Toronto.
Auparavant, le ministre se sera rendu dans la province de Saskatchewan, les 14 et 15 avril, pour visiter les sites miniers et de traitement de l’uranium développés par Orano à Cigar Lake (en partenariat avec Cameco) et McLean Lake. Une manière de montrer que si le CETA a aussi favorisé l’essor des exportations du Canada en France, celles-ci concernent notamment des « matières premières stratégiques vitales » pour l’Hexagone. Avec 4000 t/an, le Canada est d’ailleurs devenu le 2ème producteur mondial (11 000 t/an) et le premier fournisseur de cette matière pour la France.
Autre aspect que le ministre veut mettre en valeur : la « résilience des chaînes de valeurs », qui nécessite que le pays entretienne des liens forts avec ses partenaires et alliés. Au Canada, Airbus dispose d’une chaîne d’assemblage d’A 320, Alstom d’un site d’assemblage de matériel roulant, et Sanofi, entre autres, d’une usine de vaccins. Franck Riester fera, les 16 et 17 avril, une visite à chacun des deux derniers situés à North York (Sanofi) et Brampton (Alstom), en Ontario.
D’une manière plus générale, le déplacement de Franck Riester vise également à renforcer les liens avec la partie anglophone du Canada, alors que la moitié des échanges entre ce pays et la France est générée par la seule province francophone du Québec. D’où ce choix de focaliser ce déplacement sur l’Ouest, après avoir participé à la visite du Premier ministre au Québec. En Ontario, où le ministre a prévu d’ouvrir le 17 avril à Toronto une conférence de promotion de la place financière de Paris organisée par Paris Europlace et la Banque Royale du Canada, ce sera notamment l’occasion de promouvoir l’attractivité de la France pour les investisseurs canadiens.
Toujours à Toronto, le ministre doit également visiter l’ incubateur de startups MaRS ainsi que le Lycée français. Des échanges avec les représentants de la Team france export, de de la French Tech et des conseillers des Français de l’étrangers sont également au programme.
Christine Gilguy