Le Premier ministre Gabriel Attal est en visite au Canada du 10 au 12 avril à la tête d’une très importante délégation de ministres, parlementaires et d’entreprises. La priorité est de renouer les liens à haut niveau avec ce partenaire bilatéral de premier ordre alors que la dernière visite d’un dirigeant français remonte à celle d’Emmanuel Macron lors du G7 de 2017.
[Mis à jour le 10/04/2024 11H30]
Sept ans sans la visite d’un chef d’Etat ou d’un chef du gouvernement, « c’est très long » reconnaît-on à Matignon. C’est pour rattraper ce temps perdu, en partie dû à la parenthèse de la Covid, que cette visite de haut niveau, la première du Premier ministre hors de l’Union européenne, a été réservée au Canada.
Rien à voir, assure-t-on, avec une quelconque « urgence » qui serait liée à la nécessité de s’expliquer après le rejet par les Sénateurs français, le mois dernier, du projet de Loi de ratification du CETA-AECG, le traité de libre-échange avec le Canada. Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, qui était lui-même venu plaider pour la ratification de ce traité devant l’Assemblée national en avril 2018, a fait savoir qu’il désirait parler du sujet avec son homologue français lors de leur rencontre à Ottawa, et « Gabriel Attal est décidé à l’évoquer », assure-t-on à Matignon. Des représentants de filières agricoles françaises font partie de la délégation d’entreprises. Mais les deux chefs de gouvernements évoqueront bien d’autres sujets, dont ceux des crises géopolitiques et des multiples domaines de coopération.
Surtout, pour Paris, il s’agit, avec ce déplacement, d’ouvrir « une séquence bilatérale de haut niveau », trois mois avant la visite de Justin Trudeau en France pour les commémorations du débarquement en juin. Pas moins de cinq ministres et secrétaires d’Etat seront du voyage en lien avec les différents domaines d’intérêt abordés au cours du déplacement dont Eric Dupont-Moretti (Justice), Sylvie Retailleau (Enseignement supérieur et recherche), Roland Lescure (Industrie), Franck Riester (Commerce extérieur, attractivité, Francophonie et français de l’étranger) et Patricia Mirallès (Anciens combattants). Six parlementaires seront également présents*.
Comme il se doit avec ce partenaire de la francophonie, le déplacement aura deux grands volets : un volet Canada, avec l’étape à Ottawa, et un volet Québec, avec une étape à Québec et une autre à Montréal. Gabriel Attal aura des entretiens avec son homologue canadien au niveau fédéral, Justin Trudeau, mais également son homologue pour la province francophone du Québec, François Legault.
A Québec, la séquence sera forcément spéciale, politique et culturelle, vus les liens historiques existant entre la France et la province francophone et l’ancrage de cette dernière dans la francophonie. Le Premier ministre français s’exprimera devant le Parlement de la province en compagnie de son homologue québécois et visitera le salon du livre (le Canada est l’invité d’honneur du salon du livre à Paris au même moment).
A Montréal, l’étape sera davantage économique. Une rencontre de Gabriel Attal à huis clos avec des représentants des milieux d’affaires des deux blocs est prévue, suivie d’un forum d’affaires où sont attendus près de 300 participants et où les Premiers ministres français et canadiens interviendront ensemble. Gabriel Attal rencontrera enfin les représentants d’une communauté française au Canda riche de 200 000 personnes.
Si la signature d’un accord de coopération en matière de lutte contre les incendies est prévue, aucun accord de type économique et commercial n’est attendu durant cette visite. Les sujets d’intérêt commun au Canada et à la France – en dehors du CETA-AECG – sont toutefois nombreux : l’écosystème économique de Saint Pierre et Miquelon (voisine du Canada), l’approvisionnement en matières premières critiques (le Canada en produit 15 sur les 30 identifiées par l’Union européenne), de grands projets d’infrastructures ferroviaires (notamment au Québec), lutte contre le changement climatique… Franck Riester a prévu de prolonger son séjour de quelques jours pour se rendre dans l’Ouest du pays.
Christine Gilguy
*Fabienne Colboc (députée, VP commission Affaires culturelles et éductation), Claire Guichard (députée, commission des Affaires étrangères), Christophe Weissberg (député, Français établis hors de France), Amélia Lakrafi (députée, Français établis hors de France), Yan Chantrel (président du groupe d’amité Canada du sénat) et Rémy Pointerreau (président du groupe d’amité france-Québec du sénat).