L’ETI de Vouvray (Centre-Val de Loire) est lauréate des Trophées Inpi 2021, catégorie Export. Un prix qui vient distinguer sa vigilance quant à la protection à l’international de ses innovations en matière d’aires de jeu en plein air. Un point s’impose.

Philippe le Poupon, vice-président de Proludic, ne peut pas chiffrer exactement l’investissement dans sa politique de protection de ses innovations. En revanche, il est certain que c’est beaucoup moins que ce que lui couterait la contrefaçon… Sa stratégie en la matière vient de lui valoir le prix Export des Trophées Inpi (Institut national de la propriété industrielle).
Créée il y a une trentaine d’années, cette ETI familiale (280 salariés; CA 2021 : 70 millions d’euros) se revendique comme le premier fabricant français d’équipements de jeux et de sport de plein air à destination des collectivités locales et territoriales. Elle s’affiche également comme le leader européen dans l’aménagement d’aires de loisirs extérieurs.
Si l’intégralité de sa fabrication est assurée à Vouvray, dans le Centre-Val de Loire, elle réalise 75% de son chiffre d’affaires à l’export en s’appuyant sur cinq filiales (Allemagne, Italie, Angleterre, Australie et Pays-Bas) et sur une quarantaine de distributeurs exclusifs à travers le monde.
Protection des modèles et vigilance
Chaque année, elle propose une cinquantaine de nouveaux produits à son catalogue, fruit de 20 000 heures annuelles consacrées à l’innovation ! Pour protéger ce travail d’innovation, elle a déposé ces trois dernières années 187 dessins et modèles auprès de l’Inpi. Dernièrement, notamment, la démarche a permis de protéger toute une gamme de produits à vocation inclusive pour laquelle les perspectives à l’export semblent excellentes.
« La propriété industrielle est une vraie problématique dans notre activité », explique le vice-président. « Nous sommes beaucoup copiés, en particulier à l’étranger. Et cette tendance s’est beaucoup accélérée ces dernières années… C’est vrai aussi en France, mais dans une moindre mesure. Nous devons être très vigilants sur la copie, – c’est-à-dire le copié/collé pur et simple de nos aires -, mais aussi sur l’imitation. C’est plus subtil, avec des coloris qui changent ou quelques modifications minimes ».
Proludic a sensibilisé ses équipes dans les filiales mais aussi l’ensemble de ses partenaires. « Chacun, sur son territoire, est attentif et surveille l’installation de possibles copies. Lorsqu’un cas est avéré, nous essayons d’agir en préventif quand c’est possible, en allant voir le client. Sinon, nous menons les actions nécessaires ».
Pour quel résultat ? « En Europe, c’est carré, nous réussissons plutôt bien à faire valoir nos droits. Ailleurs, c’est souvent plus difficile » reconnaît le dirigeant.

Un enjeu de chiffre d’affaires et d’image
L’enjeu est de taille pour Proludic. Au-delà du « non chiffre d’affaires » généré par une vente illégitime d’un concurrent, il en va de l’image de l’entreprise.
« Une installation copiée est associée à Proludic dans l’esprit de clients potentiels ou d’utilisateurs non avertis, explique Philippe le Poupon. Par conséquent, un équipement qui ne fonctionne pas ou qui se détériore rapidement impacte forcément notre image de marque ». Sans compter, les problématiques éventuelles de sécurité posées par des installations non conformes.
Depuis sa création, Proludic a aménagé plus de 100 000 espaces de loisirs en France et à l’international.
Stéphanie Gallo