Dirigée par Thibault Lanxade, l’ETI familiale Luminess (ex-Jouve), spécialisée dans la numérisation des documents et l’extraction des données (ou BPO pour Business Processing Outsourcing) vient de décrocher un beau contrat Outre-Atlantique. Elle profite des besoins de digitalisation des entreprises et des services publics pour conquérir les marchés étrangers, notamment sur la numérisation des brevets dont il se revendique leader mondial.
En remportant aux États-Unis un contrat majeur d’un montant de 1,4 milliard de dollars (Md USD) portant sur la digitalisation de l’ensemble des brevets de l’Office américain des brevets, Luminess vient de franchir un cap important. « Ce contrat qui court pendant 10 ans sur la gestion digitale des flux de brevets, depuis leurs dépôts jusqu’à leurs publications, nous permet de devenir leader mondial du traitement des brevets » revendique Thibault Lanxade, son P-dg.
Il est vrai que le Bureau américain des brevets et des marques de commerce (United State Patent and Trademark Office, USPTO) est considéré comme le plus important bureau au monde dans le domaine des brevets au regard de la taille économique du marché américain. « Avec une équipe de 400 salariés sur place, nous réalisons une part importante de notre chiffre d’affaires aux États-Unis » confirme le dirigeant.
« Un véritable esprit de conquête
pour aller chercher notre croissance à l’international »
La numérisation des brevets constitue le plus important secteur pour l’entreprise. Luminess enchaîne en effet depuis plusieurs années les contrats de digitalisation des brevets avec l’Office européen des brevets (OEB) basé à Munich en Allemagne.
« En France, nous sommes également positionnés sur le secteur de la Santé où nous digitalisons les flux de santé des six plus grosses mutuelles, les établissements de santé pour lesquels nous numérisons les dossiers des patients avec une pré-qualification des données. Dans la banque, sur la vérification de la conformité, complétude et lutte contre la fraude lors des proces digitalisés comme des ouvertures de compte en ligne. Et secteur public où nous accompagnons leur transformation digitale. Nous avons une filiale aux États-Unis qui est spécialisée dans le digital learning » énumère Thibault Lanxade.
L’entreprise propose notamment ses services de Digital Learning aux États-Unis et en Inde via ses filiales locales. « On a un véritable esprit de conquête pour aller chercher notre croissance à l’international » ajoute-t-il. Luminess est ainsi présente dans sept pays étrangers où elle a implanté des filiales aux Etats-Unis, en Inde, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, à Madagascar, en Allemagne et en Roumanie.
« Notre filiale roumaine traite une partie de nos flux, notamment les brevets de l’Office européen, dans le stricte respect du RGPD. Celle d’Allemagne s’occupe du développement commercial » précise le dirigeant.
Luminess a néanmoins rapatrié une partie de ses activités de Madagascar en Roumanie pour répondre à la réglementation européenne de protection des données personnelles (RGPD). Deux cents collaborateurs restent cependant mobilisés dans la Grande île de l’océan Indien.
Doubler le chiffre d’affaires mondial en 2025
Pour l’heure, Luminess veut se renforcer en Europe et aux États-Unis. « On souhaite opérer par croissance externe via des acquisitions d’entreprises en Europe et par croissance organique sur nos marchés français, européens et outre-Atlantique » révèle Thibault Lanxade.
Le dirigeant prévoit doubler le chiffre d’affaires mondial de l’entreprise en 2025, qui s’établit aujourd’hui à 150 millions d’euros. « Nous surfons déjà sur une croissance par an à deux chiffres » explique-t-il. Luminess est désormais loin de Jouve, l’entreprise originelle spécialisée dans l’imprimerie, dont les activités ont été revendues en 2019 pour ne garder que celles dans le digital.
Bruno Mouly