Les données définitives sur l’année 2022 établissent à 145 700 le nombre d’exportateurs recensés par la Douane, soit une progression nette de 7,6 % par rapport à 2021. Cette progression est tirée par les PME, voire les très petites entreprises (TPE) grâce au e-commerce et, contrairement l’année précédente, ce sont cette fois-ci les structures « résidentes » qui tirent la tendance.
C’est plutôt une bonne nouvelle pour le Commerce extérieur français : la hausse du nombre d’exportateurs se poursuit, selon la dernière étude statistique publiée par la Douane le 7 avril : 145 700 en 2022, selon les données définitives, contre 135 400 en 2021, soit une progression nette de +10 300 par rapport à 2021. Ce dernier nombre correspond au solde entre ceux qui sont « sortis » des statistiques, les « sortants », au nombre de 31 300, et ceux qui y sont « entrés », les « entrants », au nombre de 41 600.
Mieux, en 2022, ce sont les structures « résidentes » en France qui ont porté cette tendance, et non pas, comme en 2021, les « non-résidentes », c’est-à-dire des sociétés étrangères non immatriculées au registre du commerce et des sociétés. En 2021, l’afflux de ces opérateurs « non-résidents » avait été pour partie attribué au Brexit.
Ainsi, les sociétés résidentes constituent les deux tiers des 10 300 exportateurs supplémentaires (6400), contre un tiers pour les « non-résidents » (3900). Un infléchissement alors que « durant la période 2018-2021, ce sont les unités non-résidentes qui ont porté l’essentiel de la hausse du nombre total d’exportateurs », précise la Douane. Autrement dit, ces sociétés qui commencent à exporter ou y revienne après avoir arrêté, sont davantage ancrés dans le territoire.
Les TPE peinent à rester à l’export
Une fragilité est notée chez les nouveaux exportateurs : les deux tiers (72 %) des « entrants » son mono-produit (72 %) et mono-pays (71 %), contre respectivement 47 % et 30 % pour ceux déjà installés. Or la diversification des produits et des débouchés est considéré comme un gage de résilience.
Par ailleurs, autre caractéristique, les TPE ( 37 % des « entrants » en 2022), peinent à s’inscrire dans la durée : 30 % des microentreprises ayant exporté en 2021 sont « sortantes » en 2022 relève la Douane, soit une sur trois. En comparaison, les PME et ETI semblent davantage s’inscrire dans une démarche exportatrice durable : seulement 13 % des PME exportatrices de 2021 « sortent » en 2022, et 9 % chez les ETI.
Le boom des petits e-exportateurs
Même s’ils sont en baisse en 2022, les exportateurs non-résidents ont alimenté pendant plusieurs années la progression du nombre d’exportateurs depuis 2018 : alors qu’ils représentaient à peine 2,3 % de l’effectif en 2017, ils représentent en 2022 plus de 10 %, soit 15 500. Leur part du montant exporté a toutefois peu évolué : elle est passée de 12,3 à 13,8 % durant la même période. D’après la Douane, une partie de l’explication est à rechercher dans le développement du e-commerce : « les faibles montants exportés par ces nouveaux opérateurs non-résidents pourraient s’expliquer par une surreprésentation de ceux-ci dans le secteur de la vente à distance », indique-t-elle. « Ces opérateurs effectuent principalement des expéditions de biens vers des particuliers au sein de l’UE ». Au total, le nombre d’exportateurs dans le secteur du e-commerce « a été multiplié par 6 en 5 an, passant de 2300 en 2017 à 16 200 en 2022 « sous l’impulsion de ces opérateurs non-résidents ».
La part des filiales étrangères restent importante
Concernant la structure de cet appareil exportateur, on retrouve toutefois les grandes caractéristiques qui prévalent d’année en année avec une dominante de PME et TPE et une orientation géographique très européenne, quoiqu’en recul.
Sur le montant total des exportations de biens 2022, soit 594 milliards d’euros (Md EUR), ce sont les grandes entreprises (GE) qui concentrent la plus forte part, 53 %, alors qu’elles représentent moins de 0,5 % de l’effectif. Les ETI représentent 4 % de l’effectif et 35 % de la valeur des exportations. Enfin les PME et TPE représentent 96 % en nombre, mais seulement 12 % en valeur.
A noter que les plus grandes structures ont été aussi les plus dynamiques à l’export en 2022 : leur nombre a progressé de 3 % tant pour les GE que les ETI, et le montant de leurs exportations a augmenté de respectivement + 23 % et + 14 %. Concernant les PME et TPE, la progression en nombre a été de 8 % et de 11 % pour le montant.
Autre caractéristique qui perdure : la part importantes des filiales étrangères dans ces performances. Elles représentent en effet 40 % des GE et 36 % des ETI exportatrices, contre 17 % pour les PME et TPE. Les structures sous contrôle étranger ont généré 34 % des montants exportés des GE, 55 % pour les ETI et 27 % pour les PME et TPE.
Enfin, par destination géographique, la principale nouveauté mise en exergue par la Douane est le dynamisme des exportateurs vers les pays tiers. Le nombre d’exportateurs vers l’Union européenne est en effet en léger recul (-300), mais leur nombre progresse fortement vers l’Europe hors UE (+ 5 600), la zone Amérique (+ 3 900) et, dans une moindre mesure, l’Afrique (+ 400).
Christine Gilguy
Pour plus de détails, téléchargez l’étude de la Douane ci-après