Après avoir ouvert son capital à trois fonds d’investissement, dans le cadre d’un processus de transmission des rênes à l’encadrement par son fondateur Hervé Tiberghien, Alpex Protection accélère sa stratégie de développement à l’international. Avec comme ambition de devenir un des leaders européens de son marché, et, à plus long terme, créer une force de frappe équivalente aux États-Unis.
Fabricante de tissus techniques laminés imperméables et respirants à destination, principalement, des équipements de protection individuelle pour les marchés administratifs (militaires, pompiers, services d’entretien…) et les grandes entreprises de TP ou d’entretien, la PME ligérienne de 47 salariés Alpex Protection réalise déjà 75% de son chiffre d’affaires à l’international (CA 2021 : 18 millions d’euros). Elle est présente dans 40 pays, via son service commercial français et une équipe d’agents sur place.
Grâce à l’entrée au capital des trois fonds d’investissement InnovaFonds (qui a pris la majorité), BNP Paribas développement et Celda capital développement, à l’automne dernier, Alpex a mené récemment deux projets d’envergure pour déployer encore son rayonnement international.
Acquisition de l’Italien NT Majocchi
L’industriel vient ainsi de finaliser l’acquisition de NT Majocchi, leader italien des tissus enduits et laminés d’une taille équivalente à la sienne.
« Nous avons des complémentarités industrielles et géographiques, justifie Laurent Cogez, directeur général d’Alpex, qui pilote l’entreprise dont Hervé Tiberghien reste le président (notre photo). Le tissu enduit nous permet de compléter l’offre d’Alpex. Nous pourrons désormais, par exemple, proposer aux militaires leurs vestes mais aussi leurs sacs. Nous disposerons d’une gamme plus large en direction des EPI, de l’industrie, du sport, de l’outdoor, du luxe, etc. »
« De plus, nous étions jusqu’ici plutôt tournés vers les pays d’Europe du Nord, plus soumis aux intempéries et donc plus en recherche de nos équipements de protection imperméables, complète le dirigeant. NT Majocchi était lui en revanche orienté vers l’Europe du Sud. La fusion de nos réseaux commerciaux permettra une relation plus étroite avec les clients du monde entier finalement. »
L’ambition d’Alpex : face à un concurrent mastodonte, Gore-Tex, il s’agit de renforcer son poids industriel et commercial, ses capacités de production mais aussi ses investissements dans la R&D. « L’innovation est primordiale pour nous, face à un leader incontesté. Au-delà des efforts commerciaux, il est indispensable de nous différencier techniquement », insiste Laurent Cogez.
Créer un « Alpex bis » aux États-Unis ?
Quelques semaines avant cette acquisition, la PME avait déjà annoncé un premier pas d’importance dans sa stratégie export : la création d’une filiale commerciale aux États-Unis, dans l’État du Vermont, la première filiale à l’étranger de son histoire.
Dans le détail, il s’agit d’une joint-venture montée avec le groupe canadien Calko, acteur des textiles techniques à haute performance, notamment pour les pompiers et les services d’urgence.
« Cette joint-venture résulte de partenariats techniques et commerciaux déjà en place entre nos deux sociétés », explicite le directeur général.
Alpex a ainsi co-développé avec DuPont de Nemours une membrane spéciale filtrant les particules fines et destinée à protéger, notamment, les pompiers lors des incendies. Grâce à ce produit lancé en 2020, les États-Unis devraient représenter, en 2022, presque 10 % du chiffre d’affaires d’Alpex, contre zéro il y a 2 ans à peine…
« Ce succès nous a encouragé à ouvrir cette filiale commerciale, relate Laurent Cogez. Elle sera en charge de diffuser l’ensemble de la gamme Alpex. Nos ambitions sont fortes pour le marché nord -américain, équivalentes à celles que nous portons pour l’Europe. Mais si nous voulons réellement créer un Alpex bis, il faudra probablement en passer par la création d’une filiale industrielle. Notre gamme militaire, notamment, ne pourra être vendue aux Américains que si elle est fabriquée sur place. »
La décision devrait être prise d’ici deux à trois ans.
Stéphanie Gallo