La startup Geolith vient de lever 1,5 million d’euros notamment auprès de son partenaire industriel Eurodia, pour commercialiser son procédé écoresponsable d’extraction à haut rendement de lithium en Europe et en Amérique du Sud et du Nord. Un enjeu considérable qui répond à la forte demande mondiale en lithium utilisé dans les batteries de smartphones et de véhicules électriques.
Le lithium, ce nouvel « or blanc » sera fortement convoité dans les 10 prochaines années. Selon la plupart des experts, la demande de ce métal blanc va en effet être multipliée par 10 d’ici à 2030, portée par la forte croissance du marché mondial de la mobilité électrique et de ses besoins en batteries.
Un procédé propre et à haut rendement d’extraction
C’est sur ce constat et sur la possibilité de son extraction dans le domaine de la géothermie que Jean-Philippe Gibaud et Didier Muschalle, deux ex-cadres confirmés dans les secteurs de l’énergie, de la construction et de l’environnement (notre photo), ont fondé en 2016 Geolith.
Sa vocation : créer, produire et commercialiser un procédé technologique d’extraction de lithium à haut rendement quelle que soit sa source de matière première minière. « On a mis au point un procédé d’extraction écoresponsable de lithium avec un taux de rendement de plus de 90 % en conditions industrielles » indique Jean-Philippe Gibaud, P-dg de Geolith (ci-contre).
Après 4 ans de R&D en coopération avec Mines ParisTech et l’Université de Paris-Sud du plateau de Saclay, situées à proximité de Geolith installé à Orsay (Essonne), les performances du procédé technologique de la startup ont été validées avec des pilotes préindustriels fabriqués dans son usine d’Alsace, aussi bien pour des sources géothermiques que sur des sources minières et pétrolières.
Deux premiers contrats en Grande-Bretagne dans la géothermie
Du coup, la jeune pousse vient de faire une levée de fond de 1,5 million d’euros, dont 1,2 millions auprès d’Eurodia, PME française spécialiste de la purification industrielle de liquide, et 300 000 euros auprès de business angels.
« L’objectif est de développer les ventes en Europe de notre procédé d’extraction propre qui filtre le lithium dans les saumures (eaux salées) des forages géothermiques, en partenariat avec Eurodia qui s’occupe du raffinage industriel du lithium brut pour produire de l’hydroxyde de lithium utilisé dans les batteries de dernière génération » explique Jean-Philippe Gibaud.
Et la mayonnaise commence à prendre. « On a déjà obtenu nos premiers contrats en France avec le gouvernement et deux autres en Grande-Bretagne avec des entreprises spécialisées dans le développement de sources géothermiques. Des contrats en cours de négociation en Allemagne, Belgique et aux Pays-Bas suivront » révèle le dirigeant.
« Le raffinage du lithium brut extrait de minerais est notre nouvel axe de développement depuis 4 à 5 ans. Avec Geolith, nous proposons ainsi une solution globale technologique et industrielle clé en main depuis l’extraction de lithium jusqu’à la production sur place d’hydroxyde de lithium, voué à intégrer les électrodes des batteries électriques » complète Mathieu Bailly, président d’Eurodia.
A la conquête des Amériques grâce à une subvention Fasep
Mais les deux partenaires sont encore plus ambitieux dans leur développement à l’international. En même temps, ils partent en effet à la conquête du lithium aux Amériques.
« Grâce notamment au financement du Fonds d’études et d’aides au secteur privé (Fasep) de la Direction générale du Trésor, dispositif de soutien et d’effet de levier à l’export des process pilotes des entreprises françaises, on aborde l’énorme marché d’Amérique du sud qui possède les plus grands gisements de lithium au monde dans les immenses salars [marais salants] des plateaux andins à cheval entre la Bolivie, l’Argentine et le Chili. C’est dans ce dernier pays que nous misons le plus, avec la présentation d’un premier procédé pilote d’extraction de lithium dans les salars à des grandes sociétés minières locales » expose Jean-Philippe Gibaud.
Pour cela, Geolith peut s’appuyer sur la filiale brésilienne d’Eurodia, dédiée au développement de l’infrastructure industrielle sur place de purification de lithium brut extrait des Salars. « Notre stratégie est de construire des usines de raffinage de lithium sur place avec des partenaires locaux, grâce à une préfabrication de nos procédés en France qui permet de minimiser le temps de construction des sites » précise Mathieu Bailly.
L’énorme potentiel des saumures des puits pétroliers américains
Les deux partenaires tricolores adoptent la même démarche en Amérique centrale et du Nord regroupant le Mexique, les États-Unis et le Canada, mais cette fois en ciblant les saumures des forages pétroliers.
« Le potentiel d’extraction de lithium est énorme, sachant que l’extraction d’un baril de pétrole génère 7 barils de saumure. Il y a 500 000 puits de pétrole à exploiter de la sorte, soit 50 % du nombre total de puits en Amérique du Nord » s’enthousiasme Jean-Philippe Gibaud.
Là aussi, Geolith va s’appuyer sur la filiale californienne d’Eurodia pour développer son business. « On est déjà en discussion avec des acteurs locaux aux États-Unis » glisse Mathieu Bailly.
Une avance technologique mondiale
Les deux entreprises partenaires comptent aller vite et capitaliser sur leur avance technologique mondiale.
« Si la concurrence, surtout d’institutions académiques, existe aux Etats-Unis, en Amérique du sud et en Chine, nous n’avons pas ou peu de concurrence purement industrielle capable, comme Geolith, d’une telle performance de rendement d’extraction de lithium et d’adaptation à toutes les sources de matière première minière » conclut le président d’Eurodia.
Bruno Mouly