Recentrée depuis 2017 sur l’ingénierie nucléaire et des énergies décarbonées, l’ETI Assystem, qui réalise 40% de son chiffre d’affaires à l’export, vient de faire une acquisition en Inde. Elle illustre la stratégie de l’entreprise visant à se positionner dans les pays qui développent de nouvelles capacités nucléaires.
Le 30 juin dernier, Assystem a réalisé une opération de croissance externe stratégique en Inde, avec l’acquisition de 99 % du capital de l’entreprise locale Stup, spécialisée dans l’ingénierie nucléaire et des infrastructures de transport.
« Le rachat de Stup, qui est né dans l’ingénierie des ilots nucléaires, est très important pour nous positionner sur le programme indien qui vise à construire une quarantaine de réacteurs d’ici à 2035. Stup a déjà travaillé sur 18 des 22 réacteurs qui sont déjà en exploitation dans le pays » indique Stéphane Aubarbier, directeur général en charge des opérations d’Assystem.
Se positionner sur le projet nucléaire français en Inde
Fort de ses 1100 salariés répartis sur le territoire national et de son expertise dans l’ingénierie nucléaire, Stup va ainsi servir de tremplin à l’entreprise tricolore pour mettre son expertise d’ingénieriste nucléaire au service des acteurs de la construction de centrales décidée par le gouvernement indien. A commencer par le programme d’installation de six réacteurs EPR de nouvelle génération à Jaitapur (côte ouest de l’Inde) en cours de négociation entre les gouvernements français et indien.
« C’est avec l’opérateur public NPCIL, chargé des programmes d’installations nucléaires, que les sociétés d’ingénierie travaillent. Mais il n’y a pas d’appels d’offres. NPCIL attribue des sites dédiés aux entreprises françaises, américaines et russes sur le territoire. Ce qui ne nous empêchent pas de postuler pour les études d’ingénierie de réacteurs russes au sud du pays » explique Stéphane Aubardier.
S’implanter dans les pays qui développent les énergies décarbonées
Cette pénétration du marché nucléaire indien illustre plus largement la stratégie internationale d’Assystem, visant à se positionner dans des pays qui mettent en œuvre de nouvelles capacités d’énergies décarbonées (nucléaires, éoliennes et solaires).
« C’est le nucléaire qui draine le plus d’activités dans l’ingénierie. Nos implantations sur la carte mondiale se confondent avec les pays nucléarisés ou en voie de développement nucléaire et d’énergies renouvelables » illustre le dirigeant.
Depuis 2020, Assytem a ainsi enchaîné les partenariats et contrats à l’étranger.
Arabie Saoudite, Ouzbékistan, Turquie…
En Arabie Saoudite, l’entreprise mène les études d’impact environnemental et sur le réseau électrique des sites envisagés pour l’installation de deux réacteurs nucléaires. Aux Emirats arabes unis, elle travaille sur les études d’impact de la construction de quatre réacteurs nucléaires, dont l’un a été mis en service en 2020.
En Ouzbékistan, Assytem a scellé en mai 2021 un accord avec le ministère de l’Energie pour le développement d’un mix énergétique bas carbone. « L’Etat ouzbek veut accroître ses capacités électriques de 12 GW à 20 GW, avec de nouvelles unités de production nucléaire, solaire et éolienne » souligne Stéphane Aubarbier.
Dans ce pays d’Asie centrale, Assytem est chargé de piloter les projets de nouvelles capacités électriques et de mettre au standard européen le vieux réseau électrique national pour lui permettre d’absorber la production énergétique supplémentaire.
En Turquie, l’entreprise française a remporté en novembre 2020 un contrat pour la supervision de la construction en cours de la centrale nucléaire turque d’Akkuyu. Enfin, au Royaume-Uni, Assystem en a signé un autre en juillet 2020 pour assurer le design conventionnel et le contrôle qualité de la construction de deux réacteurs de la centrale nucléaire Hinkley Point C.
« On continuera à accompagner le développement nucléaire et des énergies renouvelables des pays qui ont besoin de nouvelles capacités. Le Canada au fort potentiel de construction de réacteurs nucléaires, pourrait être notre prochaine cible » révèle Stéphane Aubarbier.
Bruno Mouly