Vingt-quatre nouveaux pays membres de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf) ont rejoint une « initiative de commerce guidé » visant à mener des opérations d’échanges commerciaux pilotes pour peaufiner le cadre opérationnel du traité. Revue de détail.
(Mis à jour le 24/01, 10H00)
Ces 24 nouveaux pays (liste ci-après) candidats rejoignent ainsi les sept pays pionniers qui avaient, à partir d’octobre 2022, lancé des opérations pilotes d’échanges commerciaux entre eux afin de roder l’application des nouvelles règles et son organisation pratique : Ghana, Cameroun, Rwanda, Kenya, Maurice, Egypte, Tanzanie, Tunisie.
Ensemble des pays participants à l’initiative
–Afrique du Nord : Algérie, Egypte, Tunisie, Maroc;
–Afrique de l’Ouest : Côte d’Ivoire, Ghana, Nigeria, Sénégal, Togo;
–Afrique de l’Est : Kenya, Tanzanie, Ouganda, Rwanda;
–Afrique centrale : Burundi, Cameroun, République Centrafricaine, Rép. Démocratique du Congo (RDC), Congo, Gabon, Guinée équatoriale;
–Afrique australe : Angola, Botswana, Malawi, Namibie, Afrique du Sud and Zimbabwe;
-Pays insulaire : Cap Vert, Comores, Madagascar, Maurice, Seychelles.
La méthodologie est intéressante : il s’agit, pour chaque pays, de déterminer les produits et les partenaires avec lesquels il va expérimenter la phase opérationnelle de la mise en œuvre de la Zlecaf en fonctions de sept différents critères dont les deux premiers sont d’avoir ratifié le traité Zleca et d’avoir déposé et validé son plan de réduction de tarifs et de concessions. Le pays doit avoir aussi transposé et mis en ligne dans sa législation les nouvelles dispositions douanières et créé un comité ad hoc dédié à la mise en oeuvre de la Zleca. Il doit aussi avoir désigné les autorités douanières compétentes et leur avoir fourni les spécimens de formulaire et timbres.
« Dans la pratique, les pays participants remplissent moins de sept critères », explique au Moci Simon Mevel, économiste au Centre africain pour la politique commerciale de la Division de l’intégration régionale et du commerce de la CEA, qui a participé à une conférence de présentation de l’initiative la semaine dernière, à Nairobi, en présence d’une représentant du secrétariat général de la Zlecaf. Mais ce dernier veut accélérer la mise en place de l’Initiative de commerce guidé. « Celle-ci est très dynamique, complète l’économiste français. Le nombre de pays prenant part à l’initiative et le nombre de produits échangés a augmenté et ne cesse d’évoluer ».
Actuellement, 96 produits peuvent être échangés librement avec des préférences tarifaires dans le cadre de cette zone de libre-échange, parmi lesquels les produits pharmaceutiques, le caoutchouc, les pâtes alimentaires, le thé, le café, l’acier ou le bois.
Le Sénégal, qui fait partie des 24 nouveaux pays participant à ce projet pilote grandeur nature, a ainsi réalisé toute une étude sur son commerce extérieur pour sélectionner les produits et pays avec les lesquels mener cette expérimentation, avant d’annoncer, en juillet 2023 sa sélection : dix groupes de produits principalement issus de l’agriculture et de la pêche, et huit marchés africains (Tunisie, Soudan, Angola, Egypte, Algérie, Cameroun, Rwanda et Burundi). Dans ces pays, les produits sénégalais ciblés supportent habituellement entre 21 et 34% de de droits de douane.
« Cette année, notre intention est d’accélérer la mise en œuvre de la Zlecaf », a confirmé le diplomate sud-africain Wamkele Mene, son secrétaire général permanent, lors d’une conférence, selon des propos rapporté par le site maroc-diplomatique. « Les premiers échanges commerciaux entre les pays africains ont effectivement commencé avec des marchandises traversant les frontières, même si les volumes n’ont pas encore atteint les objectifs fixés ».
Outre le choix de partenaires et de produits prioritaires, l’Initiative comprend également l’utilisation du Système panafricain de paiement et de règlement (PAPSS) lancé en 2023. Le PAPSS est une infrastructure de marché financier mise en place en collaboration avec les banques centrales et permettant des paiements transfrontaliers instantanés en monnaies locales, réduisant le risque de change, et à moindre coût par rapport au système habituel de banque correspondante.
C.G
Principales sources : Le Moci, secrétariat général de la Zleca, Agence Ecofin, maroc-diplomatic.net.