Le Cross Channel Institute, Think Tank de la CCI franco-britannique (CCIFB), recevait le 28 mars Shevaun Haviland, directrice générale des Chambres de commerce britanniques depuis avril 2021. L’occasion d’évoquer la situation économique outre-Manche et les relations commerciales avec la France. Revue de détail.
Comment se portent les relations franco-britanniques trois ans après le Brexit ? « Nous devons aller de l’avant et être pragmatiques, a résumé Shevaun Haviland. L’Union européenne est destinataire de 42 % de nos exportations, mais tant que le Royaume-Uni n’a pas de stratégie industrielle claire, il est difficile de savoir si vous suivez ou non la réglementation européenne. La réglementation est la question du moment. »
La directrice générale des Chambres de commerce britanniques était reçue par le Cross Channel Institute deux jours après la publication par ce réseau d’un rapport sur l’avenir de l’économie du Royaume-Uni qui appelle à une convergence réglementaire. « Il a été progressivement admis qu’une approche pragmatique de la réglementation est nécessaire car le système commercial du Royaume-Uni est toujours lié aux systèmes réglementaires, aux politiques fiscales et à la puissance économique de nos deux principaux partenaires, les États-Unis et l’Union européenne », constate-t-il.
Autre facteur d’instabilité, politique celui-là : les élections générales qui doivent se tenir officiellement avant le 28 janvier 2025. Pour Shevaun Haviland, « la question est quand se tiendront-elles ? ». « Nous avons besoin d’une stratégie économique de long terme », at-elle plaidé. Ici comme ailleurs, le monde des affaires déteste l’instabilité…
Premier excédent commercial de la France
Après le Brexit, le Royaume-Uni et l’Union européenne ont signé un accord de libre-échange qui doit être progressivement mis en place jusqu’en 2025. Mais pour attirer des investissements dans certains secteurs clés, notamment la transition énergétique, une politique économique claire et de long terme doit être mise en place.
En attendant, la France reste le cinquième partenaire commercial et l’un des marchés prioritaires du aux côtés de des États-Unis, de la Chine, de l’Inde et de l’Allemagne. Le Royaume-Uni est devenu l’an dernier le premier excédent commercial de la France. Selon la Douane française, les exportations, tirées par l’aéronautique, ont progressé en 2023 de 7,4 % à 36,8 milliards d’euros (Md EUR) tandis que les importations, en baisse de 9,7 %, ont atteint 26 Md EUR. Malgré le Brexit et ses tracasseries douanières, les entreprises françaises continuent d’exporter outre-Manche.
Si le marché britannique continue d’attirer les entreprises tricolores, il connait toutefois des temps difficiles. Son économie est en effet entrée en récession technique fin 2023 (-0,3 % au dernier trimestre) et sur l’ensemble de l’année dernière, sa croissance n’a pas dépassé 0,1 %. « Nos dernières prévisions trimestrielles montrent néanmoins une hausse de la confiance des entreprises », se réjouit Shevaun Haviland qui regrette « un attentisme des entreprises qui ajoute à l’incertitude » avant les élections générales, se traduisant par un manque d’investissements.
Sophie Creusillet