Malgré une passe difficile, les comportements de paiement des entreprises de la métallurgie allemande ne se sont pas dégradés, selon une étude de Coface publiée le 23 novembre. De quoi conforter la place de bon élève dans ce domaine de l’Allemagne. Revue de détail.
Le secteur des métaux traverse une passe difficile en Allemagne. En cause, selon les économistes de l’assureur-crédit Coface, d’abord la concurrence redoutable des producteurs chinois, qui bénéficient du soutien de leur État, provoquant une surcapacité à l’échelle mondiale et permettant de casser les prix. Cela a notamment pesé sur « l’acier et l’aluminium » constate Coface.
Pour en rajouter dans la difficulté, comme dans toute l’Union européenne, les industriels clients, en particulier de l’automobile, accélèrent leur transformation vers des technologies vertes, provoquant une récession qui a touché le secteur des métaux. En outre, énergivore, l’industrie des métaux a subi de plein fouet la flambée des prix de l’énergie qui a suivi le déclenchement de la guerre en Ukraine.
Résultat : une sorte d’effet de ciseaux entre d’une part une production baissière et d’autre part des coûts de production en hausse. Selon des données de l’Association patronale de l’industrie des métaux et de l’électronique citées par Coface, la marge bénéficiaire brute du secteur s’est effondrée (3,5 % en 2021) : en mai 2023, 34% des entreprises du secteur déclaraient des marges bénéficiaires très faibles (entre 0 % et 2 %) et pour 14% d’entre elles, une marge bénéficiaire négative. « En septembre 2023, 15 % se préparent à des pertes de bénéfices pour cette année » signale l’assureur-crédit.
Des comportements de paiement remarquables
Malgré ce contexte particulièrement morose, ces entreprises affichent des comportements de paiement pourtant remarquables. En 2023, elles sont 53 % à demander à être payées dans les 30 jours suivant la livraison (contre 82 % en 2019) et 5 % seulement ont accordé des délais de paiement supérieurs à deux mois (16 % en 2019).
Résultat : une forte réduction du délai de paiement en 4 ans (-13 jours), de 44 jours en 2019 à 31 jours en 2023. « En comparaison, sur la même période, le délai de paiement pour l’ensemble des entreprises en Allemagne n’a diminué que de façon marginale, passant de 34 à 32 jours » observe Coface.
Enfin, en matière de retards de paiement, le résultat est également plutôt honorable. Si 77 % des entreprises du secteur signalent des retards de paiement en 2023, 15 points de plus qu’en 2022 (62 %), 32% des entreprises interrogées considèrent cette pratique comme une norme de marché en 2023.
« L‘industrie métallurgique reste l’un des secteurs allemands où la plupart des entreprises reçoivent leurs paiements dans les 30 premiers jours suivant l’échéance, souligne Coface. En 2023, aucun retard supérieur à 90 jours n’a été signalé (contre 5 % des paiements en 2019) ».
Avec 25,3 jours en 2023, le retard moyen du secteur s’aggrave légèrement (25 jours en 2022) mais reste inférieur à la moyenne nationale allemande (sauf en 2020, année de la crise Covid).
Concernant les perspectives pour 2024, d’après Coface, le moral n’est pas au beau fixe mais la métallurgie « se positionne toutefois directement en dessous de la moyenne des différents secteurs » en matière de pessimisme. Parmi les principaux risques identifiés par les entreprises métallurgiques allemandes en 2023, précise Coface, figurent encore la dégradation des conditions commerciales et de production (pour 21,4 % des répondants), la hausse des prix des matières premières (17,9%) ains que le manque de main d’œuvre (12,5 %) et les risques politiques (11,6 %).
Mais les métallurgistes sont désormais rodés aux exercices d’anticipation de la conjoncture des risques : « en réaction à ces risques, le secteur des métaux semble s’être adapté plus tôt que d’autres industries à l’évolution de l’environnement économique : 13,6 % des entreprises ont ainsi déjà mis en place des stratégies de réduction des risques en 2023 » remarque Coface.
C.G