Capital Export vient de publier la troisième édition de son baromètre sur les activités des petites et moyennes entreprises sur les marchés étrangers. Malgré les perturbations actuelles du commerce international liées aux conséquences de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine, elles ont doublé leur part de chiffre d’affaires à l’export et concentrent désormais leurs efforts sur l’Europe occidentale et l’Amérique du Nord.
Deux PME sur trois (67 %) sont désormais présentes à l’international, selon l’enquête réalisée par Opinion Way pour la société d’accompagnement à l’export Capital Export, contre 41 % il y a deux ans et 51 % en 2022. Cette augmentation ne signifie pas pour autant qu’elles sont plus nombreuses pour se partager le même gâteau. Bien au contraire : l’export représente 25 % en moyenne du chiffre d’affaires des sondés, contre 12 % en 2021.
« On sent que les entreprises ont retrouvé de l’appétence pour l’export et appris à naviguer dans un contexte d’incertitudes, résume Jean-Mathieu Sahy, président fondateur de Capital Export. Plus que jamais, la source d’une croissance pérenne se trouve à l’international ! » Elles sont en effet 45 % à estimer que la période actuelle est propice à l’internationalisation, soit 11 points de plus qu’en 2022. 32 % d’entre elles ont déclaré une hausse de leur activité internationale l’an dernier.
Le contexte actuel ne décourage pas les exportateurs
Ce mouvement des PME vers les marchés étrangers semble bien enclenché et promis à perdurer, du moins à court et moyen termes. Un dirigeant sur deux projette ainsi de renforcer l’export dans les mois et les années à venir.
Le contexte géopolitique, particulièrement instable, a pourtant des conséquences sur la vie des entreprises françaises à l’international, notamment en termes de coûts (matières premières ou marchandises, transport…).
Face à ces contraintes de prix des achats de biens et services à l’étranger, un exportateur sur quatre perçoit la baisse de l’euro plutôt comme une menace (25 %) pouvant renchérir les coûts d’achats. A contrario, la même proportion estime que le niveau de l’euro est une opportunité (25 %).
Malgré ces vents contraires, 40 % des dirigeants sondés ne constatent pas d’impact sur leur stratégie de développement international (une part en hausse de 43 %), principalement parce que leur secteur n’est pas concerné par la crise (62%).
L’Europe de l’Ouest, zone prioritaire des entreprises
Sans surprise, l’Europe de l’Est et la Russie ne sont plus dans les scopes des entreprises qui se focalisent désormais sur l’Europe occidentale et l’Amérique du Nord. L’Europe représente la zone prioritaire de développement dans les années à venir (44% des dirigeants sondés). L’Amérique du Nord enregistre la plus forte hausse d’intentions de développement avec 5 points de progression dans les citations (12 %, soit + 71 %).
Fait étonnant : l’enquête de Capital Export révèle un important changement de perception des principaux exportateurs dans le monde. En 2022, un sondé sur deux considérait l’Allemagne comme le pays le plus offensif à l’export alors qu’ils ne sont plus que 27 % cette année. Dans une moindre mesure, les Etats-Unis ont également connu une diminution (39 %, – 6 points). C’est désormais la Chine fait désormais figure de pays le plus présent à l’export (53 %, + 6 points).
La décarbonation est devenue un enjeu de l’internationalisation
Par-delà le contexte géopolitique, l’enjeu environnemental oriente également les stratégies des dirigeants.
Près des trois quarts d’entre eux (72 %) engagent des mesures pour réduire le bilan carbone de leurs activités à l’international : 35 % les ont déjà mises en place, 37 % ont l’intention de le faire. Ces actions concernent avant tout les transports (65 %). Pour participer à la décarbonation, les dirigeants ont ou vont d’abord grouper, réduire les expéditions de marchandises (37 %) et sélectionner les moyens de transport les moins polluants (29 %).
Enfin, si les compétences techniques, la maîtrise des langues, la qualité et la différenciation de l’offre et l’innovation sont des leviers primordiaux pour réussir à l’international selon les entreprises sondées, le facteur prioritaire reste la volonté des équipes dirigeantes.
« Les signes de confiance des dirigeants exportateurs dans la compétitivité des offres françaises sont très encourageants pour l’avenir. Ces dirigeants constatent avec le temps que la marque France fait partie des quatre leaders mondiaux en termes de qualité globale de l’offre. En 2021, elle était considérée comme un frein au développement à l’international pour 43 % des sondés quand ils ne sont plus que 30 % à l’évoquer en 2023 », souligne Jean-Mathieu Sahy. Plus confiants dans l’aura de la marque France, ils sont en revanche moins enclins à se faire accompagner.
Les entreprises attendent plus de soutien de l’écosystème
La propension à faire appel à des professionnels de l’export a ainsi largement baissé, sûrement en raison de la réduction des moyens alloués dans un contexte inflationniste, mais aussi, selon Jean-Matthieu Sahy, parce que « les dirigeants français sont moins habitués que les Anglo-Saxons à rémunérer des conseils extérieurs pour les aider ».
Par ailleurs, ils ne se sentent pas assez soutenus par l’écosystème français dans leur stratégie d’internationalisation. Le sujet de l’exportation des entreprises n’est pas suffisamment évoqué dans le débat public selon 70 % des interviewés.
Concrètement, seuls 35% des dirigeants estiment que les entreprises françaises sont plus accompagnées dans leurs efforts de développement international que leurs pairs étrangers.
Malgré une baisse de 10 points dans les citations, les chambres de commerce et d’industrie restent le premier acteur jugé légitime pour accompagner les entreprises (cité par 52% des dirigeants qui font appel à des professionnels ou pourraient le faire). Les acteurs privés ne sont pas en reste : trois répondants sur dix citent les fédérations professionnelles (34 %), les conseils et sociétés privés d’accompagnement international (34%) ou encore les entreprises de conseil en internationalisation (30 %).
Perçu comme un relais de croissance pendant la crise sanitaire, l’international est en train de devenir un réflexe chez les petites et moyennes entreprises.
Sophie Creusillet