Depuis quelques mois, les sociétés d´importation étrangères et les investisseurs internationaux sont priés de trouver des partenaires locaux. Des instructions auraient été données par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia.
« Le plus grave, estime un industriel algérien, est que pour financer des projets les investisseurs étrangers sont maintenant obligés de faire appel à des banques en Algérie ». En clair, précise-t-il, « ils sont invités à recourir aux services des établissements purement algériens, alors que ces derniers, même s´ils possèdent des liquidités, sont sous capitalisés ».
Comment comprendre de telles mesures, marquant un retour en arrière, alors que l´Algérie s´est dotée depuis plusieurs années d´un Code d´investissement incitatif et d´une autorité, l´Andi, chargée de favoriser l´investissement ? « Ces mesures n´ont rien à voir avec la baisse des recettes pétrolières et la montée des importations, répond un journaliste algérien. En fait, assure-t-il, entre les islamistes qui vilipendent la modernisation de la société et les trotskystes qui attaquent le capitalisme, le président Bouteflika cherche à ratisser large avant les élections du 9 avril ».
Bien que le chef de l´Etat soit assuré de remplir un troisième mandat de cinq ans, il veut l´appui du « système ». Ainsi, veut-il obtenir le soutien de la puissante centrale syndicale UGTA, dont les adhérents sont tous des salariés des entreprises publiques. « Depuis la nomination d´Ahmed Ouyahia il y a sept mois, remarque le journaliste algérien, le Conseil des participations de l´Etat, en charge des gros investissements, des partenariats, mais aussi de la dissolution des entreprises publiques et des privatisations, n´a pas été réuni une seule fois ».
Aujourd´hui, les réactions sont vives dans la communauté d´affaires étrangère. Et chacun espère que les nouvelles contraintes à l´investissement seront enterrées après les élections.
François Pargny