L’Union européenne (UE) a annoncé mi-juillet avoir investi plus de 1,8 milliard d’euros (Md EUR) dans 17 projets dans le secteur des technologies propres, avec une série d’aides accordées dans le cadre du Fonds pour l’innovation. Revue de détails.
L’UE souhaite aller plus loin dans la transition écologique. Et pour ce faire, elle vient d’annoncer qu’elle allait financer des technologies révolutionnaires pour les énergies renouvelables, les industries à forte intensité énergétique, le stockage de l’énergie et le captage, l’utilisation et le stockage du carbone.
17 projets ont été sélectionnés, sur les 139 reçus.
Le montant des investissements est important : plus de 1,8 Md EUR, ce qui représente plus de 50 % d’augmentation par rapport à l’appel précédent. « Les subventions accordées aujourd’hui aident les entreprises innovantes dans toute l’Europe à développer les technologies de pointe dont nous avons besoin pour stimuler la transition écologique », souligne Frans Timmermans, vice-président exécutif du Fonds pour l’innovation. Et d’ajouter : « Il s’agit d’un grand coup d’accélérateur pour la décarbonation des industries à forte intensité énergétique dans l’Union européenne ».
Lancé fin octobre 2021, ce deuxième appel à projet vise des projets à grande échelle, qui ont un coût en capital supérieur à 7,5 millions d’euros. Le jury est composé d’experts indépendants qui ont évalués les projets selon leur capacité à réduire les émissions de gaz à effet de serre par rapport aux technologies traditionnelles et de proposer des innovations au-delà de l’état de la technique. Cela correspond à des projets suffisamment avancés pour permettre leur déploiement. Un critère coût-efficacité a également été pris en compte dans la sélection.
Parmi les 17 projets figurent trois projets situés en France :
-le 1er projet dénommé Calcc sur le ciment va permettre de capter les émissions de CO2 provenant des gaz d’échappement produits lors de la production de chaux, de les stocker de manière permanente dans des formations géologiques en mer. Il est porté par l’entreprise chimique Chaux et Dolomies du Boulonnais et Air liquide France industrie, spécialiste français des gaz industriels.
–Rise du consortium Rec Solar Pte (entreprise singapourienne), avec le Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives et Rec Solar France : on parle de la construction d’une usine de production photovoltaïque basée sur la technologie d’hétérojonction. Le site sera situé dans le nord de la France et devrait produire 2 gigawatts par an d’électricité.
-le 3e projet français baptisé Relieve, émane de l’entreprise française Eramet, spécialisée dans les métaux d’alliage (notamment le manganèse et le nickel) : il permettra la construction d’une usine de recyclage de batteries lithium-ion à Dunkerque pour la production et le raffinage de masse noire, donnant accès à une source secondaire de matières premières pour batteries.
Nous détaillons ci-après les autres projets sélectionnés.
Les autres projets sélectionnés
-3 projets concernent le ciment : Carbon2Business développé par l’Allemand Holcim permettra de déployer un procédé de captage du carbone de deuxième génération par oxycombustion dans une cimenterie et d’en faire une matière première qui sera ensuite transformée en méthanol de synthèse.
Go4ecoplanet de Lafarge cement Pologne : ce projet va créer une chaîne complète de captage et de stockage du carbone, allant du captage et de la liquéfaction du CO2 dans une cimenterie à son stockage dans des sites en mer.
Le projet Anrav, de l’entreprise Devnya cement JSC et Petroceltic Bulgaria Eood sera le premier projet complet de captage et de stockage du carbone en Bulgarie. Il va relier des installations de captage de CO2 dans une cimenterie à un stockage permanent dans un gisement gazier épuisé en mer Noire, au moyen d’un réseau de gazoducs terrestres et en mer.
Dans la catégorie des produits chimiques figurent trois projets : en Finlande, le projet Pulse du finlandais Neste Oyj vise à recycler chimiquement des plastiques destinés à être utilisés comme matière première dans des raffineries.
En Suède, Air du groupement Perstop Oxo Ab, Fortum Sverige Ab et Sydkraft Ab consiste en la construction d’une usine de méthanol novatrice, qui va transformer en méthanol des flux de CO2, de résidus, d’hydrogène renouvelable et de biogaz.
Un dernier projet en Finlande baptisé Ionfibre de l’entreprise finlandaise Metsa Spring Oy va produire une nouvelle fibre à partir de pâte pour remplacer le polyester dans des applications textiles.
Dans la catégorie Hydrogène, on trouve trois projets. Aux Pays-Bas, Holland Hydrogen de Rotterdam Hydrogen Compagny Bv, Shell hydrogen operations and production Bv, Shell Nerderland raffinaderij Bv et Shell new energies Nl Bv, va produire, distribuer et utiliser de l’hydrogène vert au moyen d’un électrolyseur alimenté par de l’électricité éolienne en mer.
Furec de RWE Generation Nl Bv va permettre de traiter des flux de déchets solides non recyclables et de les transformer principalement en hydrogène.
Elygator d’Air Liquide Industries Nl va produire 15 500 tonnes d’hydrogène renouvelable par an à Terneuzen.
Deux projets concernent des raffineries : en Norvège, Biozin de la holding Biozin As, Bergene Holm As et Norske Shell As va mettre en place et exploiter la première installation de production de biocarburants à l’échelle commerciale. Elle transformera des déchets forestiers en biochar et en biocarburants avancés de deuxième génération.
En Suède, HySkies soutenu par Shell new energies nl Bv, Vattenfal Ab et Lanzatech Inc, va permettre la construction d’une installation à grande échelle pour la production de carburants d’aviation de synthèse durables, en utilisant du CO2 capté dans une centrale de production combinée de chaleur et d’électricité.
Dans la fabrication de composants pour le stockage d’énergie ou la production d’énergies renouvelables, figure un projet basé en Pologne. Baptisé NorthStor Plus développé par Northvolt Poland Sp et Northvolt battery systems Ab, il s’agît de la construction d’une usine de fabrication de systèmes innovants de batteries électrochimiques pour assurer le stockage de l’électricité à court terme.
Dans la catégorie énergies renouvelables : dans la partie allemande de la mer du Nord, le projet N2OWF de l’Allemand Nordsee Two GmbH va permettre de construire et d’exploiter un parc éolien en mer, qui mettra en œuvre des solutions innovantes pour les turbines et l’hydrogène.
Le dernier projet Coda Terminal de Carbfix Ohf et Dan-Unity Co2 A/S situé en Islande va permettre la construction d’un terminal modulable de stockage terrestre de minerais de carbone, dont la capacité de stockage globale est estimée à 880 millions de tonnes de CO2.
Un troisième appel à projet en préparation
Par ailleurs, certains projets rejetés qui répondaient toutefois à des exigences minimales avec un fort potentiel d’améliorer leur maturité se verront offrir une aide au développement de projets par la BEI (Banque européenne d’investissement). La liste sera annoncée à l’automne 2022.
Un troisième appel à projet d’envergue pour soutenir davantage l’indépendance de l’UE vis-à-vis des combustibles fossiles russes devrait être lancé à la fin de l’automne 2022. La Commission annonce déjà une subvention encore plus importante de l’ordre de 3 Md EUR. Il visera à soutenir des applications innovantes d’électrification et d’hydrogène dans l’industrie, la fabrication de technologies propres telles que les électrolyseurs et les piles à combustible, les équipements renouvelables innovants, le stockage d’énergie ou les pompes à chaleur à usage industriel.
Pour plus d’informations sur les 17 projets sélectionnés (en anglais), cliquez ici.
Pour en savoir plus sur le 3e appel à projet (en anglais), cliquez ici.
Claire Pham