Selon un communiqué commun publié le 12 mai, les autorités américaines et chinoises instaurent une trêve de 90 jours, à compter du 14 mai, durant laquelle une partie des nouveaux droits de douanes instaurés dans le cadre de la guerre commerciale de l’administration Trump sont suspendus. Un mécanisme de négociation bilatéral est mis en place pour poursuivre les discussions. Revue de détail.
C’est un soulagement, certes temporaire, qui s’est propagé dans le monde, entraînant une hausse des marchés financiers des deux côtés de l’Atlantique. A l’issue de leurs tractations durant le week-end des 10 et 11 mai à Genève, les négociateurs américains et chinois, respectivement Scott Bessent, secrétaire américain au Trésor (accompagné de Jamieson Greer, représentant au Commerce) et He Lifeng, vice-Premier ministre chinois, ont annoncé suspendre une partie des droits de douane instaurés depuis avril.
Scott Bessent a précisé lors d’un point presse que la suspension d’une partie des droits de douane par les deux blocs reviendrait à abaisser de « 115 % » le niveau de leurs tarifs douaniers respectifs et réciproques. Autrement dit, après avoir atteint des sommets prohibitifs de respectivement 145 % pour les États-Unis et de 125 % pour la Chine, gelant de facto quelque 600 milliards de dollars d’échanges bilatéraux de marchandises, les droits de douane réciproques reviendront à un niveau de 30 % pour le marché américain et 10 % pour le marché chinois.
Le communiqué commun sino-américain, publié sur le site de la Maison Blanche le 12 mai, donne les détails techniques de cet accord, précisant notamment les décrets américains et chinois dont l’application est temporairement suspendue pour trois mois, jusqu’à la mi-août.
Mise en place d’un « mécanisme » de négociation bilatéral
D’ici là, les deux blocs vont continuer à négocier les termes d’un accord plus global. Le communiqué commun officialise la mise en place, dès la suspension des droits de douane prévue effective dans chacun des deux blocs, d’un « mécanisme pour poursuivre les discussions sur les relations commerciales et économiques ». Celles-ci pourront se dérouler alternativement en Chine, aux États-Unis ou dans un pays tiers désigné d’un commun accord. He Lifeng continuera à représenter la Chine, Scott Bessent et Jamieson Greer continueront à représenter les États-Unis.
L’atmosphère entre les deux puissances mondiales semble à la détente, si l’on en croit les déclarations officielles de chacune. Selon celles de Scott Bessent à la presse à Genève, « les deux pays ont très bien défendu leurs intérêts nationaux », le secrétaire d’État au Trésor ajoutant que « nous avons tous deux intérêt à ce que le commerce soit équilibré, et les États-Unis continueront d’œuvrer en ce sens ». Selon lui, même la question sensible du fentanyl – dont la Chine est le premier exportateur mondial de précurseurs vers les États-Unis-, qui envenime les relations sino-américaines depuis quelques années, a été abordée à Genève : « Nous avons eu une discussion très animée et productive sur les avancées concernant le fentanyl », selon Scott Bessent.
De son côté, le ministère chinois du Commerce a salué des « progrès substantiels », estimant que les baisses tarifaires sont « dans l’intérêt commun du monde ». Et d’espérer que les États-Unis continueront à coopérer « afin de corriger en profondeur cette mauvaise pratique consistant à imposer des hausses unilatérales de droits de douane ».
La directrice générale de l’OMC, Ngozi Okonjo-Iweala, dont le siège est à Genève, à déclaré prudemment que « ces discussions marquent un pas en avant significatif et, nous l’espérons, sont de bon augure pour l’avenir ». Car en effet, si cette trêve est bienvenue, ce n’est qu’une trêve qui ne met pas fin aux incertitudes qui plombent le climat des affaires et déstabilisent les acteurs des supply chain au niveau mondial depuis bientôt 4 mois.
A suivre…
C.G