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Faire des offres en renminbis aux Chinois : c’est le moment d’y penser

Des banques chinoises s’installent à Paris. Les établissements français commencent à en faire une promotion active : le renmimbi yuan (RMB CNY) s’invite dans les échanges commerciaux internationaux. Plus vite qu’elles ne le pensent, les entreprises françaises devront s’y mettre.

Fin 2011, le montant des transactions commerciales internationales libellées en renminbis (RMB) a atteint 2 580 milliards (environ 410 milliards de dollars), selon la People’s Bank of China (PBC), la banque centrale chinoise. Au premier trimestre 2012, elles atteignaient déjà 581 milliards, soit une augmentation de 61 % par rapport à la même période de 2011 ! Depuis mi-2009, l’utilisation du RMB dans les échanges commerciaux de la Chine, premier exportateur mondial, augmente graduellement, suivant pas à pas le chemin tracé par les autorités chinoises depuis qu’elles ont décidé d’internationaliser leur monnaie.

Pour les paiements dans le cadre de contrats commerciaux internationaux, la transition a été conduite dans le cadre d’un programme pilote, le RMB Cross Border Settlement, qui a subi des extensions successives. Pour être étendu aujourd’hui à toute la Chine et aux entreprises du monde entier (voir « Dates clés » dans le dossier). Depuis cette année, les entreprises exportatrices chinoises peuvent facturer en RMB et conserver leurs recettes en devises. « En 2011, déjà près de 10 % des échanges commerciaux transfrontières de la Chine étaient libellés en renminbis yuans, ce qui illustre l’importance croissante de cette devise, confirme Thierry Roehm, directeur du trade finance, biens de consommation et d’équipement à la Société Générale. Les assouplissements intervenus cette année ont encore accéléré cette libéralisation même si près de 80 % des flux internationaux de la Chine demeurent libellés en USD. »

Hervé Solignac Lecomte, directeur international de HSBC France, est sur la même longueur d’onde. « En attendant la libéralisation complète du régime de change, prévue pour 2020, le groupe HSBC anticipe que le RMB sera la troisième monnaie mondiale d’ici 2015 et qu’à cette date, 50 % des flux chinois seront réglés en RMB. »
Début juin, pour la première fois, la Chine et le Japon, deux partenaires commerciaux majeurs, ont échangé en direct du yen et du RMB sans passer par le dollar sur les marchés de Shanghai et Tokyo. La suprématie du dollar américain (USD), qui était jusqu’à présent la devise pivot pour fixer un taux de change et convertir des RMB en d’autres devises, a subi un sérieux coup. D’autres grandes devises suivront le même chemin à terme : euro, livre sterling, dollar australien, dollar canadien, dollar de Hong Kong, ringgit malaisien, rouble russe…

Autant de signes qui montrent que la montée en puissance du RMB s’accélère. Aujourd’hui, si l’on peut parler d’une convertibilité sous contrôle strict, payer ou se faire payer, encaisser en RMB ne posent plus de problème majeur. Même si, en pratique, des contraintes administratives pèsent encore sur les donneurs d’ordres lorsque l’opération se déroule avec ou depuis la Chine continentale. Ouverture de compte en RMB à la Banque de Chine ou dans une banque étrangère à Paris ou ailleurs, transfert, moyen de paiement, couverture de change, tout est possible pour autant que la transaction se fasse dans le cadre d’un contrat d’achat ou de vente de biens et de services. « Nos plateformes de paiements et de change intégraient déjà le RMB depuis un certain temps mais elles sont désormais capables de traiter électroniquement du RMB contre six devises différentes alors qu’auparavant elles ne traitaient que le RMB/USD, indique Hervé Solignac Lecomte. Cela signifie que nous ne passons plus par le dollar pour traiter le change entre la monnaie chinoise et l’une de ces 6 devises : euro, livre sterling, dollar Hong Kong, dollar Singapour, dollar canadien et peso mexicain. »

Les autorités comme les banques chinoises commencent à faire une promotion active du RMB. Les entreprises chinoises aussi, qui y voient un moyen de réduire le risque de change et de reconstituer leurs marges érodées par les fluctuations du dollar et l’atonie de la demande sur les marchés occidentaux. Pas toujours avec succès : dans un article du 5 juin, le China Daily rapportait que des exportateurs chinois se désespéraient de voir leurs clients américains ou européens traîner des pieds : « Nous souhaitons utiliser le yuan dans les transactions commerciales avec les clients, déclarait Tang Lu, un directeur des ventes de l’industriel Hunan Xianfeng Ceramic Industry Co cité par le journal. Mais la majorité des acheteurs en Europe et aux États-Unis sont réticents à accepter les cotations de prix que nous faisons en yuans. »

En France, les banques commencent elles aussi à être proactives. Société Générale vient d’annoncer officiellement, dans un communiqué du 19 juin, une offre complète de produits en RMB : « Pour accompagner le développement des entreprises françaises en Chine, nous souhaitons proposer une première gamme de services la plus complète possible en regard des contraintes réglementaires : ouverture de compte, change spot et à terme, transferts, crédits documentaires et lettres de crédit stand-by, garanties », justifie Thierry Roehm.

L’engouement tarde côté entreprises. On attend notamment des mouvements de la part de la grande distribution qui source massivement en Chine et en Asie. « Actuellement, les demandes émanent en majorité d’importateurs français », constate Thierry Roehm. HSBC France a, pour sa part, commencé à traiter des paiements par crédit documentaire en RMB dès la mi-2011 : « Nous en avons fait quelques dizaines, plutôt dans le sens import, avec des fournisseurs chinois de plus petite taille », indique Hervé Solignac Lecomte. Ce dernier, comme ses collègues, aimerait voir plus d’intérêt de la part des entreprises françaises. « Nous recommandons à nos clients d’en parler dès maintenant avec leurs partenaires chinois, car il s’agit d’une opportunité de négociation commerciale, soit, en tant qu’importateurs, auprès de leurs fournisseurs soit en tant qu’exportateurs, auprès de leurs clients. À titre d’exemple, Tesco, au Royaume-Uni, fait déjà des achats en RMB. Des enseignes françaises de la grande distribution y réfléchissent, à l’instar de Conforama. »

Christine Gilguy

Renminbi ou yuan ?
Renminbi (RMB) signifie « monnaie du peuple ». C’est la monnaie nationale de la République populaire de Chine, la monnaie réelle. Le yuan (CNY) est une unité de compte. Dans les milieux d’affaires, on parle de RMB, de CNY, voire de RMB CNY, mais il s’agit bien de la même monnaie, émise par la People’s Bank of China, la Banque centrale chinoise.

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