Russes et Ukrainiens se sont retrouvés à Bruxelles le 7 septembre pour un nouveau round de pourparlers sous l’égide de la Commission européenne. Initiées l’an passé, ces discussions trilatérales visent à répondre aux préoccupations soulevées par Moscou quant aux conséquences potentielles, pour son économie, de l’accord de libre-échange (ALE) conclu entre l’Ukraine et l’Union européenne (UE). Mais les Ukrainiens ne semblent pas prêts à fléchir.
Les Russes s’inquiètent notamment de voir certains produits européens inonder leur marché une fois le traité en vigueur. « Ces craintes n’ont aucun fondement », a averti Pavlo Klimkin, le ministre ukrainien des Affaires étrangères, à l’issue de son entretien avec Cecilia Malmström, la commissaire européenne au Commerce et Alexei Ulyukayev, le ministre russe de l’Economie. « Moscou utilise ces discussions trilatérales pour freiner le développement des relations commerciales avec l’Ukraine », renchérit un haut fonctionnaire à Bruxelles.
Faute d’un accord d’ici au 1er janvier 2016, date prévue pour l’entrée en vigueur de l’ALE, Moscou menace d’imposer à l’Ukraine un embargo similaire à celui qui touche déjà les produits agricoles européens. Coût estimé pour Kiev : 1,5 milliard d’euros. La Russie estime, pour sa part, que le préjudice, pour son économie, se chiffrera à 100 milliards de roubles par an (1,3 milliard d’euros). Interrogé sur les chances d’arriver à un compromis sur la zone de libre-échange d’ici à la fin de l’année, le ministre russe a jugé qu’elles n’étaient « pas très élevées ».
La perspective de nouvelles restrictions commerciales – les exportations agricoles ukrainiennes vers la Russie ont déjà chuté de 76 % cette année – n’ébranle en rien la détermination de Kiev à poursuivre le processus engagé. « Le 1er janvier 2016 verra bien la mise en œuvre du pacte commercial. Nous ne remettrons pas en cause l’accord conclu avec l’UE », a confirmé Pavlo Klimkin. Le veille, la vice-ministre en charge de l’Économie et du commerce, Natalia Mykolska, avait déclaré que l’Ukraine se préparait à l’éventualité d’un embargo russe. « Nous poursuivrons les discussions », avait-elle affirmé, tout en cherchant des alternatives à la fermeture du marché russe « notamment en augmentant nos exportations à destination de l’UE ».
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
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