Alors que Cecilia Malmström, la commissaire au Commerce, annonçait début février l’accélération des pourparlers de libre-échange avec le Mexique*, un de ses collègues à la tête de l’exécutif européen appelait à la relance d’autres négociations gelées depuis plusieurs décennies. En visite à Ryad la semaine passée, après s’être rendu aux Emirats arabes unis, le vice-président de la Commission européenne, Jyrki Katainen, a appelé les six monarchies du Golfe membres du Conseil de coopération du Golfe ( CCG) – Qatar, Koweït, Oman, Bahreïn, Arabie saoudite, Emirats arabes unis – à reprendre les discussions pour un accord de libre-échange.
Selon l’ancien Premier ministre finlandais, en charge du portefeuille de l’Emploi et de l’investissement à la Commission à Bruxelles, le contexte est désormais plus propice « avec un élan politique » favorable à ces négociations, a-t-il déclaré à l’issue d’un entretien avec des responsables saoudiens. « C’est assez intéressant de voir que les autorités ici et aux Emirats conviennent que la situation politique est relativement inquiétante » a ajouté le commissaire européen.
Le quatrième marché d’exportation pour l’Europe
Une fois encore, c’est le « protectionnisme grandissant » de Donald Trump qui est à l’origine de cette volonté de rapprochement. Mais pour l’autre bloc, il y a aussi la nécessité pour les pays du Golfe de se moderniser et de diversifier leurs économies.
« Les Etats du CCG représentent le quatrième marché d’exportation pour l’Europe, pour une valeur de 116 milliards d’euros en 2015 », explique-t-on à la Commission à Bruxelles. Les principaux biens exportés vers le bloc sont des produits industriels (91,4 %), des machines et équipements de transport (49,1 %) ou des produits chimiques (11,2 %). L’UE est le premier marché d’exportation pour les Etats du CCG – principalement des hydrocarbures, des produits miniers (68,9 %) et des produits chimiques (11,4 %) – avant la Chine, le Japon et l’Inde.
Déjà regroupés au sein d’une union douanière, ils coopèrent étroitement avec l’UE dans les sphères du commerce, de l’investissement, du changement climatique ou de l’énergie.
Lancées en 1990, les négociations de libre-échange ont été suspendues en 2008 par le CCG, essentiellement pour deux raisons : l’insistance des Européens à inclure dans le pacte commercial un volet sur les droits de l’homme ; et l’opposition des six monarchies du bloc au maintien du niveau élevé des taxes sur les importations de produits pétroliers en Europe. Reste à savoir si ^des compromis seront possibles…
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
-Lire notamment au sommaire de la Lettre confidentielle aujourd’hui : UE / Etats-Unis : l’Europe doit « mettre un terme officiel aux négociations transatlantiques » selon M. Fekl