Le Moci. Quels sont les atouts du mécanisme du parrainage ?
Bruno Durieux. Le parrainage est une tâche difficile, souvent longue à porter ses fruits. Elle est pourtant très souvent, si elle est bien conduite, à l’origine de l’augmentation du nombre de PME exportatrices et un maillon nécessaire, voire essentiel, de la démarche globale de leur mobilisation.
Il ne s’agit pas d’une solution miracle. La réponse à la question de savoir s’il est indispensable pour vendre ou s’implanter à l’étranger dépend, comme souvent, de nombreux paramètres : taille de l’entreprise, degré de maturation de son projet, motivation du chef d’entreprise, etc.
Le caractère bénévole du parrainage, l’expertise des CCEF tant sur le plan sectoriel que géographique et leur présence dans 146 pays constituent pour les entreprises parrainées une ressource et un atout tout à fait pertinents. Il s’agit au premier chef pour le parrain d’établir avec le chef d’entreprise un état des lieux, d’étudier son produit vis-à-vis de la concurrence, de l’aider à préparer son plan stratégique et, si nécessaire, de le diriger après identification d’un besoin, vers les appuis opérationnels et les aides financières disponibles auprès des autres partenaires de l’équipe de France de l’export (Ubifrance, Coface, Oséo).
Le parrainage peut revêtir plusieurs formes. Il peut s’agir soit d’un « parrainage conseil », qui se limite à des conseils ponctuels au chef d’entreprise relatifs à son activité export, soit d’un « parrainage sur projet structuré », concernant par exemple son développement sur un pays cible ou des informations spécifiques sur le plan économique, réglementaire, juridique, etc. Il n’y a pas de limite de durée à un parrainage, à partir du moment où le CCEF et le chef d’entreprise décident de maintenir un contact qui, le plus souvent, repose sur une étroite relation de confiance.
Le Moci. Quel bilan tirez-vous des actions de parrainage en 2009 ?
B.D. La leçon que nous avons tirée des opérations de parrainage 2009 a été d’inscrire cette activité au premier rang de nos priorités et de faire en sorte qu’elle soit généralisée dans tous nos comités régionaux dans les meilleurs délais.
Les CCEF parrainent actuellement environ 400 entreprises, ayant des projets de développement export dans la majorité des pays membres de l’Union européenne, de l’Amérique du Nord, et en Chine, au Brésil, au Mexique et dans l’Asean. La crise économique n’a pas vraiment « impacté » notre action de parrainage.
Un livre de témoignages d’entreprises parrainées sera présenté lors de l’assemblée générale du 18 juin prochain pour présenter la variété et les succès des actions d’accompagnement des CCEF. Ce recueil de témoignages de CCEF parrains et d’entreprises parrainées illustre notre volonté de faire du parrainage en France l’une des actions phares de notre institution. Nous envisageons d’ailleurs sur ce chantier de collaborer avec d’autres partenaires avec lesquels nous avons entrepris des alliances « de terrain » pour encore mieux répondre aux attentes des PME.
Le Moci. Quels sont les axes prioritaires des actions de parrainage initiées par les CCEF cette année ?
B.D. Il n’y a pas d’axes prioritaires à proprement parler. Notre souhait est de coller au terrain et, par exemple, d’utiliser le filtrage/repérage des entreprises pas encore tout à fait prêtes à franchir les frontières opéré par les CCI qui, dans la distribution des rôles des membres de l’équipe de France de l’export, sollicitent les CCEF pour aider ces entreprises à se doter de l’outillage opérationnel qui leur permettra, par la suite de participer, par exemple à des opérations organisées par Ubifrance.
Il nous semble en effet éminemment souhaitable de maintenir et de développer nos relations privilégiées avec nos partenaires de l’équipe de France de l’export (CCI, Coface, Ubifrance…), sources incontournables de notre vivier d’entreprises parrainées et d’actions « post-parrainage », en faisant valoir la complémentarité de nos actions, dans un esprit « d’équipe ». Une intensification des appuis de la part des sections des CCEF à l’étranger, avec la nomination d’un référant PME, afin d’assurer, en cas de besoin, un relais parrainage in situ, a été également organisé.
Propos recueillis par I. V.