Le Micromania Game Show 2009, le salon de référence du jeu vidéo en France, s´est déroulé le week-end dernier. Or, le jeu est loin d´être une activité culturelle mineure puisqu´il a représenté 51,4 milliards de dollars de ventes dans le monde en 2008. Selon le Syndicat National du Jeu Vidéo (SNJV), le marché des loisirs interactifs a dépassé la barre des trois milliards d´euros en 2008, alors que 25,4 millions de Français jouent aux jeux vidéo.
La France a une vraie antériorité historique puisqu´on y créé des jeux vidéos depuis le début des années 80, contre le milieu des années 90 en Corée du Sud. A côté de 130 PME qui conçoivent des programmes vidéoludiques, il y a une poignée de géants mondiaux comme Activision Blizzard (détenu à 56 % par Vivendi), Ubisoft, Infogrames/Atari, et Ankama.
Reste que la tendance est de plus en plus de réaliser la création hors de l´Hexagone. D´ailleurs Ubisoft, qui affirme avoir la seconde force de production interne de jeux vidéo dans le monde avec 4800 développeurs, possède 24 studios dans 17 pays. Ceux-ci sont particulièrement étoffés au Canada (avec un quatrième studio créé cette année à Toronto), en Chine, en Roumanie, et au Maroc (un campus Ubisoft a démarré à Casablanca).
Toujours à l´affût des nouvelles tendances, ce géant français va se lancer dans la bande dessinée et a racheté le studio Nadeo (jeux multijoueurs en ligne). Dans un monde ou les jeux blocksbusters coûtent entre 15 et 20 millions d´euros chacun, plus 10 millions de marketing, Ubisoft a pour concurrents les deux premiers du secteur : Activision Blizzard et Electronics Arts (qui possède 15,37 % d´Ubisoft). En attendant, la concurrence chinoise qui pour le moment se cantonne encore à son marché domestique.
Le tout dans un contexte morose puisque Ubisoft a annoncé que son objectif de chiffre d´affaires pour le premier semestre 2009 sera inférieur d´au moins 50 %. Alors que la crise explique cette baisse aux Etats-Unis (35 % des ventes), c´est sans doute l´absence de nouveautés durant la première moitié de l´année qui a bloqué le marché européen (48 % des ventes). Mais, à moyen terme, les éditeurs de jeux devraient retrouver des couleurs selon une étude de PricewaterhouseCoopers de juin dernier qui prévoit que le marché total du jeu atteindra 73,5 milliards de dollars en 2013.
Jean-François Tournoud