Plus on est compétitif mondialement et plus on peut garder des industries en France. Tel a été le mot d´ordre lors d´une conférence organisée le 15 décembre par le ministère de l´Economie, de l´Industrie et de l´Emploi, sur le thème « France industrielle, leadership mondial ».
Selon Frédéric Lemoine, représentant du groupe Wendel, actionnaire et investisseur professionnel, « le développement des entreprises françaises à l´étranger accompagne le développement en France ». Afin de stabiliser ce secteur et de développer l´emploi industriel en France, il faut innover, créer des pôles de compétitivité et faire des alliances, a expliqué Frédéric Lemoine. Jean-Paul Bernardini, managing partner chez Nixen Partners, filiale de Natixis, a soutenu pour sa part que « dès qu´il y a développement des entreprises en France, il y a implantation dans les pays émergents ». « Le chiffre d´affaires des PME et ETI françaises est constitué à plus de 40 % par l´export », a-t-il ajouté.
Jean-Paul Herteman, président du directoire de Safran, équipementier aéronautique, a déclaré que « l´on ne peut pas penser l´industrie en France sans exportation. L´avenir c´est l´export, pas l´hexagone ». La Chine représente 10 % de la flotte de Safran aujourd´hui, « elle en représentera 20 % demain ». Et pour ce faire, il faut conserver les centres de R&D et de décision dans le pays. Car même s´il les Chinois tentent de « copier nos technologies, ils ne les égalent pas ».
Pour Xavier Fontanet, président du conseil d´administration d´Essilor, spécialiste français des verres progressifs, « il ne faut pas avoir peur de la mondialisation » mais au contraire en prendre parti. Et de constater qu´il est « plus difficile de faire de l´argent en France qu´à l´étranger ». Pourtant Essilor, numéro un ou deux mondial selon les pays, tente de conserver son savoir-faire en France. Ils ont racheté des machines outils aux Allemands et aux Italiens afin de gagner en productivité.
Selon Jean-Pierre Sounillac, DRH de Faurecia, groupe français d’équipements automobiles et filiale de PSA, la France ne peut pas lutter contre les évolutions macroéconomiques, qui font que « le textile ne peut plus être produit chez nous ». Lui souhaite que l´on développe l´emploi industriel en France et en Europe afin de produire dans des pays « high cost ». « Il faut produire en France même pour l´export », comme l´atteste l´exemple du centre mondial des mécaniques de sièges, installé dans l´Orne à Caligny, qui « équipe un véhicule neuf sur cinq dans le monde ». D´après lui, la France « ne peut pas se battre face à la compétitivité des pays émergents mais face à celle des pays high cost d´Europe ». Autre exemple, celui de Saverglass, fabricant de bouteilles de luxe pour vins et spiritueux, qui détient ses quatre usines en France, emploie 2 000 personnes et exporte 50 % de sa production. Cette PME basée dans l´Oise dispose seulement de filiales commerciales à l´étranger.
Et pour répondre au défi industriel français, il faut « ré-industrialiser » le pays, qui souffre d´une désaffection des filières techniques et d´une perte de savoir-faire. L´exemple phare de ce retour de l´industrie en France est celui de la plateforme logistique de Châteauroux, qui sera développée avec la Chine pour 2016. L´ambition franco-chinoise est « d´ouvrir les portes du commerce avec l´Europe et le Maghreb », a témoigné Paulette Picard, présidente de la Chambre de commerce et d´industrie de l´Indre. Preuve que l´on peut conserver l´industrie en France et « en plus attirer les Chinois pour venir produire », soulignait-elle.
Alix Cauchoix