« La Chine est prête à travailler avec le Fonds européen d’investissement stratégique », a annoncé Li Keqiang, le Premier ministre chinois, à l’ouverture du sommet UE/Chine le 29 juin à Bruxelles. Le chef du gouvernement chinois, qui effectue cette semaine une visite officielle en France, a, en effet, commencé sa tournée européenne par cette importante étape bruxelloise.
L’intérêt de Pékin pour le Plan Juncker et son bras financier, le Fonds européen d’investissement stratégique/FEIS, n’est pas nouveau. « Il prend désormais un caractère plus officiel », soulignait une source à Bruxelles précisant que les pourparlers en ce sens s’étaient intensifiés depuis la décision d’une vingtaine de pays européens de contribuer à la mise en place de la nouvelle Banque asiatique d’investissement pour les infrastructures (Asian Infrastructure Investment Bank/AIIB), formellement lancée le 30 juin, à l’initiative de la Chine*.
A terme l’objectif serait de créer des synergies entre les deux projets phares portés par chaque bloc : le plan Juncker côté européen et l’initiative « une ceinture, une route », côté chinois. Dans une déclaration commune, publiée à l’issue du sommet, les dirigeants ont annoncé que les discussions en ce sens devraient se poursuivre dès le mois de septembre dans le cadre du dialogue économique et commercial de haut niveau « mécanisme clé pour gérer la coopération et la concurrence entre les deux économies ». L’idée de mettre en place un fonds commun d’investissement UE/Chine devra aussi être analysée, peut-on lire dans le communiqué.
« La complémentarité des deux plans est évidente », indiquait Li Keqiang, précisant que la Chine a besoin de marchés pour libérer sa capacité de production excédentaire, alors que l’UE est en quête d’investissements, notamment dans les infrastructures, pour relancer son économie stagnante.
Accélérer les négociations pour un accord sur les investissements
Autre objectif commun des deux blocs : accélérer les négociations, lancées en novembre 2013, pour conclure un accord sur l’investissement. Ce pacte bilatéral vise à faciliter l’accès des Européens aux marchés chinois, tout en confortant celui donné par l’UE aux investisseurs venus de Chine. Après six rounds de pourparlers, la priorité est d’aboutir « à une convergence sur le champ d’application de l’accord » d’ici à la fin 2015, précisent les dirigeants dans leur déclaration commune. Ils confirment également qu’un tel pacte pourrait déboucher « dans le plus long terme et une fois que les conditions seront réunies » sur un accord de libre-échange.
Les investissements chinois en Europe ont augmenté de 14 milliards d’euros l’an dernier par rapport à 2013, alors qu’il y a dix ans, ils étaient encore quasi inexistants. Les échanges bilatéraux ont, quant à eux, dépassé les 615 milliards de dollars. Et ce ne serait que le début, indiquent des statistiques récentes : le volume du commerce bilatéral pourrait dépasser les mille milliards de dollars d’ici 2020.
Kattalin Landaburu, à Bruxelles
*Dotée d’un capital de 100 milliards de dollars, elle doit être opérationnelle d’ici à décembre et contribuer à financer des infrastructures en Asie. Parmi les États non asiatiques, l’Allemagne est le principal contributeur (4,5 %), suivie de la France (3,4 %).