A l’occasion des dernière Journées Export Agro, Business France a révélé les premières tendances d’une étude multi-pays sur le e-commerce. Au Royaume-Uni, déjà pionnier du e-commerce alimentaire, les experts prévoient encore une montée en puissance dans les prochaines années. Avec, à la clé, des opportunités pour les exportateurs français.
Troisième pays du monde, premier en Europe où le-commerce alimentaire en ligne est le plus répandu… Les chiffres parlent d’eux-mêmes. « Le e-commerce alimentaire au Royaume-Uni est aujourd’hui une habitude ancrée. Ce pays a une pratique forte sur le sujet depuis plusieurs années », a ainsi expliqué Pauline Gauthier, cheffe du pôle Agrotech au Royaume-Uni pour Business France, à l’occasion des Journées Export Agro 2021.
Selon une étude diligentée par Business France sur une trentaine de pays, et non encore publiée, la vente en ligne au Royaume-Uni peut ainsi se prévaloir d’un taux de pénétration très important dans le chiffre d’affaires alimentaire total : 7 % pour l’alimentation, 10 % pour le vin, des pourcentages parmi les plus élevés au monde. « Les Britanniques sont très dépendants d’internet. Ils regardent leur portable toutes les 10 minutes en moyenne » a précisé l’experte.
Et la tendance ne semble pas à la baisse, ni même à la stabilisation. « Les experts parient sur une progression du chiffre d’affaires du e-commerce alimentaire d’encore 25 % d’ici à 2024. La crise sanitaire actuelle a amplifié le phénomène avec un élargissement profond du profil des e-shoppers. Cette accélération offre des opportunités intéressantes aux entreprises françaises : la moitié des nouveaux acheteurs en ligne affirment qu’ils poursuivront leurs achats sur le web après la crise ».
Un marché mature, concentré mais porteur pour les entreprises françaises
Très dépendant des importations pour sa consommation alimentaire, le Royaume-Uni est déjà le troisième client des entreprises agroalimentaires françaises.
« Les Britanniques ont une forte appétence pour les produits français. La France est une destination touristique de premier ordre et ils aiment retrouver chez eux ce qu’ils ont apprécié lors de leurs séjours en France. Ils sont très friands des IGP [Indications géographiques protégées], des spécialités régionales, des labels, etc. », a précisé l’experte de Business France.
Le marché est déjà très mature, ultra-concurrentiel, mais il peut encore accueillir de nouveaux entrants. Notamment sur les produits gourmets pour lesquels la France est le 3e fournisseur du Royaume-Uni avec des perspectives intéressantes sur le bio, le naturel, le snack, les plats préparés et l’authentique.
Sur les fruits et légumes, là-encore, des niches peuvent s’ouvrir, en particulier sur le bio pour lequel les producteurs britanniques locaux sont très loin de pouvoir satisfaire la demande, mais aussi le prêt-à-consommer, le snacking, les légumes et fruits pré-préparés. Rappelons que le Royaume-Uni importe plus de 85 % de sa consommation de certains fruits et légumes.
Du potentiel existe aussi pour la viande, la charcuterie (le pays est le troisième client de la France pour les saucisses et saucissons) et les produits laitiers, plus spécialement pour des produits innovants (pouvoir nutritif augmenté, substituts de lait animal, faible taux de sucre etc).
2500 sites e-commerce au Royaume-Uni
Toujours selon Pauline Gauthier, plus de 2 500 sites de e-commerce alimentaire sont présents sur le pays : les enseignes traditionnelles proposant principalement du « store picking », les pure players en très forte hausse, les enseignes spécialisées et les market places [places de marché].
« Mais attention, oui le nombre de sites est très important mais en réalité, le marché est très concentré puisque les quatre principales enseignes (Ocado, Tesco, Sainsbury’s et Asda) pèsent pour 82,5 % du chiffre d’affaires du e-commerce alimentaire. Il faut donc être prêt, dans la plupart des cas, à faire de la MDD » [marque de distributeur].
Il existe plusieurs chemins pour accéder jusqu’à elles : pour les PME, le plus adapté pour atteindre les enseignes traditionnelles est sans doute de passer par des importateurs ou des distributeurs. Idem pour les pure players. Pour des commandes de petits volumes, il est envisageable de commercer en direct avec les places de marché.
Stéphanie Gallo