Le fonds Eiffel Transition Infrastructure vient de créer une joint-venture stratégique avec le producteur d’énergie solaire polonais R.Power afin de développer le marché roumain, où les énergies renouvelables sont actuellement en plein essor.
Un gigawatt crête (GWp) de puissance installée : tel est l’objectif de cette coentreprise lancée par l’énergéticien polonais et le fonds français également présent dans la santé, le digital et l’agroalimentaire. R.Power apporte un portefeuille d’une cinquantaine de projets photovoltaïques dont Eiffel assurera le financement.
Il s’agit de la troisième opération de financement en fonds propres d’Eiffel via son véhicule d’investissement Eiffel Transition Infrastructure, lancé en nombre 2022. Au total, les deux partenaires devraient investir 26,5 millions d’euros dans des installations capables de fournir quelque 500 000 foyers roumains en énergie renouvelable et d’éviter les émissions de 420 000 tonnes de CO² par an.
R.Power tisse sa toile
Présent en Pologne et en Roumanie, mais aussi au Portugal, en Espagne et en Allemagne, R.Power couvre l’ensemble de la chaîne de valeur de l’énergie solaire, y compris la conception et la construction de centrales photovoltaïques, leur entretien et la production d’énergie. Son portefeuille actuel représente 18 GWp.
Depuis le début de la guerre en Ukraine et de la crise énergétique qui en a résulté les projets de productions d’énergie renouvelable partout en Europe et en particulier dans les pays de l’Est dont les entreprises n’hésitent pas à franchir les frontières.
En avril dernier, Eiffel a ainsi lancé une autre joint-venture avec le lituanien Green Genius pour développer des projets photovoltaïques en Italie où il dispose d’un portefeuille de projets dans l’énergie solaire totalisant 500 MW, principalement en Sardaigne et dans les Pouilles.
Investissements tous azimuts
En Roumanie, les énergies renouvelables et en particulier le photovoltaïque sont en plein essor. Le pays dispose en effet en moyenne de 210 jours d’ensoleillement par an et les sécheresses de ces dernières années ont limité les capacités hydroélectriques qui fournissent 30 % de la production totale d’énergie. Dans ce contexte, la Roumanie met les bouchées doubles pour développer le solaire.
Dans la foulée de la pandémie de Covid-19, le plan de relance national a dédié 1,6 milliard d’euros au secteur de l’énergie dont 460 millions d’euros (M EUR) pour la production d’EnR, 300 M EUR pour la cogénération à haut rendement et 200 M EUR pour la production de batteries de panneaux solaires.
En juin 2022, la Roumanie a par ailleurs modifié son droit foncier afin de développer les projets d’EnR sur les terres agricoles ouvrant la voie à la construction d’éoliennes, de centrales à biomasse ou photovoltaïques.
Le marché roumain croît de 9 % par an
Cette tendance aiguise les appétits. En 2021, la société autrichienne de capital-investissement Core Value Capital a annoncé des investissements à hauteur de 800 millions d’euros au cours des sept prochaines années dans de nouveaux parcs photovoltaïques, pour une capacité totale de 1 GW.
Les énergéticiens étrangers ne sont pas en reste et participent activement à cette transition. Ainsi, en mai 2022, les filiales roumaines d’Engie et Saint-Gobain ont annoncé la signature d’un partenariat pour construire le plus grand parc photovoltaïque du pays (140 000 m2, 15 000 panneaux solaires) à Călărași, près de la frontière bulgare.
Rezolv Energy, entreprise tchèque filiale du fonds d’investissement britannique Actis, a acquis les droits auprès du groupe suédois Monsson, pour investir dans 1,6 million de nouveaux panneaux solaires d’une capacité de plus de 1 GW et qui permettraient d’alimenter plus de 370 000 foyers. Ce gigantesque parc photovoltaïque, qui doit être mis en service en 2025, serait le plus grand d’Europe.
En plein envol, le marché du photovoltaïque devrait voir son taux de croissance bondir de 9 % par an entre 2022 et 2027, selon Mordor Intelligence.
Sophie Creusillet
