Le Brésil nous réserve toujours des surprises. La dernière en date, le retour de Luiz Inacio Lula Da Silva au pouvoir – le nouveau président élu d’une courte tête le 30 octobre prendra officiellement ses fonctions en janvier 2023 –, introduit de nouvelles incertitudes quant aux orientations qu’il va prendre, même s’il a promis un retour à la « normalité ». Plusieurs raisons à ce retour : la mauvaise gestion de la crise sanitaire par le président populiste Jair Bolsonaro, au pouvoir depuis 2018, ainsi que les nombreux scandales au plus haut niveau du pouvoir et la dégradation de la situation socio-économique du pays, déjà en panne de croissance avant la Covid-19. Des évolutions qui ont terni son image et dégradé le climat des affaires.
Durant 4 ans, l’ancien président Bolsonaro a été mis au ban de la communauté internationale. Si l’on ajoute la note relativement élevée de risque de non-transfert (4/7 selon Credendo), on comprend que la plus grande prudence est fortement recommandée pour les transactions de montant significatif avec le Brésil. En risque commercial, l’assureur belge classe le Brésil F dans une classification allant de A à G, G étant la pire des notes.En matière de défaillances, l’année 2020 s’était terminée sur une baisse d’environ 28 %. 2021 s’est achevée sur une faible hausse, et ce sera la tendance pour 2022 et 2023. Notons qu’une modification de la loi sur les faillites est entrée en vigueur fin janvier 2021, paraissant majoritairement bien acceptée par les professionsjuridiques concernées.En réalité, le Brésil est considéré depuis des années comme l’un des BRICS (Brasil, Russia, India, China, South Africa) les plus prometteurs mais aussi l’un des plus décevants… Déjà en 1910, Clémenceau disait, au retour d’un voyage en Amérique latine : « Le Brésil est un pays d’avenir qui va le rester longtemps. » Il est vrai qu’il est toujours difficile d’y réaliser des affaires. Ce n’est pas innocent si dans les classements Doing Business de la Banque mondiale successifs, avant la suspension définitive de ce dernier, le Brésil se retrouvait au-delà des 100 premiers (sur 190), 109e pour le dernier. Comme le disait un entrepreneur français dans un article du magazine Challenges, « pour travailler au Brésil, il faut avoir les nerfs solides ». Parmi les reproches les plus fréquents : une administration envahissante et lourde, une fiscalité très complexe, véritable casse-tête, et des réformes annoncées dans ce domaine qui peinent à se concrétiser. Ajoutons aussi une grande insécurité dans les grandes villes.
La mauvaise santé économique du grand voisin, l’Argentine, qui a une fois de plus frôlé la faillite en 2021, a également un impact négatif. Les deux économies sont très imbriquées : quand l’Argentine s’enrhume, le Brésil tousse et vice versa.Ajoutons à ce tableau que l’on constatait ces dernières années une montée préoccupante des incidents de paiement, dus pour une majorité d’entre eux à un durcissement des conditions d’accès au crédit bancaire court terme. La plus grande vigilance s’impose donc dans les transactions commerciales, sinon le risque de retard de paiement est réel.
Concernant les retards de paiement, si comme on l’a vu plus haut, les autorités brésiliennes ont durci la réglementation pour inciter les entreprises à régler leurs factures dans les délais prévus aux contrats, il faut garder à l’esprit que beaucoup d’assureurs-crédits considèrent toujours le comportement payeur des entreprises brésiliennes comme sujet à caution. Une grande vigilance est donc requise. Ne pas hésiter à se rapprocher des milieux d’affaires français encore nombreux au Brésil (plus de 1 000 entreprises présentes localement) et de leurs relais institutionnels. Attention, enfin, au formalisme de la clause de réserve de propriété au Brésil :pour être efficace, elle doit être traduite en portugais et enregistrée. De manière générale, les contrats doivent être les plus rigoureux et les plus précis possible pour se protéger contre tout risque de contestation.