Poursuivre les privatisations, retenir le rapport qualité-prix plutôt que le prix le plus bas dans les marchés publics, mettre en place des mandats à durée déterminée et non renouvelables pour les présidents de l’autorité de la concurrence et des instances de réglementation sectorielle, créer une instance de réglementation indépendante dans la distribution d’eau et les services d’assainissement… Telles sont, en matière de concurrence, parmi les principales recommandations de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), dans sa toute récente étude économique de la Pologne 2014.
L’OCDE n’en salut pas moins des performances économiques « impressionnantes au cours de la dernière décennie » de la première puissance d’Europe centrale, l’OCDE note « un ralentissement brutal en 2012-2013 ». Après une hausse de 1,9 % en 2012, le produit intérieur brut (PIB) de la Pologne a augmenté de 1,6 % en 2013, d’après l’estimation préliminaire publiée en février par l’Office des Statistiques GUS.
Investissements : le recours à l’Etat et aux opérateurs étrangers
Même si il affiche certains retards en matière de réforme du cadre concurrentiel de son économie, le gouvernement semble pour sa part continuer à miser sur une orientation libérale qui lui a jusqu’à présent plutôt réussi au plan économique et financier.
S’agissant des privatisations, l’État, qui a engagé un vaste processus à partir de 2008, aurait engrangé 1,1 milliard d’euros en 2013, ce qui correspondrait à 87 % du plan annuel prévu, d’après le ministère du Trésor polonais, qui estime à 900 millions les recettes espérées cette année. Le vice-ministre Pawel Tamborski, selon le Service économique régional français à Varsovie, entend poursuivre la privatisation de la société PHN, spécialisée dans la gestion de biens immobiliers, et engager la vente de la centrale énergétique située à Chorzów et les cessions de quelques marchés de gros (Varsovie-Bronisze, Lublin, etc.).
Par ailleurs, Pawel Tamborski a souligné que la banque BGK (équivalent de la Caisse des Dépôts et Consignations) s’engagerait dans le programme d’investissement Inwestycje Polskie, d’un montant de 1,3 milliard d’euros, lancé par le gouvernement en 2013.
Parmi les projets cités par le vice-ministre, figurent une garantie d’un montant de 240 millions d’euros du groupe énergétique Tauron et un crédit équivalent pour soutenir les investissements énergétiques du groupe pétrolier Orlen (construction de deux centrales de cogénération à Wloclawek et à Plock). Sans compter que la BGK pourrait encore réserver 400 millions d’euros pour appuyer notamment « de nouveaux projets d’investissement dans le secteur de l’énergie et des infrastructures », a précisé Pawel Tamborski.
Ces engagements financiers s’ajouteraient aux investissements directs étrangers (IDE) qui sont importants en Pologne. Dans son rapport sur l’investissement dans le monde en 2013, la Conférence des Nations Unies pour le commerce et le développement (Cnuced) indique que les compagnies transnationales classent la Pologne à la 14e place des pays les plus attractifs pour la période 2013-2015.
Poussée des exportations
Les IDE, au demeurant, favorisent les exportations polonaises. D’après la base de données GTA/GTIS, entre janvier et novembre 2013, les livraisons à l’étranger de biens ont augmenté de 5,16 %, approchant ainsi 141 milliards d’euros, dont 25,11 % vers l’Allemagne. Quant aux importations, elles ont légèrement baissé, de 0,21 %, passant ainsi à 142,8 milliards d’euros, dont 26,29 % en provenance d’Allemagne (produits de la mécanique, voitures, matériel électrique…) et 12,06 % d’origine russe (à 74,2 % des hydrocarbures).
Cette année, les ventes à l’étranger, grâce aux IDE, devraient continuer à croître. Et, d’après un rapport de la société d’information de crédit et de services InfoCrédit commandité par la Chambre de commerce et d’industrie française en Pologne (CCIFP), les filiales polonaises des groupes internationaux vont continuer à contribuer à la croissance de l’économie.
Selon le ministre des Finances Mateusz Szczurek, le PIB devrait remonter à 2,5 % cette année. Ce qui n’empêche pas l’OCDE de s’inquiéter pour l’emploi. Le chômage en février touchait 14 % de la population active, soit 2,26 millions de Polonais. L’institution internationale met en cause « l’insuffisance de la concurrence sur les marchés de produits et les obstacles à la mobilité interne ». Elle recommande ainsi « d’étoffer les ressources des services publics à l’emploi », de « réduire l’aide sociale passive » et « d’encourager l’emploi féminin ».
François Pargny