Dans un contexte de polémique mondiale sur les conséquences du développement des biocarburants, le président de la Banque interaméricaine de développement (BID) , Luis Alberto Moreno, a publié fin juillet dans plusieurs grands quotidiens latino-américains un article expliquant pourquoi cette institution avait décidé de s´engager à fond dans la promotion des biocarburants en Amérique latine.
Luis Alberto Moreno fait la distinction entre « bons » et « mauvais » biocarburants. Il défend la production d´éthanol à partir de la canne à sucre en raison de son haut rendement énergétique dans les pays tropicaux disposant de réserves d´eau et de terres.
En revanche, selon lui, la production d´éthanol à partir de maïs ne se justifie pas en raison de son faible rendement énergétique et de la limitation des surfaces cultivées dans les pays à climat tempéré. En clair, le développement de l´éthanol est justifié au Brésil ou en Colombie ; il ne l´est pas dans les pays industrialisés.
De fait, la BID finance le développement des biocarburants au Brésil. Elle a approuvé le 23 juillet dernier un prêt de 269 millions de dollars pour la construction de trois nouvelles usines de fabrication d´éthanol dans ce pays. Le coût total de ces projets est estimé à un milliard de dollars.
Le Brésil, un cas à part
Le président de la BID reconnaît que “les biocarburants ne peuvent satisfaire qu´une petite partie des besoins mondiaux en énergie et que dans beaucoup d´endroits il ne s´agira pas d´une bonne option ». Mais il conclut que dans les pays qui disposent des conditions idéales pour leur production tout en respectant l´environnement, la production doit être appuyée. La BID y contribuera en Amérique latine. Que faut-il en penser ?
Le Brésil a lancé son programme d´éthanol il y a plus de trente ans, lors du premier choc pétrolier. Actuellement 90 % des voitures vendues sont équipées du moteur « flex » qui permet de fonctionner avec de l´alcool pur ou de l´essence. Six millions de véhicules, soit 23 % du parc, sont d´ores et déjà équipés.
En outre, le Brésil dispose d´une puissante industrie locale de l´éthanol et de terres encore vierges (hors Amazonie) pour développer ses surfaces cultivées. L´expérience brésilienne est une réussite, mais peut-elle pour autant être transposée ailleurs avec succès ?
Beaucoup d´experts estiment en fait qu´en matière de biocarburants le Brésil est un cas à part. Pour preuve, la production d´éthanol est très limitée en Amérique latine et seule la Colombie a réussi à développer une production d´éthanol significative (275 millions litres en 2007). Mais celle-ci est encore très faible par rapport à celle du Brésil : 26,7 milliards de litres devraient y être produits en 2008.
Daniel Solano