Le mandat de négociation de la Commission pour le
partenariat transatlantique était le sujet central des activités européennes
cette semaine, et notamment de la réunion des ministres européens du Commerce à
Dublin les 17 et 18 avril. Une occasion de voir à la manoeuvre les partisans d’un lancement rapide et les partisans d’un lancement sans précipitation des négociations.
L’Irlande, qui préside l’UE jusqu’à
fin juin, est très favorable à l’ouverture rapide de négociations et avait fait
les choses en grands. Aujourd’hui 18 avril, un déjeuner commun des ministres était
consacré aux négociations de libre-échange UE/Etats-Unis et, dans la foulée des travaux ministériels, la Confédération
irlandaise des entreprises (IBEC) était l’hôte d’une table ronde sur le
business transatlantique
L’intention de la Présidence irlandaise,
derrière ces deux événements, est de faire progresser les discussions
préliminaires au niveau européen, tant au plan des États membres que des
parties prenantes. Car pour être officiellement lancés, les pourparlers doivent
désormais obtenir l’aval du Congrès, côté américain, et celui des 27, côté
européen. Favorable à des relations
transtlantiques fortes, Dublin veut peser de tout son poids pour accélérer la
procédure. Son objectif ? L’ouverture formelle des négociations en juin
prochain, avant la fin de l’exercice de sa présidence de l’UE.
Nicole Bricq veut convaincre les parlementaires
Mais Paris, qui ne cache pas sa prudence depuis le début, pourrait
jouer les trouble-fête. La
France veut éviter la “précipitation” a rappelé le 16 avril Nicole Bricq, ministre française du Commerce extérieur, lors
d’une visite au Parlement européen (PE) à Strasbourg, juste avant de rejoindre
Dublin. « Je sais que la
Commission souhaiterait lancer les négociations de ce
partenariat transatlantique avant l’été mais toute précipitation dans cette
négociation nuirait aux intérêts européens », a -t-elle martelé. Fin mai, les
eurodéputés se prononceront en effet à leur tour sur la pertinence d’un tel
partenariat via une résolution rapportée par le président de la Commission du commerce
international, Vital Moreira (S&D, Portugal).
La position française a trouvé, au
PE, un écho plutôt favorable. A la tête d’une délégation parlementaire européenne,
Vital Moreira s’est rendu du 9 au 11 avril à Washington pour rencontrer des
membres du Congrès. « Ce que nous avons appris de Washington est qu’il n’y a
pas de lignes rouges de chaque côté. Alors que nous sommes conscients des
différences, le message que nous avons reçu est que le Congrès américain ne
veut pas mettre en évidence les obstacles spécifiques au futur accord
transatlantique » a rapporté, à son retour, Christian Ehler (PPE, allemand),
co-président du dialogue transatlantique des législateurs, également du voyage.
Alors qu’ils ne sont pas issus de la
même famille politique, Christian Ehler et Vital Moreira affichent néanmoins la
même prudence, rappelant les défis que devront relever les négociateurs. De
manière générale, l’ouverture du marché transatlantique nécessitera de
surmonter le manque de normes communes sur les marchandises, mais aussi
d’exiger des exploitants de services financiers des deux rives de l’Atlantique
de se conformer à des règles similaires, ont rappelé les deux élus.
Kattalin
Landaburu, à Bruxelles