Les performances économiques de la deuxième puissance d´Afrique sont solides avec une croissance soutenue, une réduction de l´inflation et des positions extérieures et fiscales renforcées. La croissance atteindrait un peu plus de 6% en 2008. Toutefois, l´insécurité, les fragilités politiques et institutionnelles, la corruption, le déficit électrique – avec une puissance installée qui stagne autour de 2 000 MW – et le manque d´infrastructures demeurent d´importants handicaps.
Le retournement de conjoncture pétrolière a retardé la présentation du budget 2009. Initialement, il se basait sur une croissance de 9,5% en 2009, avec des dépenses projetées à 2,68 trillions de nairas, dont 60 milliards affectés au secteur électrique. En outre, le pays renoue avec une inflation à deux chiffres (14% de septembre à septembre).
La production pétrolière se situe en dessous de ses capacités, avec une moyenne de 2 millions de b/j, en raison notamment de l´insécurité dans le delta du Niger où se multiplient les actes de sabotage et les enlèvements d´expatriés. Le Nigeria ambitionne toujours de produire 4 millions de b/j en 2010. Dans le domaine gazier où le pays détient des réserves prouvées de 5,2 milliards de m3, la volonté du gouvernement est d´imposer aux compagnies étrangères une augmentation des approvisionnements domestiques en gaz naturel liquéfié.
Si le secteur des hydrocarbures contribue toujours à plus de 80% aux recettes budgétaires, l´agriculture et les services font preuves d´un fort dynamisme. Un vaste programme de renouvellement des cacaoyers a été engagé avec l´ambition de porter la production à 600 000 tonnes en 2010 et d´accroître la transformation sur place.
Elle s´est élevée à 210 000 t en 2007-08. Une deuxième raffinerie de sucre, BUA Sugar Refiner, est entrée en activité en septembre avec une capacité de 720 000 t. En revanche, la production de coton s´est inscrite en baisse de 20% en 2007-08, à 240 000 t.
Le secteur financier croît rapidement avec la consolidation et la recapitalisation des banques, effectives depuis 2006. De 89 établissements, le système n´en compte plus que 25 dont la capitalisation boursière s´élevait à plus de 46 milliards de dollars à la mi-2008. Des banques solides qui soutiennent le développement du secteur privé et partent à la conquête de l´Afrique de l´Ouest. L´expansion de United Bank of Africa (UBA) sur le continent est révélatrice, Access Bank et Zenith Bank ont aussi une vision continentale. Parallèlement, la Bourse du Nigeria est très performante attirant les hedge funds et les investisseurs en capital-investissement d´Asie, d´Europe et des États-Unis. Le marché a néanmoins perdu environ un tiers de sa valeur depuis mars.
La croissance est également portée par un secteur des télécommunications en pleine expansion, avec le développement du cellulaire, représentant 13% du PIB. Et les perspectives de croissance sont réelles : moins de la moitié de la population dispose aujourd´hui d´une ligne téléphonique fixe.
Sur le plan politique, le président Yar´Adua, élu à l´issue d´un scrutin controversé, a eu des difficultés à asseoir son pouvoir, contribuant à un certain attentisme dans la mise en route des réformes et chez les investisseurs. En novembre, le chef de l´État a procédé à un vaste remaniement ministériel, limogeant 20 ministres. Remaniement qui avait été précédé d´importants changements avec la création d´un nouveau ministère pour la région du Delta du Niger et la scission du ministère de l´Énergie en deux portefeuilles distincts, Électricité et Hydrocarbures.
Bénédicte Châtel et Anne Guillaume-Gentil